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    On donne le nom de porphyre à toute roche magmatique contenant de grands cristaux de feldspath dispersés dans une pâte aphanitique (ne montrant pas de cristaux distincts à l'œilœil nu). C'est maintenant un nom commercial, ce terme n'est plus utilisé, officiellement, en pétrologie. Il fait dorénavant plus allusion à la texture des roches.

    Les différents « porphyres ». © DR

    Les différents « porphyres ». © DR

    Porphyre : la pierre pourpre des empereurs

    La duretédureté du porphyre le rend difficile à travailler, elle est à l'origine de son caractère mythique ainsi que sa couleurcouleur, associée à la couleur pourpre impériale et parfois au sang de l'Eucharistie.

    Alexandre le Grand. Porphyre rouge. © Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

    Alexandre le Grand. Porphyre rouge. © Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

    On trouve au Moyen Âge des objets en porphyre même si une légende, entretenue par Vasari, prétend que le secret de sa taille fut redécouvert au XVIe siècle à Florence. Le porphyre devint vite rare, les gisements égyptiens de l'époque ptolémaïque, ne sont plus exploités et leur emplacement s'est plus ou moins perdu. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les objets créés seront issus du réemploi d'objets antiques, soit retaillés pour donner des œuvres nouvelles, soit réutilisés avec d'autres matièresmatières (marbre, serpentine, bronzebronze...). Bien des objets ne peuvent donc être datés...

    Vase en porphyre rouge. © Louvre

    Vase en porphyre rouge. © Louvre

    La difficulté de la taille rend les sculptures issues de cette matière assez frustes. À Rome, au Seicento, des sculpteurs exportent vers toute l'Europe des modèles de vase en porphyre, véritable industrie qui déclinera jusqu'à la fin du XVIIIe. La découverte de gisements de porphyre, en Suède d'abord puis ailleurs en Europe, banalise cette pierre. 
    Le tombeautombeau de Napoléon n'est pas en porphyre mais en quartzitequartzite, mais le buste d'Alexandre (photo ci-dessus) l'est !

    La pierre du Soleil

    Il n'y a pas qu'en Europe que cette pierre très dure est exploitée pour des objets précieux et « éternels », témoin cette pierre aztèque (ci-dessous) ronde de 3,6 m de diamètre.

    Pierre du Soleil aztèque. © DR

    Pierre du Soleil aztèque. © DR

    Les 8 cercles concentriques de cette pierre sont divisés comme suit.

    • Le cercle central, représenté par le visage du SoleilSoleil Ollin Tonatiuh et ses deux griffes qui saisissent des cœurs pour se fixer à l'universunivers, symbole de vitalité. Sa langue matérialisée par un couteau d'obsidienne, symbolise le sacrifice de soi-même, source de vitalité et de création.
    • 2e cercle : les bras de la croix, liés aux 4 éléments. Les 4 pales signalent les 4 jours qui ouvrent l'année : Acatl, Tecpatl, Calli, Tochtli.
    • 3e cercle : il est composé des 20 jours du mois et tourne de la même façon que le précédent. L'année civile était composée de 18 mois de 20 jours. 
    • 4e cercle : il est formé par les 8 rayons du Soleil et exprime le rapport entre le Soleil et VénusVénus.
    • 5e cercle : il est lié à la planète Mars.
    • 6e cercle : il correspond à la planète JupiterJupiter. Pour les Mexicains, Tezcatlipoca, le MiroirMiroir Noir, est profondément lié à Tecciztecatl, la LuneLune.
    • 7e cercle : le cercle de SaturneSaturne.
    • 8e cercle : c'est le cercle de la Voie lactéeVoie lactée. Les étoilesétoiles créent ainsi un lien entre l'Homme et les phénomènes agraires et cosmiques.

    Les gisements de porphyre : deux exemples

    Le porphyre n'a plus la noblesse d'antan et il est, actuellement, souvent utilisé pour le pavage, c'est une pierre solidesolide et résistante. On l'utilise aussi comme pierre décorative si elle est polie (carrelagecarrelage, mursmurs etc.) surtout les porphyres verts ou noirs. Mais on y recherche aussi de l'or... Voici 2 exemples de régions dans lesquelles le porphyre est exploité.

    • La mine de porphyre de Quesnat, Belgique

    De la fin de l'OrdovicienOrdovicien au début du SilurienSilurien, un arc volcaniquearc volcanique se développe dans la partie méridionale du massif du Brabant et se prolonge sous la Flandre. Postérieure à la collision entre Avalonia et Baltica et à la fermeture de l'océan Tornquist, la mise en place de ces intrusions est probablement à associer à la subductionsubduction d'une petite croûte océaniquecroûte océanique entre les deux blocs d'Avalonia (Verniers 2002). Ce volcanisme est explosif. Un de ses deux centres d'émissionémission principaux se situe au sud de Bruxelles à Lessines et Quenast.

    Carrière de « porphyre » de Quenast, Massif du Brabant. © DR

    Carrière de « porphyre » de Quenast, Massif du Brabant. © DR

    À Quenast, l'intrusion verticale subcirculaire d'un diamètre de 2 km, est constituée d'une dioritediorite quartzifère à hornblende de 433 Ma (André & Deutsch, 1984). Ce volcanismevolcanisme calco-alcalin se prolonge au Llandovery, à l'est du Brabant et dans la bande calédonienne du Condroz. Une question non encore résolue à ce jour, est la relation entre ces roches intrusives et les différentes anomaliesanomalies de Bouguer mises en évidence par la géophysique entre le sud de la province de Flandre orientale et Wavre dans le Brabant wallon (Mansy et al, 1999).

    Microdiorite quartzifère (Porphyre de Quenast), massif du Brabant. On remarque des phénocristaux de feldspath, partiellement remplacés par de la chlorite dans une pâte microcristalline recristallisée (lame mince, nicols croisés). © DR

    Microdiorite quartzifère (Porphyre de Quenast), massif du Brabant. On remarque des phénocristaux de feldspath, partiellement remplacés par de la chlorite dans une pâte microcristalline recristallisée (lame mince, nicols croisés). © DR

    Sintubin & Everaerts (2002) estiment que cette anomalie de gravitégravité serait due à la présence d'un bloc crustal précambrienprécambrien de nature granitique. Leur argumentation repose sur une incompatibilité génétiquegénétique entre les roches intrusives connues à Quenast et Lessines et un magmamagma parent de nature granitique. Quoi qu'il en soit, l'influence de cette structure sur la déformation du secteur ouest du massif brabançon reste déterminante.

    • Le projet la Arena près de Huamachuco, Pérou

    Ici, on cherche de l'or... Géologiquement parlant, le projet est situé dans un secteur aurifère recelant plusieurs millions d'oncesonces incluant les mines Alto Chicama, Tres Cruces, Shahuindo et Comarsa.

    La géologiegéologie du gisement la Arena comprend des grèsgrès, du quartzite et d'épaisses séquences de roches sédimentairesroches sédimentaires du JurassiqueJurassique et du CrétacéCrétacé, ces dernières étant intersectées par un porphyre dacitique subvolcanique (roche riche en silicesilice). Deux types de minéralisation ont été identifiés sur la propriété, nommément un porphyre cuivrecuivre-or et une zone aurifère de brèches. Les ressources estimées à la Arena sont de 23,8 millions de tonnes à une teneur de 0,7 g Au/t, représentant 536.300 onces d'or à un prix de l'or à long terme de 400 $ l'once....

    Bibliographie :

    • C. König : cours et notes personnelles
    • A. Foucault : Dictionnaire de géologie, Masson
    • Quenast - Carrière de porphyre