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    Géographie et hydrosédimentaire de la Grande Vasière

    Géographie et hydrosédimentaire de la Grande Vasière

    L'université du Havre avec B. Hoyez et A. Cuviller de la Faculté des Sciences et Techniques a publié un document dont je me suis largement inspirée, avec leur autorisation et je les en remercie, dans ce dossier :

    La grande vasière de l'estuaireestuaire de la Seine, typologie et cartographie publié par la Société Géologique de Normandie et des Amis du Museum du Havre ( T 88, fasc 1, 2001).

    La Grande Vasière (320 ha en 1999) est un domaine vaseux de 10 km sur 1 de large situé de part et d'autre du pont de Normandie sur la rive nord. Quatre grandes digues forment l'armaturearmature de cette vasière : 2 sont insubmersibles , la digue haute N qui supporte la route et la digue D2 ( en crochet) et 2 le sont : la digue basse nord et la digue du Ratier (basse sud). Ces 2 dernières délimitent le chenal de Rouen qui est le chenal de navigation.

    <br />Schéma de l'estuaire

    Schéma de l'estuaire

    L'onde de marée peut atteindre 8 m d'amplitude (coeff. 110) dans l'estuaire et le flot est plus brutal que le jusantjusant avec une étale de 2 heures environ. Ceci explique que les sablessables de la baie s'accumulent dans l'estuaire. Il n'y a pas de sables d'amont à cause du barrage de Poses.

    Les plus fortes houleshoules viennent du SW mais à cause des différentes réfractions les vaguesvagues atteignant la vasière sont NW-SE, c'est-à-dire obliques par rapport au rivage, ce qui forme un courant de dérive qui est, dans ce cas-ci dirigé vers l'est (amont).

    La vase est un sédimentsédiment sensible à la houle. Lors d'une vague la pression entre les grains augmente et peut provoquer la liquéfaction du sédiment, qui se comporte alors comme un liquide visqueux. La contrainte de cisaillement sur le fond augmente si la profondeur diminue (maximum si la hauteur de la vague égale 55% de la profondeur d'eau).
    Le bouchon vaseux - maximum de concentration de matièresmatières en suspension - se situe à la limite eau douceeau douce -eau salée, qui, elle, varie en fonction du débitdébit du fleuve et des marées. Dans le cas de la Seine ce bouchon vaseux se situe entre Honfleur et Tancarville.

    L'estranestran supérieur, colonisé par des herbus est le schorre et l'estran nu est appelé slikke, et il est couvert par la marée. S'il y a accumulation de sable on parlera de plage.

    <br />La vasière Nord en été

    La vasière Nord en été

    L'estran supérieur : il voit s'accumuler le sable et se former une dune depuis les années 80 et ceci est unique pour la Haute-Normandie. Cette dune est caractérisée par son littoral à falaises avec une flore spécifique.

    Le long de la plage s'édifie une barre sableuse qui délimite une « bâche » ( par beau temps et période de vive eau). Cette bâche se vide par un chenal temporaire mais la fine pellicule de voile algairevoile algaire qui se forme pendant la stagnation de l'eau permet la « fossilisationfossilisation » des rides de courant.

    <br />Banc sableux sur la vasière nord

    Banc sableux sur la vasière nord

    La plage change de largeur suivant la saisonsaison et la météométéo (vagues) mais aussi le long de l'estuaire : réduite à quelques mètres en certains endroits elle atteint plusieurs dizaines de mètres au niveau de la dune.

    L'estran inférieur est essentiellement sableux ceci semble dû aux courants de flot et de jusant qui remettent systématiquement en suspension les particules argileuses et plusieurs bancs ont reçu des noms : banc d'Amfard ( 2,65 km de long), Banc de la Spatule ( 3 à 400 m de long), banc de la Brèche (2,5 km de long) ....

    <br />Rides du courant

    Rides du courant

    De nombreux processus d'érosion et de dépôts affectent l'estran vaseux et certains d'entre eux se marquent dans le paysage : les microfalaises et les chenaux de marée.

    L'estran inférieur, à l'amont de la fosse nord est bordé par une petite falaise de 2 m de haut environ, verticale au sommet et accidentée à sa base. Le lessivage par les eaux souligne très bien la stratificationstratification et la cyclicité tidale ( cycles des marées). On y voit nombre de terriers ( de vers) fossilesfossiles en U.

    Les chenaux de marée plus nombreux et moins importants il y a 10 ans se sont réunis pour former de plus grandes structures moins nombreuses et auxquelles on a fini par donner des noms pour savoir de quoi on parle : chenal de la Guifette, chenal du Courlis etc...Au niveau du chenal Courlis on peut très bien voir la capture d'un ancien chenal si bien que l'on en a plus qu'un au lieu de deux actuellement. Le rehaussement de la vasière et le recul de la falaise approfondissent les chenaux et leur impose une situation géographique. On peut ainsi suivre l'évolution de la vasière.

    <br />Chenal Courlis, capture (emprunté au document cité plus haut)

    Chenal Courlis, capture (emprunté au document cité plus haut)

    Ceci n'est qu'un aperçu des études que l'on peut mener pour suivre l'évolution d'un milieu aussi précieux en cet endroit. Son rôle trophique est essentiel pour les poissonspoissons, pour les oiseaux et il agit comme un filtre vis à vis des matières en suspension et des composés chimiques apportés par le fleuve. Cette vasière reste cependant très fragile car un estuaire évolue constamment et tout peut être remis en question brutalement.

    <br />Scirpe

    Scirpe

    Une cartographie de l'ensemble a été réalisée par cette équipe de recherche qui permet de suivre très précisément l'évolution des structures de la grande vasière et aujourd'hui les conditions ont changé et une partie de ces structures a déjà disparu !

    <br />La Grande Vasière en hiver B Hoyez et A. Cuviller

    La Grande Vasière en hiver B Hoyez et A. Cuviller

    Mais ce document (partiel ici) donne une bonne idée de ce que l'on peut obtenir comme instrument de travail pour surveiller une telle zone, même s'il n'est pas forcément, et par la force des choses, valable très longtemps.

    <br />La Grande Vasière en été B. Hoyez et A. Cuviller

    La Grande Vasière en été B. Hoyez et A. Cuviller