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    Nous parlerons ici juste un peu de géographie et d'histoire. Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle a attiré tellement de monde, les « jacquets », et fut à l'origine de tant de belles constructionsconstructions qu'il faut s'y arrêter un peu puisque, dans le département de la Haute-Garonne, l'on se trouve sur la route du sud.

    Saint-Jacques-de-Compostelle. © Gustavoboulhosa, Pixabay, DP

    Saint-Jacques-de-Compostelle. © Gustavoboulhosa, Pixabay, DP

    Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle est un pèlerinage chrétien, dont la destination est la crypte de la cathédrale de la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice (Espagne), dans laquelle se trouvent les restes supposés de Jacques le Majeur.

    Au Moyen Âge, il comptait parmi les trois grands pèlerinages de la chrétienté, avec :

    • le pèlerinage de Rome : recueillement sur les tombeaux de Pierre et Paul ;
    • le pèlerinage de Jérusalem : recueillement sur le Saint-Sépulcre.
    La cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle. On la retrouve sur la face des pièces de 1, 2 et 5 centimes d’euro espagnoles. © NielsB, CC by-sa 3.0

    La cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle. On la retrouve sur la face des pièces de 1, 2 et 5 centimes d’euro espagnoles. © NielsB, CC by-sa 3.0

    Le pèlerinage est inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, et après un important déclin, il connaît une considérable popularité. Les pèlerins d'aujourd'hui sont animés par la foi, ou simplement le désir de reprendre les chemins de l'histoire dans des cadres souvent magnifiques.

    Les différentes routes

    • La route du piémont des Pyrénées passe notamment par Foix, Saint-Lizier, Saint-Bertrand-de-Comminges. Elle s'arrête une dernière fois à Lourdes avant de passer en Espagne.
    • La via Podiensis traverse l'Aveyron, le Lot, le Tarn-et-Garonne et le Gers. Les grandes étapes sont Conques, Rocamadour, Moissac et Flaran.
    Carte montrant les chemins contemporains en Europe pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. © Kimdine69, Wikimedia Commons, GNU 1.2

    Carte montrant les chemins contemporains en Europe pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. © Kimdine69, Wikimedia Commons, GNU 1.2
    • La via Tolosane, aussi appelée via Arletanensis, part d'Arles et passe par les monts de Lacaune. Les grandes étapes sont Castres, Toulouse et Auch. La via Tolosane accueillait les jacquets d'Italie, des Alpilles et de Provence, et servait, en sens inverse, aux romieux venus d'Espagne ou de France qui se rendaient à Rome en empruntant la via Francigena en Italie. Elle rejoint la via Podiensis peu après la frontière espagnole.

    Riches d'histoire et unies par leur langue, ces terres virent une des plus brillantes civilisations du Moyen Âge, restée d'ailleurs très « romaine » jusqu'assez tard, disons au moins le Xe siècle. On peine à imaginer les différences entre le sud romain et le nord franc à cette époque. Vestiges de l'antiquité romaine, cités, monastères et églises romanes jalonnent le tracé de cette voie du sud, et les dominant, les châteaux et les fiefs témoins de la tragédie cathare qui eut lieu au XIIe siècle.

    La coquille Saint-Jacques, symbole du pèlerinage

    Au XIIe siècle, Saint-Jacques-de-Compostelle s'approprie la coquille Saint-Jacques. Aucun rituel ne mentionne la coquille parce que le pèlerin devait lui-même ramasser sa coquille sur les plages en rentrant ! Une explication peut être trouvée dans le Veneranda diesdies, sermon du Codex Calixtinus. Voici un extrait de la traduction de Bernard Gicquel : « Les pèlerins qui reviennent de Compostelle rapportent des coquilles, qui signifient les bonnes œuvres... Il y a dans la mer de Saint-Jacques des poissonspoissons communément appelés vieiras, qui ont sur deux côtés des protections en forme de coquilles, entre lesquelles se cache un poisson analogue à l'huître. Les valves de la coquille sont formées comme les doigts d'une main (les Provençaux les nomment nidulas, et les Français crousilles). »

    La coquille Saint-Jacques est l’un des symboles du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. © Musée archéologique de Grenoble, CC by-sa 3.0

    La coquille Saint-Jacques est l’un des symboles du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. © Musée archéologique de Grenoble, CC by-sa 3.0

    « Les pèlerins les fixent au retour du tombeautombeau de Saint-Jacques à leur cape en l'honneur de l'apôtre, comme en son souvenir, et les rapportent avec grande joie chez eux en signe de leur long périple. Les deux valves du coquillage représentent les deux préceptes de l'amour du prochain, auxquels celui qui les porteporte doit conforter sa vie, à savoir aimer Dieu plus que tout et son prochain comme soi-même... Les valves qui sont disposées à la façon des doigts désignent les bonnes œuvres dans lesquelles celui qui les porte doit persévérer. Et les bonnes œuvres sont joliment désignées par les doigts, parce que c'est par eux que nous opérons lorsque nous faisons quoi que ce soit. Ainsi, de même que le pèlerin porte la coquille tant qu'il est sur le chemin de l'apôtre, de même il doit se soumettre aux commandements du Seigneur. »

    Un guide du pèlerinage au XIIe siècle, par Aimery Picaud

    Aimery Picaud, moine poitevin de Parthenay-le-Vieux, a vécu au XIIe siècle et est l'auteur du Guide du pèlerin (le titre original en latin est IterIter pro peregrinis ad Compostellam), premier ouvrage du genre sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il constitue le dernier livre du Codex Calixtinus, un recueil de textes liturgiques rédigés vers 1140. Les quatre chemins décrits sontla via Turonensis (par Tours de Paris) et la via Lemovicensis (par Limoges de Vézelay), toutes deux passant par Roncevaux, ainsi que la via Podiensis et la via Tolosane. Il détaille les étapes, les reliques et les sanctuaires, et donne des renseignements sur les régions et leurs populations. Son ouvrage fut une référence pendant des siècles.

    Aimery Picaud décrit l'épreuve qui attend le pèlerin. Certaines contrées sont critiquées de manière très acerbe, voire carrément méchante, dirait-on aujourd'hui ! Ainsi la Navarre : « C'est un peuple [...] plein de méchanceté, noir de couleur, laid de visage, débauché, pervers, perfide, déloyal, corrompu, voluptueux, ivrogne, expert en toutes violences, féroce et sauvage, malhonnête et faux, impie et rude, cruel et querelleur, inapte à tout bon sentiment, dressé à tous les vices et iniquités. » Personne n'oserait dire cela de nos jours, mais à l'époque, tout ce qui est étranger fait peur.

    Pour aller plus loin dans la découverte du pèlerinage

    • Sentier vers Saint-Jacques-de-Compostelle via Le Puy, collectif, FFRP
    • Sentier vers Saint-Jacques-de-Compostelle via Vélezay, collectif, FFRP
    • Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle de l'Auvergne au Quercy, Chamina