La décision de l’Allemagne d’interdire la culture du maïs génétiquement modifié et l’échec de l’UE de contraindre les pays réticents à l’accepter sur leur territoire pourraient entraîner le réajustement de la législation européenne.

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    Epis de maïs. Source : United States Department of Agriculture

    Epis de maïs. Source : United States Department of Agriculture

    Mardi 14 avril dernier, l'Allemagne basculait définitivement dans le camp des opposants au maïs génétiquement modifié, s'alignant ainsi sur la France, la Grèce, l'Autriche, la Hongrie et le Luxembourg. Cela, contre l'avis de la Commission européenne qui tente toujours de faire admettre la culture, contre l'avis de l'opinion publique.

    Cette décision, qui concerne essentiellement la variété Mon810 de la firme américaine Monsanto, « a été prise dans l'intérêt de l'environnement », affirme Ilse Aigner, ministre de l'AgricultureAgriculture et membre du parti conservateur bavarois. Elle se base sur deux expertises scientifiques démontrant que la semence de Mon810 présente un risque avéré pour certains insectesinsectes comme les coccinelles et les papillons entre autres, certains jouant un rôle essentiel dans l'équilibre biologique.

    En activant la clause de sauvegardesauvegarde dont les modalités d'usage ont été définies en janvier 2008 lors du Grenelle de l’Environnement, l'Allemagne s'aligne sur le camp des opposants aux OGMOGM, désormais majoritaires en Europe. A deux mois des élections européennes, le choix allemand met dans une situation délicate l'actuel président de la Commission, José Manuel Barroso, qui s'était impliqué personnellement pour une levée de la clause de sauvegarde contraignant les pays récalcitrants à accepter la culture de Mon810 sur leur sol, le seul OGM officiellement autorisé en Europe.

    Une décision européenne devra être prise à la fin 2009

    Stavros Dimas, commissaire européen en charge de l'Environnement, annonce que la Commission européenne va « réfléchir » sur le dossier pour prendre la bonne décision, tandis qu'un porteporte-parole de l'UE indique prudemment que Bruxelles se réservait d'accorder les « suites appropriées » sur la base de « données scientifiques adéquates ». On se dirigerait donc vers une bataille d'experts... dont la longueur pourrait bien arranger les partisans des OGM ainsi que Monsanto, sachant que l'autorisation de cette culture transgéniquetransgénique en Europe arrive à échéance fin 2009 et qu'une procédure de renouvellement pour dix nouvelles années est en cours.

    « Si la question devait être soumise à un vote au niveau européen, nous aurions un rejet c'est sûr, la tendance est au refus », a déclaré à l'AFP un membre de la Commission européenne sous le couvert de l'anonymat, estimant aussi qu'une modification de la législation pourrait être envisagée, car « celle-ci opère comme un pilote automatique et il faut lui redonner une direction ».