Le syndrome du cœur brisé, provoqué par un choc émotionnel intense, n’est pas toujours lié à un évènement triste : dans 4 % des cas, la cause serait une grande joie. Toutefois, dans l'étude parvenant à cette conclusion, aucun des « cœurs heureux » n'est décédé.

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    Des chercheurs, dont l'étude paraît dans le journal de la société européenne de cardiologie, The European Heart Journal, ont analysé les données concernant 485 patients de plusieurs pays diagnostiqués du « syndrome du cœur brisé » (une cardiomyopathie de stress), appelé aussi Takotsubo, ou TTS, survenu après un choc émotionnel. Ils ont constaté que certains d'entre eux l'avaient développé après un évènement heureux ou joyeux.

    Ils ont surnommé cette variante du cœur brisé, le « syndrome du cœur heureux ». Ces 485 cas d'origine émotionnelle établie ont été sélectionnés parmi 1.750 comme cas du syndrome Takotsubo pouvant être mortel. Pour les autres patients, l'évènement déclencheur était physiquephysique ou bien à la fois physique et émotionnel, ou non identifié.

    « Nous avons montré que les déclencheurs de TTS peuvent être plus variés qu'on ne le pensait [...]. La maladie peut être précédée par des émotions positives aussi », commente la docteure Jelena Ghadri, de l'hôpital universitaire de Eurich (Suisse), cosignataire de l'étude. Selon elle, les « cliniciens doivent être conscients » que « les patients qui arrivent dans le service d'urgence avec des signes de crise cardiaquecrise cardiaque, comme des douleurs thoraciques et une dyspnée (difficulté respiratoire), mais après une émotion ou un évènement heureux, peuvent aussi souffrir de TTS, tout autant qu'un patient se présentant après un évènement émotionnel négatif ».

    Le syndrome du cœur brisé, le Takotsubo (tako-tsubo signifiant piège à poulpepoulpe), qui a été repéré pour la première fois au Japon dans les années 1990, touche surtout les femmes après la ménopauseménopause. Dans la forme classique, le ventricule gauche (cavité cardiaque) prend une forme d'amphore, ressemblant à un piège à poulpe.

    D'après l'étude, chez 4 % des patients, le syndrome a été déclenché par un événement heureux. © Cathy Yeulet/Istock.com

    D'après l'étude, chez 4 % des patients, le syndrome a été déclenché par un événement heureux. © Cathy Yeulet/Istock.com

    Un syndrome plus fréquent chez les femmes après la ménopause

    D'après l'étude, chez 20 patients (soit 4 %), ce syndrome a été déclenché par un heureux ou joyeux évènement : fête d'anniversaire, mariage d'un fils, victoire de son équipe favorite de rugby ou encore naissance d'un petit-fils. La majorité des 465 cas (96 %) sont survenus après un évènement triste ou stressant comme la mort d'une épouse, d'un enfant ou d'un parent, un accidentaccident, des conflits personnels ou, dans un cas, après qu'un obèse s'est retrouvé coincé dans sa baignoirebaignoire.

    95 % des patients sont des femmes dans le groupe « cœur brisé » ou celui du « cœur heureux », avec respectivement un âge de 65 ans en moyenne et de 71 ans, confirmant que la majorité des TTS surviennent après la ménopause.

    Pour le docteur Christian Templin (cardiologuecardiologue, hôpital universitaire de Zurich), principal auteur de ce travail, d'autres recherches sont nécessaires pour comprendre les mécanismes exacts qui sous-tendent les deux variantes de « cœur brisé » et « cœur heureux » du TTS.

    Dans l'étude, aucun décès n'a été enregistré à l'hôpital parmi les « cœurs heureux » contre 1 % (5 sur 465) parmi les « cœurs brisés ».