La prégnénolone, une hormone produite par le cerveau, pourrait aider les accros au cannabis à se défaire de leur addiction. Dans une étude récente réalisée chez la souris, des chercheurs français ont montré que cette molécule pouvait inhiber le phénomène de dépendance. Ce travail ouvre la voie au développement de traitements contre les méfaits de cette drogue très appréciée des jeunes.

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    Loin d'être une drogue douce, le cannabis a des effets nocifs sur la santé de mieux en mieux reconnus. Tour à tour, les études ont montré qu'il altérait les facultés cérébrales, augmentait les risques d'apparition de troubles psychotiques et pouvait même conduire à la dépendance. Selon une étude de 2004, 10 % des consommateurs réguliers seraient accros à cette drogue. L'addiction au cannabis concernerait plus de 20 millions de personnes dans le monde et un peu plus d'un demi-million en France, d'après les estimations de l'Inserm.

    Le principe actif du cannabis, le tétrahydrocannabinol (THC), agit sur le cerveaucerveau par l'intermédiaire des récepteurs cannabinoïdescannabinoïdes CB1 situés sur les neuronesneurones. Leur stimulationstimulation induit la libération excessive de dopamine dans le cerveau, provoque une diminution des capacités de mémorisation ainsi qu'une démotivation et conduit progressivement à la dépendance. De nombreux scientifiques cherchent à identifier des moléculesmolécules qui pourraient contrer ces effets nocifs du cannabis. Cependant, malgré les recherches sur le sujet, il n'existe pas encore de médicament pour lutter contre cette addiction.

    Le THC se fixe sur les récepteurs cannabinoïdes CB1, dont voici la structure. La prégnénolone peut également se lier à ces récepteurs, ce qui inhibe certains des effets du THC, comme la libération excessive de dopamine impliquée dans la dépendance. © Vallée <em>et al.</em>, <em>Science</em>

    Le THC se fixe sur les récepteurs cannabinoïdes CB1, dont voici la structure. La prégnénolone peut également se lier à ces récepteurs, ce qui inhibe certains des effets du THC, comme la libération excessive de dopamine impliquée dans la dépendance. © Vallée et al., Science

    Bientôt un médicament contre la dépendance au cannabis ?

    Des chercheurs du Neurocentre Magendie à Bordeaux se sont penchés sur le problème. Dans une étude publiée dans la revue Science, ils se sont intéressés à la prégnénolone, une hormonehormone produite dans le cerveau et également capable de se fixer sur les récepteurs cannabinoïdes CB1. Pour tester l'effet de cette molécule sur l'addiction au cannabis, les scientifiques l'ont administrée à des souris consommatrices de cannabis. Leurs résultats sont encourageants. Ils ont en effet observé une forte diminution de la libération de dopaminedopamine dans le cerveau, considérée comme étant à la base des effets addictifs de cette drogue. En d'autres termes, la prégnénolone diminue le phénomène de dépendance au cannabis chez la souris.

    « La prégnénolone ne pourra pas être utilisée telle quelle comme médicament, car elle est mal absorbée et rapidement métabolisée par l'organisme », explique Pier Vincenzo Piazza, directeur de l'étude. Toutefois, selon lui, cette découverte ouvre la voie à la mise en place d'une thérapiethérapie contre la dépendance au cannabis. « Nous avons développé des dérivés de la prégnénolone qui sont stables et bien absorbés et qui pourront être utilisés comme médicament. Nous espérons bientôt commencer les essais cliniquesessais cliniques. »