Outre-Manche, l’autorité de contrôle compétente en matière de reproduction a donné son accord pour l’utilisation d’une technique controversée qui aidera des femmes porteuses d’une certaine maladie génétique à concevoir un enfant. Le « troisième parent » est la donneuse de mitochondries, organites cellulaires portant leur propre ADN. Les premières grossesses pourraient démarrer dès 2017.

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    Les mitochondries sont les usines énergétiques de la cellule. Héritées de la mère, elles contiennent une toute petite portion de l'ADN d'un individu, la plupart des gènes se trouvant dans le noyau. Pour que des couples porteurs de maladies génétiques mitochondriales puissent concevoir des enfants en bonne santé, des chercheurs ont mis au point une technique qui vise à utiliser les mitochondries d'une donneuse. Cela signifie que les bébés qui naîtraient à la suite de ce traitement posséderont de l'ADN provenant de trois personnes : les deux parents qui auront donné l'ADN chromosomique, et une troisième personne qui aura donné ses mitochondries.

    En février 2015, suite à un vote du parlement, le Royaume-Uni a été le premier pays au monde à légaliser cette technique. Mais, avant de se lancer dans les traitements, les médecins devaient encore attendre l'autorisation de l'autorité britannique pour l'embryologie et la fécondation humaine (HFEA). Celle-ci vient de donner son feufeu vert. Sally Cheshire, présidente de l'HFEA, a expliqué dans un communiqué : « La décision historique d'aujourd'hui signifie que les parents à très haut risque d'avoir un enfant avec une maladie mitochondriale mortelle pourraient bientôt avoir la chance d'avoir un enfant sain et apparenté génétiquement ».

    Le premier bébé attendu pour 2017 ?

    D'après le Daily Mail, les scientifiques de l'université de Newcastle, qui seraient pionniers dans ce traitement, affirment qu'ils disposent déjà d'une liste de femmes susceptibles d'en bénéficier. L'équipe pense traiter jusqu'à 25 femmes par an. Le système de santé britannique devrait consacrer la somme de huit millions de livres (9,5 millions d'euros) sur cinq années pour un essai cliniqueessai clinique sur le don de mitochondries.

    Le premier enfant issu de cette technique controversée est un garçon né en 2016 au Mexique. On ne sait pas si la technique est fiable à long terme et si les enfants, en grandissant, ne risquent pas de développer des maladies.


    En bref : les députés britanniques autorisent les bébés à deux mamans

    Article de Marie-Céline Jacquier paru le 5/02/2016

    Les députés britanniques se sont prononcés en faveur de la procréation médicalement assistéeprocréation médicalement assistée utilisant de l'ADN de deux femmes et d'un homme. C'est la première fois qu'un pays autorise cette technique qui permettrait d'éviter la transmission de maladies mitochondriales, mais pose aussi des questions techniques et éthiques.

    Mardi 3 février 2015, 382 députés du Parlement du Royaume-Uni contre 128 ont voté en faveur d'une technique qui permettra d'éviter la transmission de maladies héréditaires mitochondriales de la mère à l'enfant. Un autre vote doit intervenir à la Chambre des Lords pour valider cette décision. D'après les estimations, 150 bébés pourraient ainsi voir le jour chaque année.

    Les mitochondries sont des organitesorganites cellulaires qui convertissent l'énergieénergie des nutrimentsnutriments en énergie utilisable par la cellule. Elles possèdent leur propre ADN et se transmettent par la mère. Or des défauts mitochondriaux peuvent conduire à des problèmes au cerveaucerveau, au cœur ou provoquer la cécité. L'objectif de la méthode développée à l'université de Newcastle est d'aider des femmes porteuses d'une maladie mitochondriale à avoir un enfant en bonne santé.

    La technique consiste à réaliser une fécondation in vitro dans laquelle l'ADN du père et de la mère est combiné avec les mitochondries d'une donneuse. Le génomegénome du bébé obtenu contiendrait environ 0,1 % d'ADN provenant de la donneuse de mitochondries : en réalité, plutôt que de parler de bébé à « 3 parents », il serait plus approprié d'évoquer « 2,001 parents ». Si les partisans de cette technique assurent que c'est une bonne nouvelle pour le progrès médical, d'autres arguent qu'elle soulève encore beaucoup de questions éthiques et techniques. Par exemple, certains craignent une forme de  modification génétique visant à la sélection des enfants.