Les larmes féminines contiendraient des substances biologiques, des phéromones, capables d’affecter l’appétit sexuel des hommes. L'inverse n'est pas exclu mais reste plus difficile à tester, les larmes d'hommes étant plus rares...

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    Les pleurs d'une femme ne seraient pas sexuellement attirants pour un homme. © Megyarsh, Flickr, CC by 2.0

    Les pleurs d'une femme ne seraient pas sexuellement attirants pour un homme. © Megyarsh, Flickr, CC by 2.0

    Les phéromones sont des moléculesmolécules biologiques synthétisées par un individu, capables de déclencher chez un congénère une modification de son comportement ou de sa physiologie. Elles sont bien connues chez les InsectesInsectes, notamment chez les plus sociaux comme les abeilles et les fourmis, mais les MammifèresMammifères aussi produisent et répondent à des phéromones, particulièrement celles associées à la reproduction. 

    Chez les êtres humains, qui sont pourtant des animaux, l'existence de telles molécules est encore discutée. Des données récentes ont toutefois montré que certains fluides corporels (comme la sueur) pouvaient engendrer des émotions particulières chez les personnes qui respiraient leur odeur. Mais les larmes, liquideliquide inodore, n'ont jamais été testées. Bien que la fonction du liquide lacrymal soit d'hydrater et d'éliminer les corps étrangers de la surface des yeux, des larmes peuvent être produites par l'Homme uniquement par émotion.

    Les larmes : de l’eau salée, rien de plus ?

    Celles-ci sont issues d'un processus mal connu, les pleurs, considérés comme spécifique à l'espèceespèce humaine. Si les pleurs envoient clairement un signal auditif et visuel à l'entourage, probablement destiné à alerter les congénères d'un danger, les larmes possèdent-elles elles-mêmes des propriétés chimiques alarmantes, à l'image des phéromones ? 

    En 2005, des chercheurs avaient pu démontrer la présence de phéromones sexuelles dans le liquide lacrymal des souris. Récemment, des scientifiques du Weizmann Institute of Science à Rehovot (Israël) ont alors tenté leur chance en analysant des larmes humaines. Placées devant un film triste (Le Champion, 1979, où un enfant pleure la mort de son père boxeur), des femmes émues ont recueilli leurs larmes dans des récipients. Quelques microlitres récoltés ont alors été présentés à des hommes pour déterminer l'effet biologique des larmes de femmes sur un individu de sexe masculin.

    Les images combinées des cerveaux, obtenues par IRM fonctionnelles, montrent que les zones impliquées dans l'olfaction (A-cortex piriforme et B-hippocampe) sont activées par la respiration de larmes (zone bleue). © <em>Science</em>

    Les images combinées des cerveaux, obtenues par IRM fonctionnelles, montrent que les zones impliquées dans l'olfaction (A-cortex piriforme et B-hippocampe) sont activées par la respiration de larmes (zone bleue). © Science

    Les hommes ont été incapables de distinguer des larmes d'une eau salée, indiquant bien qu'elles n'ont pas d'odeur, du moins pas de façon consciente. Pour déterminer tout effet inconscient des larmes sur le comportement des hommes, ceux-ci ont dû émettre des jugements sur des visages de femmes, tristes et heureux, projetés sur un écran, tout en ayant des larmes, ou de l'eau salée (contrôle), sous leur nez. Le test réalisé en double aveugle montre clairement que les hommes soumis à l'action des larmes féminines perçoivent aussi bien les émotions des visages, mais sont moins séduits par les femmes présentées.

    Diminution de la testostérone

    Lorsqu'il s'agit d'être eux-mêmes émus par un film triste, les hommes respirant les larmes ne semblent pas être davantage bouleversés que ceux qui respirent de l'eau salée, d'après leurs réponses aux questionnaires et les mesures physiologiques effectuées (température corporelle, rythme cardiaque, rythme respiratoire...). Par contre, une diminution a pu être constatée en ce qui concerne leur éveil sexuel : non seulement le taux de l'hormone mâle, la testostérone, était significativement plus bas, mais des images obtenues par imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMfIRMf) ont montré que la zone du cerveaucerveau connue pour être impliquée dans l'activité sexuelle était également moins active. Pour faire court, les larmes féminines diminuent l'appétit sexuel des hommes.

    L'intérêt biologique de ce phénomène est encore flou. « Nous ne pensons pas que le signal chimique dans les larmes soit unique aux femmes, précisent les auteurs de l'article paru dans Science. Nous pensons que les larmes des hommes et des enfants pourraient toutes contenir des signaux chimiques communs et spécifiques. » Toutefois, obtenir des larmes d'hommes grâce à la diffusiondiffusion d'un film est plus difficile. Les auteurs estiment que les expériences auraient nécessité un temps supplémentaire de quelques années, d'autant qu'ils ne travaillent qu'avec des larmes fraîches, mais ils espèrent et sont impatients d'y parvenir.