Les falaises d'Étretat sont sans doute inséparables d'Arsène Lupin pour un Français et celle de Douvres de l'Angleterre pour un anglais. Mais comment sont-elles nées ? La géologie et l'océanographie donnent des réponses.

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    Les falaises blanches de Douvres et d'Étretat étaient déjà célèbres à l'époque romaine. Mais il a fallu attendre le développement de la géologie à partir du XIXe siècle ainsi que ceux de l'océanographie pour que l'on commence à comprendre comment elles se sont formées et quand. On sait désormais que la craie qui les constitue en grande partie est le résultat du dépôt pendant des millions d'années de tests de forme sphérique (5 à 35 µm de diamètre environ) constitués d'un assemblage de plaquettesplaquettes calcaires appelées  « coccolithes ». Ils entouraient pendant leur vie des algues unicellulaires que l'on appelle des Coccolithophoridés et qui font partie du plancton marin. Les coccolithes ont coulé au fond de la mer à la mort de ces algues.

    Les falaises de Douvres sont emblématiques pour des voyageurs qui arrivent en Angleterre en venant de Calais. © Immanuel Giel, CC by 3.0 <em>via Wikimedia Commons </em>

    Les falaises de Douvres sont emblématiques pour des voyageurs qui arrivent en Angleterre en venant de Calais. © Immanuel Giel, CC by 3.0 via Wikimedia Commons

    Ces falaises de craie sont âgées d'environ 100 millions d'années, ce qui veut dire qu'elles sont nées pendant le CrétacéCrétacé. Le nom de cette ère géologiqueère géologique n'est d'ailleurs pas un hasard car il provient du latin creta, « craie » et c'est bien évidemment en pensant aux vastes dépôts crayeux marins datant de cette époque en Europe qu'il a été défini par le géologuegéologue Jean-Baptiste d'Omalius, en 1822.

    Le plancton et les falaises de craie

    On avait toutefois du mal à comprendre comment de tels volumesvolumes de craie - les falaises de Douvres ont plus de 100 mètres de hauteur et s'étirent sur presque 16 kilomètres - ont pu prendre naissance dans une mer peu profonde, avant d'être amenés en surface par des mouvementsmouvements tectoniques. Et pourquoi pendant une période bien spécifique. Un article publié dans le journal Global Biogeochemical Cycles propose une explication.


    Qu'est-ce que le plancton ? À quoi sert-il ? Comment vit-il ? Ce film permet de comprendre un peu mieux ces organismes et donne des exemples de recherches scientifiques menées sur le sujet. Découvrez aussi comment navigateurs, nutritionnistes et paludiers côtoient le plancton. © Ocean+ TV, YouTube

    Elle se base sur l'étude de la Grande ceinture de calcitecalcite, the Great Calcite Belt en anglais. Elle est située dans l'océan Austral, entourant l'AntarctiqueAntarctique. Elle se forme à l'occasion d'un boom planctonique qui fait exploser la population des Coccolithophoridés dans cet océan pendant l'été dans cet hémisphère. Les coccolithes présentes en grand nombre réfléchissent alors la lumièrelumière du SoleilSoleil de sorte que l'eau de l'océan tend à prendre une teinte turquoise.

    Les chercheurs ont déterminé quels étaient les facteurs qui favorisaient ce boom planctonique et pourquoi certains Coccolithophoridés se multipliaient au point de surpasser d'autres espècesespèces d'algues composant le phytoplanctonphytoplancton, en particulier les diatomées qui en sont pourtant une composante majeure. Ces dernières sont des algues jaunes et brunes unicellulaires possédant quant à elles une structure externe à base de silicesilice et non de carbonate.


     Une vidéo sur le boom planctonique des Coccolithophoridés dans l'océan Austral (voir les explications plus haut. © American Geophysical Union (AGU)

    Il s'est avéré que les concentrations en trois nutrimentsnutriments gouvernaient la compétition entre ces deux types d'algues. Lorsque les silicatessilicates dans l'eau sont plus abondants que les nitrates, les diatoméesdiatomées gagnent et inversement. Les Coccolithophoridés ont également besoin de moins de ferfer pour se développer de sorte que dans des zones plus pauvres en cet élément, elles possèdent un avantage.

    Ce serait donc dans des régions où de tels booms planctoniques se produisent pendant suffisamment de millions d'années que de futures falaises blanches peuvent se construire.