Plusieurs études prépubliées décrivent la sécrétion aéroportée du coronavirus dans des microgouttelettes expulsées lorsque l'on respire. Peut-on réellement transmettre le Covid-19 rien qu'en respirant ?


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    Nous savons que le coronavirus SARS-CoV-2 se transmet par postillons émis lors d'un éternuement ou de la toux. Ces postillons contaminent notre environnement en se déposant sur nos objets, le virus peut alors survivre plusieurs jours suivant la nature de la surface. Si quelqu'un d'autre touche une surface contaminée et se frotte le nez, la bouche ou les yeuxyeux, il peut s'infecter à son tour. Le virus se transmet aussi par contact direct entre deux personnes, sans l'intermédiaire d'objets contaminés.

    Mais les virions infectieux peuvent-ils se retrouver dans les gouttelettes beaucoup plus petites, inférieures à 5 µm, que nous expulsons lors de la respiration ? Ces aérosolsaérosols restent en suspension bien plus longtemps dans l'airair et peuvent voyager sur des distances supérieures à un mètre.

    L'OMSOMS considère que le faisceau de preuves scientifiques n'est pas suffisant pour affirmer que le SARS-CoV-2 peut se transmettre de façon aéroportée. Pourtant, pour les scientifiques travaillant sur les aérosols, le coronavirus peut se transmettre par les aérosols. « Dans l'esprit des scientifiques travaillant sur ce sujet, il n'y a aucun doute que le virus se dissémine dans l'air. C'est une évidence », déclare Lidia Morawaska, une scientifique australienne spécialiste des aérosols, à Nature.

    Au-delà des convictions des scientifiques, que nous disent les recherches actuelles sur ce sujet ?

    De l’ARN du coronavirus aéroporté

    Durant le pic épidémique de Covid-19Covid-19 à Wuhan en Chine, un virologiste a effectué des prélèvements d'air dans et autour des hôpitaux qui prenaient en charge des patients Covid-19, ainsi que l'entrée de deux centres commerciaux fréquentés.

    Les résultats, prépubliés sur Biorxiv, indiquent que les chercheurs ont retrouvé le génomegénome ARNARN du SARS-CoV-2, mais aucune particule virale entière, dans plusieurs localisations testées, notamment les deux centres commerciaux. Ils notent tout de même dans la conclusion de leur article : « Nos résultats ont confirmé la transmission par aérosol comme une voie importante de contaminationcontamination des surfaces ».

    À l'autre bout du monde, dans l'État du Nebraska aux États-Unis, des scientifiques sont parvenus à la même conclusion. Ils ont retrouvé de l'ARN viral dans les deux tiers des prélèvements faits dans des chambres de quarantaine des hôpitaux accueillant des patients souffrant du Covid-19 et aussi dans le système de ventilationventilation. Mais pas de virions infectieux.

    Le coronavirus SARS-CoV-2 vu au microscope électronique. © Scripps
    Le coronavirus SARS-CoV-2 vu au microscope électronique. © Scripps

    Des données insuffisantes

    Dans son rapport scientifique le plus récent, l'OMS affirme que la présence d'ARN du coronavirus n'indique pas la présence d'un virus viable qui pourrait être transmissible et que ces recherches doivent être interprétées avec précaution.

    Si ces recherches ne suffisent pas pour affirmer que le virus peut se transmettre par l'air, elles ne permettent pas non plus de confirmer avec certitude qu'il ne le peut pas. Les données scientifiques manquent encore pour répondre à cette question. La voie de transmission principale du virus reste la contamination directe ou indirecte par des microgouttelettes, dont la taille peut atteindre un millimètre.

    Ces études sont intimement liées à l'épineuse question des masques. Les scientifiques chinois réaffirment que le port du masque est primordial pour toute la population, notamment pour limiter la transmission par les porteurs sains. Alors qu'en Asie, le port du masque chirurgical est courant lors de maladies respiratoires, plusieurs états européens ont déconseillé à la population d'en porter pour les réserver aux personnels soignants en contact rapproché avec les malades.