À cinq mois, les petits garçons, comme les filles du même âge, manifestent davantage d’intérêt pour les poupées que pour les voitures. De quoi remettre en cause les cadeaux de Noël ?


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    Les camions, c'est pour les garçons. Les poupées, c'est pour les filles. Ces affirmations légèrement sexistes pourraient tomber à l'eau, au moins pour les premiers mois de la vie des bébés. En effet, une étude menée par Paola Escudero de l'université occidentale de Sydney a remis en cause ces schémas traditionnels.

    Le contexte : un monde bleu et rose

    Notre société est-elle vraiment équitable ? À priori non. Les origines ethniques ou sociales peuvent favoriser (ou au contraire désavantager) dans certains contextes un genre ou l'autre. Globalement, les schémas familiaux et professionnels restent le plus souvent de l'ordre du traditionnel. Les femmes réalisent toujours l'essentiel des tâches ménagères (alors que cela pourrait rendre les hommes heureux d'y participer) et n'occupent globalement pas les mêmes fonctions que leurs homologues masculins. La distinction commence même dès le plus jeune âge. Les petites filles reçoivent en cadeau des poupées et des costumes de princesse, alors que les garçons se voient offrir des camions et des Lego.

    Se pose alors aux scientifiques la question de savoir ce qui relève du naturel et ce qui tient du culturel. Vaste problème. Des études précédentes tendent à montrer qu'effectivement, dès six mois, les garçons préfèrent les jouets à roulette, alors que les filles demandent davantage à prendre soin d'un poupon. Une propension qui relèverait (du moins partiellement) de l'inné, si l'on en croit les résultats d'une recherche de 2008 menée chez le macaque. Les mâles testés préféraient intrinsèquement les voituresvoitures, tandis que les femelles avaient des goûts bien plus variables.

    Cependant, un article publié en 2013 dans le Journal of Experimental Child Psychology a jeté un peu le trouble. Il sous-entend que ces préférences ne seraient pas forcément observées dès la naissance...

    Les poupées, c'est aussi pour les garçons ! © RenataOS, Shutterstock
    Les poupées, c'est aussi pour les garçons ! © RenataOS, Shutterstock

    L’étude : les bébés préfèrent les visages du sexe opposé

    Paola Escudero et ses collègues ont recruté 24 garçons entre quatre et cinq mois, et autant de filles du même âge. Ils ont également fait participer 48 adultes des deux sexes à l'expérience. Le principe est simple et fréquemment utilisé dans les recherches menées sur les bébés : on suit leur regard en considérant que ce qui est épié le plus longtemps est préféré par les nouveau-nés.

    Ainsi, des photos de visages d'hommes, de femmes, de jouets, de poupées, de voitures et de fours ont été présentées à tous les participants. Qu'en est-til ressorti ?

    Tous les groupes manifestaient plus d'attention pour les visages réels, surtout pour ceux du sexe opposé (même chez les tout-petits). Quant aux objets, les poupées fascinaient davantage les bébés que les voitures, y compris chez les garçons. Pas de différence liée au genre dans la petite enfance, donc.

    L’œil extérieur : laissons les garçons jouer à la poupée

    Restera aux chercheurs à déterminer les raisons qui poussent les deux sexes à préférer spontanément un type de jouets plutôt qu'un autre. Trois pistes ont été avancées : un changement physiologique, les différences dans le développement cognitif et la pressionpression sociale.

    Quoi qu'il en soit, il ne faut en aucun cas faire des généralités : les garçons aussi ont le droit de vouloir une poupée, ou les filles un camion de pompier. Cela ne révèle aucun dysfonctionnement particulier : simplement un désir d'enfant facile à combler.