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    La culture des poissonspoissons marins s'est développée en France, et plus largement en Europe, sur la base de techniques de reproduction en captivité et d'élevage larvaire mises au point autour de 1970 dans quelques laboratoires pionniers, puis industrialisées en écloseries de production dans les années 1980 et 1990.

    <em>Dicentrarchus labrax</em> (Linnaeus, 1758). © Hans Hillewaert, CC BY-SA 4.0

    Dicentrarchus labrax (Linnaeus, 1758). © Hans Hillewaert, CC BY-SA 4.0
    Tri des alevins. La culture des poissons marins sur les littoraux doit composer avec nombre d’activités préexistantes. © Carl Steinbeisser, DP

    Tri des alevins. La culture des poissons marins sur les littoraux doit composer avec nombre d’activités préexistantes. © Carl Steinbeisser, DP

    Activité nouvelle, la culture des poissons marins ne peut se développer qu'en se créant une place sur des sites littoraux déjà fortement sollicités par l'urbanisation, les ports, le tourisme, la conchyliculture et la préservation de l'environnement. Cette création de place ne peut se faire qu'aux dépens des activités déjà implantées, en venant les concurrencer pour les sites eux-mêmes, voire à leur détriment, en venant y rejeter des eaux usées et de déchetsdéchets alimentaires. C'est dire que les perspectives de cette nouvelle aquacultureaquaculture sont limitées, d'autant qu'elle a rencontré en France la même opposition de principe que la salmoniculture marine, avec le qualificatif « turboteries industrielles » démarqué de « porcheries industrielles ». La seule perspective possible dans ces conditions est un développement limité de quelques exploitations de petite taille, bien intégrées dans le tissu local, produisant au plus quelques milliers de tonnes ensemble, d'un poisson haut de gamme sur des normes de qualité écologique, et vendu dans un circuit court.

    <em>Thunnus obesus</em>. L’élevage de thons en cage au large est l’une des évolutions possibles de la culture des poissons marins. © Allen Shimada, NOAA NMFS OST, DP

    Thunnus obesus. L’élevage de thons en cage au large est l’une des évolutions possibles de la culture des poissons marins. © Allen Shimada, NOAA NMFS OST, DP

    Les obstacles sont similaires en Italie. Par contre, en Espagne pour le turbot, en Grèce et en Turquie pour le bar et la dorade, une pression moindre sur les sites littoraux a permis l'implantation d'unités de production de plusieurs centaines de tonnes annuellesannuelles, voire de plus d'un millier de tonnes. Cette ouverture a permis d'atteindre des productions nationales de plusieurs dizaines de milliers de tonnes par an, et de penser dépasser la centaine de milliers de tonnes à terme.

    Mais la véritable perspective de la culture des poissons marins est dans la production de gros individus en cages flottantes au large. La multiplication rapide des cages de grossissement de thons pêchés en Méditerranée a ouvert la voie vers cette option. Il reste à la confirmer en maîtrisant l'ensemble du cycle vital, pour développer des élevages ne dépendant plus de la capture de juvéniles sauvages. Cela se fera éventuellement en association avec l'implantation de champs d'éolienneséoliennes au large, en jouant l'association de deux nouveautés complémentaires. Il faudra, pour y parvenir, en même temps une grande détermination et une solide capacité de conviction : un tel développement ne se fera pas sans rencontrer des oppositions fortes.