Le sommeil est indispensable pour se maintenir en forme. Dans une nouvelle étude, des chercheurs états-uniens ont mis en lumière le lien entre l’âge, le diabète et le manque de repos. De quoi inciter les seniors à ménager leurs nuits…

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    Le sommeil influence à peu près tous les aspects de la physiologie. Ces dernières années, les études ont tour à tour vanté ses louanges et ont montré qu'un manque de repos pouvait directement altérer le fonctionnement du cerveau et augmenter les risques de certaines maladies comme l'obésité et la maladie d'Alzheimer.

    Quand l'organisme manque de sommeil, les cellules sont en situation de stress et accumulent des protéines mal repliées. Pour faire face à ce problème, elles ont mis en place une réponse adaptée, appelée UPR (Unfolded Protein Response), ce qui leur permet de réparer ou d'éliminer les protéines nocives. En effet, lorsqu'elles s'accumulent, ces protéines deviennent toxiques et peuvent provoquer certaines maladies comme AlzheimerAlzheimer ou Parkinson.

    Cependant, avec le temps, la réponse UPR s'essouffle et devient de moins en moins performante. Il y a cinq ans environ, des chercheurs de l'université de Pennsylvanie (États-Unis) ont montré qu'elle ne marchait pas correctement chez les souris âgées. En d'autres termes, plus on vieillit et moins les conséquences du manque de sommeil sont prises en charge et réparées par les cellules. Cela pourrait expliquer pourquoi certaines pathologies neurodégénératives se développent préférentiellement à un âge avancé.

    Les personnes diabétiques doivent aujourd'hui mesurer leur glycémie à l'aide d'un glucomètre. Ainsi, ils s'injectent la dose adéquate d'insuline, de manière à retrouver des taux de sucre sains. Mais ce traitement quotidien doit être suivi toute la vie et devient donc très contraignant. Pourra-t-on limiter les risques en dormant mieux ? © Amanda Mills, CDC, DP
     
    Les personnes diabétiques doivent aujourd'hui mesurer leur glycémie à l'aide d'un glucomètre. Ainsi, ils s'injectent la dose adéquate d'insuline, de manière à retrouver des taux de sucre sains. Mais ce traitement quotidien doit être suivi toute la vie et devient donc très contraignant. Pourra-t-on limiter les risques en dormant mieux ? © Amanda Mills, CDC, DP

    Les cellules du pancréas ont besoin de dormir

    Mais le manque de sommeil n'affecte pas uniquement le cerveau. Dans une étude récente, publiée dans la revue Aging Cell, les scientifiques états-uniens se sont penchés sur l'effet d'un repos insuffisant sur le fonctionnement des cellules du pancréas. Ces dernières régulent la glycémie en produisant l'insuline, une hormonehormone peptidique qui contrôle le taux de sucresucre dans le sang. Chez les personnes atteintes de diabète de type 2, elles fonctionnent mal ce qui conduit à des hyperglycémies et peut altérer les nerfsnerfs et les vaisseaux sanguins.

    Des études précédentes ont suggéré un lien entre le mauvais fonctionnement des cellules du pancréas et un stressstress au niveau du réticulum endoplasmiqueréticulum endoplasmique (RE), un compartiment cellulaire où sont modifiées, repliées et transportées les protéines. Or, la réponse au stress au niveau du RE est en partie contrôlée par UPR. Ce résultat intriguant a amené les scientifiques à s'interroger sur le lien entre le développement du diabètediabète et le manque de repos.

    Vieillir sans dormir, un risque élevé de diabète

    Pour ce faire, les chercheurs ont examiné les cellules pancréatiques de quatre types de souris : jeunes ou vieilles et manquant ou non de sommeil. Leurs résultats montrent que, quel que soit leur âge, les animaux contiennent des protéines mal repliées dans leurs cellules. Cependant, cela ne les empêche pas de sécréter correctement de l'insulineinsuline et de contrôler leur taux de sucre dans le sang. En revanche, chez les rongeursrongeurs en carencecarence de sommeil, l'âge est un facteur crucial pour maintenir la glycémie. Chez les souris âgées en manque de repos, les auteurs ont observé une augmentation importante de CHOP, une protéine impliquée dans la mort cellulaire. Selon eux, cela reflète une faiblesse de la réponse contre le stress dû au défaut de sommeil chez les vieilles souris.

    « Nos données montrent que la combinaison de l'âge et du manque de sommeil altère le fonctionnement des cellules du pancréas et augmente le risque de diabète chez la souris », explique Nirinjini Naidoo, le principal auteur de ces travaux. Cette étude confirme les bénéfices du sommeil sur la physiologie et devrait inciter les individus, et plus particulièrement les personnes âgées, à le ménager le plus possible. Elle ouvre aussi la voie vers le développement de thérapiesthérapies visant à améliorer le repos pour limiter le risque de diabète.