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    La fin de l'indifférence : l'utilité de l'océanographie physique

    La fin de l'indifférence : l'utilité de l'océanographie physique

    Le célèbre ouvrage publié en 1855 de celui qui est considéré par les américains comme le père de l'océanographie, M.F. Maury : The Physical Geography of the Sea and its Meteorology résume bien ce qu'était jusqu' alors l'océanographie : une géographie des mers à usage de la navigation. C'était une océanographie de surface à deux dimensions. L'intérêt pour la troisième dimension(verticale) de l'océan se limitait à la mesure de la profondeur dans les régions côtières pour éviter le naufrage. Il ne s'agissait que du contenant, le fond et pas du tout du contenu, le fluide océanique lui-même dont d'ailleurs on ne pouvait rien voir.

    Pour s'intéresser sérieusement aux couches profondes de l'océan et à leurs mouvements, il fallut, à partir de 1850, que l'on se heurtât aux difficultés soulevées par l'installation des câbles télégraphiques sous-marinssous-marins. Ils sont pour beaucoup dans le coup d'envoi donné aux explorations de l'océan profond, dont l'expédition britannique du ChallengerChallenger fut sans doute le plus beau fleuron, marquant symboliquement la naissance de l'océanographie.

    Image du site Futura Sciences

    Le Challenger (Fig.1), de décembre 1872 à mai 1876, sillonna les océans Atlantique, Pacifique et Indien à la découverte des profondeurs. Ce fut la première grande campagne océanographique à l'échelle de l'océan mondial.

    Il y eut ensuite, à la fin du XIXe siècle, les difficultés économiques et sociales du secteur de la pêchepêche, mis à mal dans certains pays par les fluctuations importantes des captures - dont on se demandait, déjà, s'il fallait les attribuer à la surpêchesurpêche ou à la variabilité naturelle du milieu et la découverte que la fertilité des régions océaniques était variable et complètement dépendante des mouvements de l'océan, de sa dynamique.

    La guerre sous-marine et la nécessité de bien connaître les conditions de propagation des signaux acoustiques furent aussi de très puissants moteurs de la recherche océanographique, et notamment du développement des instruments de mesure appropriés. Ce sont les Forces Navales qui, les premières, développèrent des systèmes d'observation systématique de l'océan .

    Pour finir, ce sont maintenant les interrogations sur la variabilité et l'évolution du climatclimat et leurs conséquences possibles pour les sociétés humaines qui mettent l'océan et sa dynamique au cœur du problème : c'est lui qui, pour une bonne part, contrôle le rythme de l'évolution du climat du phénomène El NiñoEl Niño aux conséquences possibles de l'accroissement atmosphérique des gaz à effet de serregaz à effet de serre au cours de ce siècle.

    Oui il faut connaître l'océan dans sa totalité et la variabilité de ses mouvements à toutes les échelles : celle des tourbillonstourbillons de quelques dizaines de kilomètres qui vivent quelques mois, celle des grands courants océaniques comme le Gulf StreamGulf Stream, celle des courants profonds qui mettent des siècles à parcourir le fond des océans.