Une étude réalisée à partir d’animations vidéo simples montre que les bébés développent de la sympathie envers une entité ou une tierce personne agressée. Ce sentiment se construirait donc beaucoup plus tôt qu’on ne le pensait.

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    La sympathie peut être définie comme le sentiment de bienveillance et de préoccupation envers autrui. Elle apparaît pendant l'enfance et joue un rôle essentiel dans le développement des relations sociales. Vers l'âge de trois ans, les jeunes enfants sont ainsi enclins à protéger une personne ou un animal agressé.

    À quel moment ce sentiment commence-t-il à se développer ? Certains scientifiques considèrent que les nouveau-nés, qui pleurent en réponse aux cris d’autres bébés, sont déjà capables de déceler la détresse. Cependant, la plupart des spécialistes pensent que c'est aux alentours de deux ans, l'âge où l'on découvre que l'on est une personne différente des autres, que la sympathiesympathie débute. Des chercheurs japonais de l'université technique de Toyohashi viennent de démontrer que cette émotion naissait beaucoup plus tôt. Dans leur étude, publiée dans la revue Plos One, ils révèlent que les petits de dix mois expriment déjà de la sympathie.


    Dans cette animation, les auteurs ont voulu tester le sentiment de sympathie chez des enfants de dix mois. La balle bleue représente l'agresseur et frappe le carré jaune à plusieurs reprises. © Yasuhiro Kanakogi et al.Plos One

    Pour leurs travaux, les auteurs ont utilisé une animation vidéo de 20 secondes censée mimer une relation conflictuelle simple. Au cours de la séquence, deux formes géométriques, une balle bleue et un carré jaune, se promènent sur un écran noir. La balle bleue, qui représente l'agresseur, frappe à plusieurs reprises le carré jaune qui se retrouve bloqué dans un coin à la fin du film.

    Les bébés préfèrent la victime

    Les chercheurs ont sélectionné 20 nourrissons de 10 mois environ, et leur ont projeté le film plusieurs fois sur un écran d’ordinateur individuel. Ils ont ensuite proposé aux bébés de choisir entre deux objets réels représentant les deux figures de la vidéo. Leurs résultats montrent que plus des trois quarts d'entre eux choisissent le carré jaune, c'est-à-dire qu'ils préfèrent la figure offensée plutôt que l'agresseur. Si le rôle des deux figures est inversé et que le carré jaune attaque la balle bleue, les bébés continuent de choisir la victime. En revanche, si aucune des formes géométriques ne se percutent, ils sélectionnent l'une ou l'autre sans préférence particulière.

    Pour confirmer ce résultat, les auteurs ont utilisé une autre animation dans laquelle une figure supplémentaire, un cylindre rouge, a été ajoutée. Cette forme neutre n'intervient pas dans la liaison antagonique entre le carré et la balle, et se contente d'évoluer sur l'écran. L'ajout du cylindre ne change pas la donne et confirme que les enfants sont plutôt pris d'affection pour la figure opprimée.

    Selon les auteurs, cette étude montre que les enfants de dix mois sont capables de reconnaître une expérience conflictuelle et de différencier l'élément qui attaque de celui qui est offensé. Ils feraient également preuve de sympathie envers la victime. Des études supplémentaires sont nécessaires pour vérifier ces conclusions, et pour comprendre les mécanismes cérébraux impliqués dans le développement des émotions de sympathie.