Comment le système immunitaire apprend-il à distinguer les bonnes bactéries parmi les hordes de micro-organismes lorsqu'elles colonisent l’appareil digestif du nouveau-né ? Une étude montre que les lymphocytes T effectuent cet apprentissage dans le thymus, là où ils terminent leur éducation. De quoi, peut-être, trouver de nouvelles armes contre les inflammations gastriques chroniques, comme la maladie de Crohn.

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    Les lymphocytes T constituent une population de globules blancs qui naissent dans le thymus. Ils inhibent l'action des lymphocytes tueurs, afin de maintenir l'homéostasie immunitaire et de protéger les bactéries intestinales. © NIAID, Wikipédia, DP

    Les lymphocytes T constituent une population de globules blancs qui naissent dans le thymus. Ils inhibent l'action des lymphocytes tueurs, afin de maintenir l'homéostasie immunitaire et de protéger les bactéries intestinales. © NIAID, Wikipédia, DP

    Le jour de sa naissance, chaque être humain est subitement confronté aux micro-organismes qui foisonnent dans l'environnement. Bactéries, virus et champignonschampignons vont alors coloniser le système digestif pour former le microbiote. Cet écosystèmeécosystème participe à la digestion et aide à lutter plus efficacement contre les infections alimentaires.

    Bien que favorable à la santé, cette flore microbienne n'en est pas moins étrangère. Depuis de nombreuses années, les scientifiques se demandent comment le système immunitaire différencie les bonnes bactéries des mauvaises. En l'absence d'un tel mécanisme, des inflammations chroniques de l'intestin, comme la maladie de Crohn, pourraient se développer.

    La maladie de Crohn est une pathologie inflammatoire intestinale chronique. Elle mène à des douleurs abdominales. © DR
     
    La maladie de Crohn est une pathologie inflammatoire intestinale chronique. Elle mène à des douleurs abdominales. © DR

    Des cellules immunitaires spécialisées, appelées lymphocytes T régulateurs, inhibent l'action de certains lymphocytes impliqués dans la destruction des corps étrangers. Les lymphocytes T régulateurs ont un rôle essentiel dans le maintien de l'homéostasiehoméostasie immunitaire et dans la préventionprévention de l'auto-immunité, qui correspond à une destruction des tissus de l'organisme. Des études récentes suggèrent qu'ils seraient également responsables de la tolérance vis-à-vis des micro-organismesmicro-organismes intestinaux. Une équipe américaine de la Georgia Regents University (États-Unis) vient de montrer que cette fonction s'établit dans le thymusthymus, là où se développent les lymphocytes T, d'où cette lettre pour les désigner, d'ailleurs. Ces travaux ont été publiés dans la revue Nature.

    Éducation des lymphocytes T régulateurs dans le thymus

    L'étude s'appuie sur une première observation montrant que des souris ne possédant pas de lymphocytes T régulateurs souffrent de colitescolites (inflammations du côloncôlon). Par contre, si ces souris reçoivent préalablement des lymphocytes T régulateurs provenant du thymus, elles ne développent pas de maladie.

    Les chercheurs se sont alors demandé où les lymphocytes T régulateurs étaient éduqués. Apprennent-ils à reconnaître les bactéries commensales dans le thymus, l'organe où ils finissent leur développement, ou bien dans le tube digestiftube digestif, quand ils commencent à travailler ? Pour répondre à cette question, les scientifiques ont mis en place une étude complexe leur permettant de comparer les proportions de lymphocytes T régulateurs éduqués dans les deux endroits. Cette expérience se base sur la détection des récepteurs de surface des cellules immunitaires. Leurs résultats montrent que même si certains lymphocytes apprennent à reconnaître le microbiotemicrobiote dans le tube digestif, la majorité le fait dans le thymus.

    Les lymphocytes T régulateurs font l'objet de nombreuses recherches. En effet, en contrôlant leur production, les chercheurs pourraient développer des traitements contre certaines maladies auto-immunes, comme la maladie de Crohnmaladie de Crohn. Leur manipulation permettrait d'éviter les rejets de greffesrejets de greffes.