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    L'adaptation la plus simple pour un mollusquemollusque consiste dans l'épaississement de la coquille. Plus la coquille est épaisse et solide, plus les crabes munis de fortes pinces, plus les raies et autres poissonspoissons aux dents redoutables ont de la difficulté à accéder aux parties molles de la proie potentielle.

    <em>Aporrhais senegalensis.</em> © H. Zell, Wikimedia commons, CC by-sa 3.0
    Aporrhais senegalensis. © H. Zell, Wikimedia commons, CC by-sa 3.0
    Fig. 1 : <em>Thais deltoidea</em>. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 1 : Thais deltoidea. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Un bon exemple de cet épaississement est fourni par certains gastéropodesgastéropodes de la famille des murex comme Thais deltoidea (Fig. 1). On remarque qu'il existe des sortes de nodules correspondant à des zones plus épaissies que le reste de la coquille, ce qui renforce encore la solidité de l'ensemble.

    Une morphologie adaptée pour la protection

    Un perfectionnement remarquable de l'adaptation précédente consiste pour l'animal à construire une coquille ornée de prolongements ou d'épines qui ont pour effet de décourager la plus grande partie des prédateurs. Cela ne signifie pas que la protection soit absolue : le fait qu'on rencontre couramment des animaux dont les épines ont été partiellement ou complètement brisées signifie que l'animal a été l'objet d'attaques vigoureuses et l'on ne peut exclure bien sûr que certaines de ces attaques aient été couronnées de succès.

    Fig. 2 : <em>Siratus Beauii.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 2 : Siratus Beauii. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Nous avons choisi comme exemples un murex voisin du précédent, Siratus beauii (Fig. 2) et un bivalvebivalve Spondylus americanus (Fig. 3).

    Fig. 3 : <em>Spondylus americanus.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 3 : Spondylus americanus. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Une variante particulièrement originale des prolongements de la coquille est représentée par ce que l'on peut qualifier de voiles. Il s'agit de plis qui se forment les uns à la suite des autres au cours de la croissance de l'animal. Ces voiles ont un effet protecteur comparable à celui des épines précédemment citées et l'on récolte souvent des individus dont les voiles brisés témoignent d'attaques non couronnées de succès.

    Fig. 4 : <em>Sthenorytis pernobilis.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 4 : Sthenorytis pernobilis. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Nous citons comme exemples de gastéropodes à « voiles », le scalaire noble Sthenorytis pernobilis (Fig. 4) et le murex feuille Pterynotus phyllopterus (Fig. 5) .

    Fig. 5 : <em>Pterynotus phyllopterus</em>. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 5 : Pterynotus phyllopterus. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Ces coquillages issus d'une sélection naturellesélection naturelle qui n'a d'autre mécanisme que le tri statistique des individus revêtent aux yeuxyeux du malacologiste les habits de l'esthétique et de l'harmonie des formes. Certaines espècesespèces pourvues de voiles se rencontrent dans des environnements où la pression de prédation est différente. On constate alors avec surprise que les voiles sont davantage développés là où les prédateurs sont plus abondants (Fig. 5). Il s'agit là probablement d'un très bel exemple de plasticité du phénotypephénotype. On entend par là qu'un même organisme pourvu des mêmes gènesgènes est capable de construire deux formes sensiblement différentes, correspondant à la vie dans des milieux différents.

    La réponse adaptative des mollusques à la prédation démontre que la sélection naturelle a plus d'un tour dans son sac. Ainsi, le groupe de gastéropodes connus sous le nom de porcelaines offre un système de protection particulièrement original : il s'agit d'un rétrécissement marqué de l'ouverture de la coquille complété par des « denticulations » qui forment une sorte de palissade s'opposant à la pénétration des intrus. Au repos, les lobes du manteaumanteau de l'animal recouvrent la totalité de la coquille.

    Fig. 6 : Porcelaine <em>Pustularia surinamensis.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 6 : Porcelaine Pustularia surinamensis. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    En cas de danger, les lobes se rétractent immédiatement à l'abri des denticulations de l'ouverture. Nous avons choisi comme exemple la porcelaine Pustularia surinamensis (Fig. 6).