Plus beaucoup de personnes jugent possible un déconfinement le 1er décembre, comme annoncé par le gouvernement. Pour retomber en deçà des 5.000 cas quotidiens, il faut faire diminuer drastiquement le taux de reproduction, qui mesure le nombre de personnes contaminées par un patient. Guillaume Rozier, fondateur de Covid Tracker, a lancé un calculateur permettant d’estimer quand le seuil fatidique sera passé.


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    Dans son allocution du 28 octobre, Emmanuel Macron annonçait qu'il fallait passer à 5.000 contaminations par jour pour sortir du confinement, soit une division par huit par rapport au niveau actuel. Dès lors, la date du 1er décembre avancée par le Président semble irréaliste. « D'ici un mois, nous ne serons pas à 5.000 contaminations par jour. Je peux vous le dire d'emblée », tranchait  dès le 29 octobre Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, sur France Inter. Dans sa dernière note, le Conseil scientifique juge « qu'un retour de la circulation du virus à un niveau très contrôlé (5.000 à 8.000 nouvelles contaminations par jour maximum) serait possible en fin d'année ou en début d'année 2021 ».

    Un déconfinement possible entre le 10 et 30 décembre

    Afin d'y voir plus clair, le data scientistdata scientist Guillaume Rozier a mis au point un calculateur permettant de prédire la duréedurée de confinement en fonction du taux de reproduction effectif, noté Re, qui mesure le nombre de personnes contaminées par un malade. « Cette donnée est la principale variable permettant de faire retomber le nombre de cas », explique Guillaume Rozier, le fondateur du site Covid Tracker, un outil qui recense les données de l'épidémie depuis son apparition. « Lorsque le R retombe au-dessous de 1, l'épidémie régresse. Lors du premier confinement, on était ainsi tombé d'un R entre 4 ou 5 à un R de 0,7 en quelques semaines », estime-t-il. Il s'est ensuite stabilisé et il a fallu attendre plusieurs semaines avant que le nombre de cas redescende suffisamment. Aujourd'hui, on part heureusement de plus bas : le Re est estimé à 1,4. En appliquant la même dynamique que lors de la première vaguevague avec le calculateur, on arrive à une durée de confinement d'environ 11 semaines. Guillaume Rozier anticipe ainsi une date possible de déconfinement « entre le 10 et 30 décembre ».

    Redescendre à 5.000 cas par jour : de quoi parle-t-on ?

    Mais tout n'est pas si simple. Car le nombre de cas de départ est difficilement comparable. La politique de dépistagedépistage, bien moindre au printemps, ne recensait ainsi qu'une toute petite partie des cas réels, nuance Guillaume Rozier. « Aujourd'hui, on détecte environ 40 % des cas réels ». Alors que 35.000 à 50.000 nouveaux cas sont détectés chaque jour, Jean-François Delfraissy estime que ce chiffre se situe autour de 100.000 par jour. « Pour calculer le nombre de cas réels, on peut se baser sur le nombre de personnes hospitalisées, qui représente environ 5 % des cas positifs », indique Guillaume Rozier. Au 3 novembre, 3.311 nouvelles hospitalisations ont été enregistrées en France, ce qui nous donnerait 66.220 cas réels en appliquant ce ratio. À la fin du confinement le 11 mai, on comptait encore 523 nouvelles hospitalisations, soit 10.460 cas réels. En supposant qu'on détecte aujourd'hui officiellement 40 % des cas, le seuil des 5.000 cas revient à dire qu'il faut atteindre 12.500 cas aujourd'hui. « C'est donc à peu près l'équivalent », note Guillaume Rozier.

    Prévoir la dynamique de l’épidémie : encore un suspense sur l’efficacité des mesures

    Par rapport à mars dernier, on part cependant d'un point très différent. « La dynamique était plus explosive : le nombre d'hospitalisations doublait toutes les semaines, alors qu'il double tous les 17 jours actuellement », souligne Guillaume Rozier. Autre inconnue : personne ne peut prédire comment le taux de reproduction va évoluer dans les prochaines semaines. « On peut penser que la baisse du Re sera moins rapide parce que ce deuxième confinement n'est pas aussi strict, avec les écoles et lycées qui restent par exemple ouverts ». On en saura sans doute plus dans quelques semaines. « Lors de la première vague, les pics ont été atteints entre le 1er et le 10 avril, pour un confinement le 17 mars. Donc, il s'écoule deux à trois semaines entre les mesures et leurs effets ».