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Philippe Birnbaum

Philippe Birnbaum

Botaniste

Pour que la science soit partagée, il faut la diffuser. Pourtant entre le grand public et le scientifique il existe souvent des obstacles parce que le premier souhaite un résumé et que le second souhaite une version détaillée. Vulgariser la science ne peut en aucun cas sacrifier l'une ou l'autre de ces exigences au risque de rompre le dialogue. Le site Futura-Sciences fait une passerelle constructive entre ces deux visions puisqu'il offre au chercheur un espace médiatique qui lui permet de convaincre les autres chercheurs et les moins initiés. Je souhaite une longue vie à ce site et espère qu'il fera naître des vocations notamment chez les néo-botanistes.

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Biographie

Je suis né à Senlis dans l'Oise où j'ai fait mes études secondaires jusqu'au baccalauréat, session biologie (Bac D), que j'ai obtenu en 1984. A cette période je n'avais aucune idée du métier que je souhaitais faire. Ma seule exigence était d'éviter l'ennui. Ainsi la façon la plus commode de ne pas tomber dans une routine quotidienne était de chercher et d'apprendre en permanence. La recherche était donc ma voie et encore aujourd'hui, chaque jour, j'ai besoin d'apprendre quelque chose de nouveau pour me satisfaire. Si je suis devenu chercheur c'est très certainement parce que je m'ennuie très vite.

En revanche, ma passion pour les plantes est venue plus progressivement, sans doute attiser par ma curiosité pour ces êtres étranges mais vivants. Travailler sur le règne végétal c'est avant tout s'affranchir du modèle animal, c'est à dire de notre mode de fonctionnement qui repose sur les lois de la dépendance alimentaire et de la prédation. Les plantes sont énergétiquement autonomes puisqu'elles fabriquent elles-mêmes leur matièrematière carbonée tandis que les animaux ne peuvent que la transformer. Elles sont immobiles ce qui leur confère une faible dépense énergétique et leur développement repose, au moins chez certaines, sur les concepts d'immortalité ou de dormance, de clonageclonage ou d'hybridationhybridation, de régénération ou de totipotencetotipotence tandis que ces propriétés restent inexploitées (ou sous-exploitées) dans le règne animal. Toutes ces différences sont passionnantes et demande un effort permanent pour se maintenir à l'écart du modèle animal, c'est-à-dire du nôtre. Cette difficulté est devenue, en réalité, une passion et parfois encore j'ai l'impression d'étudier des organismes appartenant à la science-fiction; vivants mais reposant sur des modes de vie très différents des nôtres.

Parcours Universitaire

1984 - Bac D, 'session biologie'
1985 - Deug B, Biologie, Université de Lille
1986 - Licence, Biologie des organismes et des populations, Montpellier II
1987 - Maîtrise, Biologie des organismes et des populations, Montpellier II
1991 - D.E.A., BotaniqueBotanique Tropicale, Montpellier II
1993-1997 - Doctorat, 'Ecologie des populations - Option biologie végétale tropicale', Jussieu, Paris VI

Parcours professionnel

Je suis botanistebotaniste spécialisé dans les forêts tropicalesforêts tropicales. J'ai commencé ma carrière professionnelle en 1987 en étant recruté à l'ORSTOM (actuellement l'IRDIRD) de Papeete (Tahiti) comme botaniste, volontaire à l'aide technique, dans le but de démarrer un programme de recherche sur une plante introduite et envahissante, Miconia calvescens DC. Après deux ans passés en Polynésie, je parcours la planète, pour m'imprégner des différentes forêts qui caractérisent le monde tropical. Je visite et observe ainsi les forêts d'altitude de Sumatra, les forêts sèches et humides de Thaïlande, la canopéecanopée des forêts du Cameroun, les forêts de transition tempérée/tropicale de la Nouvelle Zélande, les forêts insulaires de la Polynésie, de la nouvelle Calédonie, du Sri Lanka ou de la Guadeloupe pour arriver en 1993 en Guyane française où j'étudie, pour mon doctorat, les modalités d'occupation de l'espace par les arbresarbres en forêt, c'est-à-dire l'organisation spatiale des arbres les uns par rapport aux autres. Ensuite, comme tous les étudiants titulaires d'un doctorat, je passe 4 ans à naviguer entre les petits contrats d'expertise. C'est en août 2001 que j'intègre le CIRAD (Centre de Coopération Internationale de Recherche Agronomique pour le Développement) pour partir étudier et caractériser le fonctionnement des forêts sèches sahéliennes du Mali.

Mon ambition est simple : connaître toutes les forêts et toutes les espècesespèces végétales du monde ! Cette ambition irréaliste me permet alors d'aborder ma passion avec une certaine sérénité, sans compétitivité et surtout sans aucun complexe.

Livre

BiodiversitéBiodiversité au Sahel

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métier

Etre botaniste c'est étudier les plantes ! La première caractéristique est de classer les espèces selon leurs caractéristiques et de les nommer, mais le travail du botaniste est plus complexe. Il s'agit d'observer, de tester, d'imaginer, d'émettre des hypothèses mais ne jamais s'asseoir sur des certitudes. C'est assez proche des recherches extra-temporelles comme la paléontologie dans le sens où la certitude et le 100% ne peuvent jamais exister. Ce n'est donc pas une science exacte, c'est de la biologie avec ce petit rien qui nous échappe et qui est au centre du grand tout! Etre botaniste au quotidien c'est garder les yeux ouverts et savoir détecter les particularités du monde végétal dans un pot de fleur, un jardin, une ville ou une forêt. Les plantes sont partout et la première des qualités d'un botaniste doit être, à mon avis, son sens de l'observation. Cependant ce métier ne s'arrête pas à la seule observation et nous devons générer des scénarios et des hypothèses quant à l'évolution passée et future des écosystèmes, notamment en fonction des changements climatiques et des actions de l'homme sur son environnement. Suivre, prévoir et anticiper ces évolutions font partie de notre métier. Nous travaillons à la fois sur le terrain avec un sécateur pour la collecte des échantillons d'herbiers et à la fois au laboratoire à partir d'images satellites, de systèmes d'informations géographiques ou de bases de données pour nous permettre d'extrapoler nos observations ponctuelles à tout un écosystème, un paysage, un milieu ou une aire de distribution. C'est ainsi que nous devons continuellement naviguer entre les questions qui se posent en biologie à l'échelle d'une espèce voire d'un individu jusqu'aux investigations qui portent sur l'organisation et le fonctionnement des paysages et des écosystèmes.