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    Balouchistan : l'obstination d'un paléontologue (et de son équipe)

    Balouchistan : l'obstination d'un paléontologue (et de son équipe)

    Dès 1993, l'un de nous (J.-L. W.) entreprend des tractations avec le gouvernement pakistanais et les autorités provinciales du Balouchistan afin de prospecter dans la région concernée.

    Localisation du Pays Bugti au Balouchistan, Pakistan. © 2002 MPFB

    Localisation du Pays Bugti au Balouchistan, Pakistan. © 2002 MPFB

    En 1995, après plusieurs séjours et de longues semaines de tracasseries administratives, une première Mission Paléontologique Française sera effectivement autorisée à se rendre à Dera Bugti. Il restait alors à convaincre Nawab Bugti, le Seigneur redouté et respecté des « TigresTigres du Balouchistan », que de nouvelles recherches paléontologiques sur les territoires qu'il administre pourraient avoir de grandes répercussions scientifiques.

    Nawab Akbar Khan Bugti, ancien Gouverneur du Balouchistan, donne immédiatement son accord. Mieux, ce fin lettré ordonne à plusieurs guerriers de sa garde personnelle d'accompagner les paléontologuespaléontologues au cours de leurs prospections. Leur mission n'est pas de surveiller ces derniers, mais plutôt de les protéger : la zone à prospecter jouxte le territoire d'une tribu ennemie. Trois semaines de prospection dans les environs permettent, dès ce premier contact avec le terrain, de récolter des centaines de fossilesfossiles de vertébrésvertébrés dans plusieurs gisementsgisements, et sur plusieurs niveaux.

    Bon an mal an, les expéditions, annuellesannuelles depuis 1995, associent des chercheurs et étudiants du Muséum National d'Histoire naturelleMuséum National d'Histoire naturelle à Paris, du Muséum d'Histoire naturelle de Toulouse, de l'Université des Sciences et Techniques de Montpellier et de l'Université du Balouchistan à Quetta.

    Les missions fonctionnent toujours en équipes restreintes (3 à 4 paléontologues seulement), en raison des conditions de vie très difficiles. L'autosuffisance alimentaire et sanitaire sont en effet toujours de rigueur, surtout dans cet environnement plus qu'hostile : chacun doit être indispensable et apporter une compétence particulière.

    La tenue traditionnelle : shalwar-kamiz, patka et chabuvs. De gauche à droite : Mir Haiser Shahwani et Jean-Loup Welcomme. © 1999 MPFB (POA)

    La tenue traditionnelle : shalwar-kamiz, patka et chabuvs. De gauche à droite : Mir Haiser Shahwani et Jean-Loup Welcomme. © 1999 MPFB (POA)

    Ainsi, Nawab Bugti convoque-t-il systématiquement le conseil de guerre à notre arrivée à Dera Bugti : à tous les chefs de famille, de clans et de tribus de la région, nous sommes alors présentés comme des hôtes, à protéger et à aider si besoin est. Il est également préférable, tant pour la discrétion que pour le confort, d'adopter la tenue vestimentaire locale : chemise ample et pantalon bouffant (« shalwar-kamiz »), turban (« patka ») ou coiffe (« topi ») sur la tête et sandales balouchs (« chabuvs ») aux pieds.