Les cellules tumorales, qui se divisent rapidement, ont de gros besoins en nutriments et peinent à les trouver. Une équipe britannique vient de découvrir comment elles s'adaptent à ce stress nutritionnel permanent. Ce mécanisme, bâti autour de la protéine EEF2K, pourrait devenir la cible de traitements qui feraient mourir de faim les cellules cancéreuses.

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    Image de microscopie électronique de cellules cancéreuses du pancréas. Ces cellules ont une multiplication rapide et ont élaboré une stratégie pour résister au stress nutritionnel. © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Image de microscopie électronique de cellules cancéreuses du pancréas. Ces cellules ont une multiplication rapide et ont élaboré une stratégie pour résister au stress nutritionnel. © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Des milliards de cellules travaillent de concert pour faire fonctionner le corps humain. Elles ne sont cependant pas éternelles, et finissent toujours par s'essouffler et mourir. Lorsque cela se produit, une autre cellule se dédouble rapidement pour remplacer celle qui manque, ce qui permet aux organes de rester constamment actifs au cours du temps. Chaque cellule est donc programmée pour se multiplier... et pour mourir. Cependant, lorsqu'elles sont agressées, les cellules sont parfois prises de folie et se multiplient à outrance, ce qui induit la formation d’une tumeur. Selon le centre international de recherche sur le cancer, 25 millions de personnes seraient atteintes d'un cancer et plus de 7 millions en mourraient chaque année dans le monde.

    La chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie sont les trois principaux moyens de lutte contre ces maladies. Malgré les progrès, ces méthodes tuent à la fois les cellules cancéreuses et les cellules saines, ce qui induit de nombreux effets secondaires. Les chercheurs de par le monde travaillent donc d'arrache-pied pour mettre au point de nouvelles techniques de soin plus ciblées. Un axe particulièrement prometteur repose sur l'étude du métabolisme des cellules cancéreuses. En effet, en devenant malignes, ces cellules adoptent un chemin différent des cellules saines. En identifiant des éléments spécifiques aux cellules tumorales, les scientifiques pourraient développer des thérapiesthérapies moins invasives.

    Une cellule cancéreuse de poumon au microscope électronique. Dans certaines conditions, l'ADN des cellules peut être endommagé, ce qui peut entraîner une différenciation en cellule cancéreuse. © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Une cellule cancéreuse de poumon au microscope électronique. Dans certaines conditions, l'ADN des cellules peut être endommagé, ce qui peut entraîner une différenciation en cellule cancéreuse. © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Cible pour tuer les tumeurs

    Les cellules cancéreuses ont des exigences nutritionnelles plus importantes que les autres. En effet, leur multiplication est rapide et nécessite un apport élevé en nutrimentsnutriments et en oxygène. Elles induisent donc la formation de petits vaisseaux sanguins qui leur apportent une partie de leurs besoins. Mais cela n'est pas suffisant, et les cellules cancéreuses sont affamées en permanence. Des chercheurs de l'université de Southampton au Royaume-Uni ont mis en évidence une stratégie mise en place par les cellules cancéreuses pour lutter contre ce stress nutritionnel. Ces résultats, publiés dans la revue Cell, pourraient conduire à l'élaboration d'un nouveau plan d'attaque contre le cancer.

    Au cours de cette étude, les auteurs ont identifié une protéineprotéine, appelée eukaryotic elongation factor-2 kinasekinase (EEF2K), qui s'active lorsque les nutriments viennent à manquer. Cette protéine bloque la synthèse de certaines voies cellulaires non essentielles, et permet aux cellules de survivre avec peu de nourriture. Les chercheurs ont également montré que les cellules cancéreuses étaient capables d'induire la synthèse de cette protéine. Cependant, alors qu'elle n'est pas essentielle à la survie des cellules saines, la protéine EEF2K est cruciale pour le développement des cellules cancéreuses.

    « En bloquant l'action de la protéine EEF2K, on pourrait tuer les cellules cancéreuses sans atteindre les autres », explique Chris Proud, l'un des participants à l'étude. Cette découverte prometteuse ouvre ainsi la voie vers l'élaboration de nouveaux traitements contre le cancer.