Les drogues trompent le cerveau en lui faisant croire qu’elles sont bénéfiques. Une étude récente montre que ce phénomène est associé à une diminution de la protéine GLT1, impliquée dans l’élimination du neurotransmetteur glutamate. L’utilisation d’antibiotiques améliorerait la production de cette protéine et diminuerait la dépendance à la cocaïne chez le rat.

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    La cocaïne provoque une euphorie et un sentiment de supériorité physique et intellectuelle. Ces effets peuvent cependant laisser place à de la tristesse et de l’anxiété. © Foxtongue, Flickr, cc by nc sa 2.0

    La cocaïne provoque une euphorie et un sentiment de supériorité physique et intellectuelle. Ces effets peuvent cependant laisser place à de la tristesse et de l’anxiété. © Foxtongue, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Le circuit cérébral de la récompense fournit aux individus la motivation nécessaire pour la réalisation des comportements indispensables à la survie de l'espèceespèce, comme la reproduction et la nutrition. En le stimulant, les drogues peuvent tromper le cerveau et lui faire croire que leur usage est bénéfique pour l'organisme. Ainsi commence l'addiction.

    Pour berner le circuit de la récompense, les psychotropes augmentent la quantité de la dopamine, un neurotransmetteur, c'est-à-dire une moléculemolécule qui fait passer le signal au sein de ce réseau neuronalréseau neuronal. Ils peuvent également moduler l'action du glutamateglutamate, qui est impliqué dans le dialogue entre le circuit de la récompense et d'autres régions du cerveau.

    Selon l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, 5 millions de Français auraient des difficultés psychologiques, professionnelles ou sociales à cause de l'alcool. Cette étude avance que des antibiotiques pourraient diminuer la dépendance à la cocaïne mais aussi à l'alcool. © Nicolas Nojarof, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Selon l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, 5 millions de Français auraient des difficultés psychologiques, professionnelles ou sociales à cause de l'alcool. Cette étude avance que des antibiotiques pourraient diminuer la dépendance à la cocaïne mais aussi à l'alcool. © Nicolas Nojarof, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Une nouvelle étude suggère que la protéineprotéine GLT1 (Glutamate Type I Transporter), impliquée dans l'élimination du neurotransmetteur glutamate, a un rôle clé dans la dépendance à la cocaïne. En utilisant un antibiotiqueantibiotique permettant d'augmenter la quantité de cette protéine dans le cerveau, une équipe de l'université de l'Indiana à Bloomington a pu limiter la consommation de cocaïne chez le rat. Ces résultats ont été publiés dans la revue Journal of Neuroscience.

    La prise d’antibiotique supprime l’envie de cocaïne

    Au cours de leurs travaux, les scientifiques ont utilisé des rats comme modèle animal d'addiction à la cocaïne. Pendant plusieurs heures, les rongeursrongeurs ont pu se fournir en cocaïne en appuyant sur un levier. Cette manipulation déclenchait en même temps un son et une lumièrelumière caractéristiques. Puis, les auteurs ont privé les rats de droguedrogue pendant plusieurs semaines. Au cours de cette période de sevrage, ils ont observé une diminution de la protéine GLT1 dans le noyau accumbensnoyau accumbens, une région cérébrale qui joue un rôle important dans le système de récompense. En déclenchant le son et la lumière autrefois associés à la prise de drogue, les auteurs ont pu induire une envie pressante des rats à consommer de la cocaïne.

    Pour pallier ce sentiment de dépendance, l'équipe a eu l'ingénieuse idée de donner aux animaux de la ceftriaxone, un antibiotique utilisé pour traiter des méningitesméningites, et connu pour augmenter la quantité de GLT1 dans le cerveau. Grâce à ce médicament, les chercheurs ont pu annuler le besoin de cocaïne chez le rat.

    De nombreuses études sont désormais nécessaires pour comprendre comment la cocaïne agit sur la protéine GLT1 et pour savoir si cet effet existe avec d'autres drogues. Si c'est le cas, cette protéine pourrait devenir une cible privilégiée dans le traitement des addictions. Des résultats préliminaires prometteurs montrent que la ceftriaxone aide à réduire la dépendance à l'alcool chez le rat.