Un antifongique utilisé pour traiter le pied d’athlète (le miconazole) et un corticostéroïde utilisé contre l’eczéma (le clobetasol) semblent inverser la sclérose en plaques chez la souris en fabriquant de la myéline. Deux pistes intéressantes pour lutter contre cette maladie neurologique.

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    La sclérose en plaques est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire s'attaque au système nerveux central. La gaine de myélinegaine de myéline, la couche protectrice qui enveloppe les fibres nerveusesfibres nerveuses, et les cellules qui la forment (oligodendrocytes) sont affectées. Les fibres nerveuses sont endommagées car le système nerveux central n'est pas capable de fabriquer de nouveau de la myéline. La maladie se manifeste par des pertes de l'équilibre, une mauvaise coordination, une faiblesse musculaire, des problèmes de mémoire et de concentration.

    Pour prévenir la dégénérescence neuronale, il faudrait pouvoir fabriquer à nouveau de la myéline en régénérant de nouveaux oligodendrocytes. Or, les traitements actuels de la sclérose en plaques ciblent surtout le système immunitaire. Les cellules progénitrices d'oligodendrocytes (ou OPCOPC pour oligodendrocyte progenitor cell, en anglais) sont des cellules souches du système nerveux central qui représentent la principale source d'oligodendrocytes capables de produire la myéline. Ces cellules sont abondantes dans les régions sans myéline des patients atteints de sclérose en plaques mais elles n'arrivent pas à se différencier. Elles sont donc une cible intéressante pour une intervention médicale.

    Dans une étude parue dans Nature, des chercheurs de la Case Western Reserve School of Medicine à Cleveland ont voulu trouver un moyen de favoriser la réparation de la myéline en ciblant ces cellules souches OPC. Ils ont cherché de nouvelles moléculesmolécules capables de stimuler les OPC pour favoriser la synthèse de myéline. Jusqu'à présent la recherche s'est plutôt orientée vers la greffe de cellules pour remplacer celles qui sont endommagées. Eux, souhaitaient arriver à une approche plus rapide et moins invasive en utilisant des médicaments permettant à l'organisme de se réparer par lui-même.

    La sclérose en plaques entraîne des invalidités. © John, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    La sclérose en plaques entraîne des invalidités. © John, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    Le miconazole et le clobetasol favorisent la myélinisation

    Pour trouver ces molécules capables de favoriser la formation de myéline, les chercheurs ont testé les effets de plus de 700 composés qui provenaient de la bibliothèque de médicaments du National Institute of Health's National Center for Advancing Translational Sciences (NCATS). Auparavant, il était difficile d'étudier les OPC car ces cellules étaient difficiles à isoler. L'équipe a cependant développé une technique qui lui permet d'obtenir de grandes quantités de cellules OPC humaines et murines.

    Les chercheurs ont ainsi identifié deux médicaments, le miconazole et le clobetasol, qui pouvaient stimuler les OPC pour produire de la myéline. Le miconazole est un antifongiqueantifongique couramment utilisé contre les infections de la peau, alors que le clobetasol est un corticostéroïdecorticostéroïde utilisé pour traiter l'eczéma. Les chercheurs ont ensuite injecté ces deux composés dans des modèles de souris utilisés pour la sclérose en plaques. Ils ont alors trouvé que les deux médicaments augmentaient le nombre de nouveaux oligodendrocytes et favorisaient la myélinisation. Les deux molécules ont aussi inversé la paralysie des souris qui pouvaient utiliser leurs pattes arrière.

    D'après les tests immunitaires réalisés, le miconazole fonctionne en favorisant directement la myélinisation et la réparation neuronale dans le cerveau, sans agir sur le système immunitaire. En revanche, le clobetasol a un effet immunosuppresseur. Les deux molécules favorisent la genèse d'oligodendrocytes à partir de cellules progénitrices OPC in vitroin vitro. Pour les auteurs, ces deux médicaments pourraient donc inverser les dommages du système nerveux central chez les patients atteints de sclérose en plaques. D'autres études sont toutefois nécessaires pour tester ces molécules dans le cadre d'essais cliniques.