Les amoureux ne partagent pas que des sentiments, mais aussi des bactéries ! Des chercheurs ont montré que les couples qui s’embrassent plus de neuf fois par jour possèdent des communautés bactériennes orales similaires.

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    Le baiser, un échange de bactéries. © Michelle Ararat, flickr, cc by 2.0

    Le baiser, un échange de bactéries. © Michelle Ararat, flickr, cc by 2.0

    Si le baiser joue un rôle dans une relation amoureuse, on sait peu de choses sur ses conséquences pour la microflore buccale. C'est ce qu'ont voulu éclaircir des chercheurs néerlandais.

    Des microflores buccales similaires au sein des couples

    En juillet 2012, les scientifiques ont recruté 21 couples qui visitaient le zoo Artis à Amsterdam, soit 42 personnes âgées de 17 à 45 ans. Ils ont rempli des questionnaires sur leur comportement, comme la fréquence de leurs baisers intimes. Des échantillons de salive ont été prélevés pour étudier la composition de leur microbiote oral. Les résultats paraissent dans le journal Microbiome

    Les 10 genres de bactéries les plus représentées dans le microbiote oral étaient Streptococcus, Rothia, Neisseria, Gemella, Granulicatella, Haemophilus, Actinomyces, Veillonella, Porphyromonas et Fusobacterium, qui sont des bactéries normalement présentes dans la bouche. Les chercheurs ont observé que le microbiote de la surface dorsale de la langue est plus proche de celui de son partenaire que de celui d'autres individus. De plus, les résultats montrent que lorsque les couples s'embrassent fréquemment de manière intime leurs microbiotes salivaires deviennent similaires.

    Des bactéries probiotiques, comme _Lactobacillus acidophilus_, ont servi à un test pour quantifier le nombre de bactéries transférées dans un baiser. © Josef Reischig, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by sa 3.0

    Des bactéries probiotiques, comme _Lactobacillus acidophilus_, ont servi à un test pour quantifier le nombre de bactéries transférées dans un baiser. © Josef Reischig, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Des millions de bactéries dans un seul baiser

    Le microbiome représente l'ensemble des micro-organismes qui vivent dans notre organisme, entre autres ceux de la flore intestinale et de la bouche, mais aussi leurs génomes et leurs interactions environnementales. Ces micro-organismes comptent plus de cellules que l'organisme humain ! La composition de l'écosystèmeécosystème présent dans la bouche varie en fonction de différents facteurs : l'âge, la génétiquegénétique, l'alimentation, mais aussi les personnes avec lesquelles nous interagissons, car elles peuvent nous donner des bactéries... Oui, mais combien ?

    Pour le savoir, les chercheurs ont demandé à un membre du couple de boire 50 mL d'une boisson de yaourtyaourt probiotique, contenant des bactéries servant de marqueurs : L. rhamnosus GG, L. acidophilus LA5 et B. lactis BB12. Après 10 s, des échantillons de salive ont été récoltés chez la personne qui avait bu le yaourt. Puis le couple a dû à nouveau s'embrasser 10 s. De nouveaux échantillons ont été prélevés chez les deux partenaires. Résultat : les chercheurs ont calculé que 80 millions de bactéries étaient transférées au cours de ce baiser.

    Un baiser propre à l’espèce humaine

    Les micro-organismes du microbiomemicrobiome jouent des rôles importants dans notre santé : digestion des aliments, synthèse de nutrimentsnutriments, préventionprévention des maladies... Ils ne sont pas tous pathogènespathogènes ! Or le baiser intime est un comportement caractéristique de l'espèceespèce humaine, comme le rappelle Remco Kort, principal auteur de cet article, « un baiser intime impliquant un contact de toute la langue et un échange de salive apparaît comme un comportement de séduction unique à l'homme et sont courantes chez plus de 90 % des cultures connues ».

    Différentes hypothèses ont été émises pour expliquer le baiser humain : il permettrait de faciliter une relation intime certes, mais pourrait aussi créer un lien grâce à des informations chimiques présentes dans la salive, y compris celles provenant des activités bactériennes. Des informations sur la « qualité » du partenaire seraient ainsi transmises.