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    Technique gréco-romaine, la céramiquecéramique sigillée est une vaisselle en terre cuite souvent estampillée à l'aide de sigilla, des poinçonspoinçons. Elle est d'un rouge brillant et semi-vitrifié. Les motifs sont des scènes mythologiques, des combats, des scènes de chasse, des animaux et des ornements végétaux.

    Céramique sigillée. © Haselburg-müller, GFDL

    Céramique sigillée. © Haselburg-müller, GFDL

    Les vases étaient réalisés à l'aide de moules de terre, à l'intérieur desquels avait été imprimée une décorationdécoration. On obtenait des grandes séries portant les mêmes décors.

    La production de la Graufesenque est impressionnante. Des documents indiquent qu'une seule fournée pouvait contenir 40 000 vases cuits à 1 050 °C dans des fours à boisbois. La céramique de la Graufesenque était utilisée dans tout l'Empire, jusqu'aux limes d'Allemagne.

    Dans les tombes, dans les temples, on offrait des vases sigillés reconnaissables par leurs décors et les signatures des artisans.

    Céramique sigillée © Bullenwächter GNU Free Documentation License, Version 1.2

    Céramique sigillée © Bullenwächter GNU Free Documentation License, Version 1.2

    Fabrication de la sigillée

    Il y a le support, en argileargile de basse température, et le vernisvernis d'engobe fait d'une terre finement et longuement décantée pour ne garder que les particules les plus fines qui vont se vitrifiervitrifier à la cuisson. En effet la décantation répétée enrichit relativement la terre en silicesilice qui se vitrifie lors de la cuisson. Une cuisson oxydante où la flamme ne touche pas les pots va apporter des teintes rouges, vives et uniformes.

    Pour obtenir des pièces à décor en relief, les potiers faisaient un moule en argile dans lequel des poinçons étaient imprimés : un décor en creux, donc. Ces poinçons étaient faits par des sculpteurs. Ces moules étaient cuits vers 800° pour que la terre reste poreuse.

    Céramique sigillée © Wikipedia

    Céramique sigillée © Wikipedia

    Ensuite on place le moule sur le tour et on plaque de la terre molle pour qu'elle pénètre dans les reliefs sur le fond et les parois. Le moule s'imbibe de l'humidité de la terre qui prend du retrait et peut être facilement démoulée.

    Les finitions : tournassage, nettoyage, bord... sont faites après et les poteries, une fois sèches, sont trempées dans l'engobe liquide avant d'être mises à cuire. Un bon vernis est très brillant lorsqu'on le pose sur les pièces crues. En prenant de l'âge, le vernis s'affine et gagne en onctuosité et en brillance.

    Céramique sigillée © Bullenwächter - GNU Free Documentation License, Version 1.2

    Céramique sigillée © Bullenwächter - GNU Free Documentation License, Version 1.2

    Le Site de la Graufesenque se situe à 2 km de Millau, au confluent du Tarn et de la Dourbie, il fallait de l'eau et du bois, en plus de l'argile.

    L'argile des potiers

    A quelques centaines de mètres des ateliers de La Graufesenque, la décomposition naturelle des marnes du JurassiqueJurassique Inférieur fournit en abondance une argile très fine, plastiqueplastique, de couleur grise. C'est un silicatesilicate d'alumine qui contient un fort pourcentage de calcium (10 à 12%), un peu de  fer, de potassiumpotassium et de manganèsemanganèse.

    C'est ici que des fouilles ont mis au jour les restes d'une agglomération gallo-romaine appelé Condatomagus : le marché du confluent.

    Au Ier siècle, plus de 600 ateliers fabriquaient la vaisselle sigillée, Millau était la capitale de la céramique ! 2 500 m2 ont été aménagés pour la visite par la Caisse nationale des Monuments historiques et des sites et par la ville de Millau.

    On peut y voir :

    - des ateliers de potiers
    - des entrepôts d'argile,
    - des bassins de décantation,
    - des séchoirs à poterie
    - un grand four
    - des dépotoirs
    - des logements d'esclaves
    - des petits temples
    - une villa romaine postérieure à l'exploitation.

    On a fait des calculs pour avoir une idée des quantités produites...elles sont gigantesques : les grands fours, au nombre de 50 probablement, avec une moyenne de 25000 vases par fournée, à raison de deux cuissons par mois entre avril et octobre (on ne cuisait pas l'hiverhiver) et pendant 40 ans environ ont dû produire quelque 600 millions de vases.... Et il faut, pour 1 kgkg de vases cuits, 5 kg de bois et 10 l d'eau...on imagine l'impact sur la forêt de pins de la région !

    Le site est ouvert au public toute l’année

    Téléphone du site : 05 65 60 11 37 et du musée de Millau où sont exposées les plus belles pièces: 05 65 59 01 08
    En savoir plus : http://www.graufesenque.com

    A lire pour aller plus loin

    Les documents d'Alain Vernhet, chargé de recherches au CNRS, qui nous a d'ailleurs fort agréablement guidés sur place lors de notre visite. Il a écrit une petite brochure dont le titre est : La Gaufresenque, céramiques gallo-romaines. Ce petit document constitue une bonne initiation à la céramique sigillée et explique en détail les techniques utilisées et les différents endroits du site. Vous y trouverez les photos de André Kumurdjian et quelques schémas explicatifs en particulier concernant les fours...

    Le polar antique d'Anne de Leseleuc : Marcus Aper chez les Rutènes.
    Marcus, juge Gallo-Romain est chargé d'enquêter sur une série de meurtres dont le principal suspect est le patron de la plus grande poterie du Millau Gallo-romain. Coll 10/18, ouvrage N°2384.