La science des rêves fascine. Néanmoins, la fonction des rêves est peu connue. Une équipe japonaise a mis au point une nouvelle méthode qui permettrait de décoder une partie de ce langage complexe. Cette étude pourrait aider à comprendre le rôle des rêves dans la physiologie humaine.

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    Pour certains, c'est un plaisir, pour d'autres, une obligation. Pour tous, dormir est un besoin : nous passons d'ailleurs près d'un tiers de notre vie au lit. Le sommeil joue en effet un rôle essentiel sur notre santé. Il nous permet de bien grandir, stimule nos défenses immunitaires et nous aide à récupérer physiquement et psychologiquement de nos journées. Mais que se passe-t-il dans notre tête lorsque nous dormons ? Cette question et en particulier celle concernant le domaine des rêves passionne de nombreux chercheurs de par le monde. Une équipe japonaise des ATR Computational Neuroscience Laboratories à Kyoto apporte quelques éléments de réponse. Son étude, publiée dans la revue Science, met en évidence une technologie permettant de décoder une partie de nos rêves.

    Le rêve est un des éléments les plus mystérieux du sommeil. Nous passons en moyenne plus d'une heure et demie à rêver chaque nuit, alors que notre corps est physiologiquement au repos. Au total, l'être humain passerait donc en moyenne plus de six ans de sa vie dans ses rêveries ! Pour les neurobiologistes, le rêve est une sorte de troisième état du cerveau, les deux autres étant l'éveil et le sommeil.

    Le cerveau humain est très complexe. De nombreuses fonctions sont encore à découvrir. Son rôle dans le fonctionnement des rêves est peu connu. © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le cerveau humain est très complexe. De nombreuses fonctions sont encore à découvrir. Son rôle dans le fonctionnement des rêves est peu connu. © Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Constantes physiologiques et récits de songes

    Au cours de leurs travaux, les chercheurs japonais ont étudié les rêves de trois individus. Leur activité cérébrale a été contrôlée via imagerie par résonance magnétique fonctionnelleimagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), et leur activité physiquephysique au cours du sommeil a été mesurée par polysomnographie. Cette technique consiste à enregistrer différentes variables physiologiques comme les rythmes respiratoire et cardiaque. 

    Pendant que les chercheurs effectuaient ces mesures, les trois patients ont dû se soumettre à une expérience en deux parties. Dans un premier temps, ils ont regardé un grand nombre d'images. Puis, juste après une courte période de sommeil léger, ils ont raconté leurs rêves. Cet exercice a été répété de très nombreuses fois. Pour donner un exemple simple, les patients pouvaient raconter leurs périodes de songes de cette façon : « j'ai vu une personne, puis j'ai caché une clé entre une chaise et un lit ». Cette description simpliste associe donc des faits à des images : personne, clé, chaise et lit.

    Technologie pour décoder les rêves

    L'équipe de recherche a ensuite comparé les mesures de l'activité cérébrale pendant la phase d'éveil où le patient visualise les images aux mesures de cette même activité lors de la phase de rêves. Résultat : lorsqu'un patient rêve d'un lit, son activité cérébrale correspond à celle obtenue lorsqu'il visualise un lit. De même, lorsqu'un patient rêve d'une chaise, son activité cérébrale se cale sur celle générée par la visualisation d'une chaise, et ainsi de suite. Selon Yukiyasu Kamitani, directeur de l'étude, « ces résultats montrent que pendant le sommeil et les rêves, l'activité cérébrale est la même que celle qui se produit en regardant des images ».

    Cette expérience est un premier pas dans la compréhension des mécanismes qui se cache derrière la science des rêves. Néanmoins, de nombreuses étapes restent à franchir avant de décrypter leurs fonctions.