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    L'ornithorynque est le seul mammifère venimeux. © Christine Ferdinand, Wikipédia, cc by sa 3.0

    L'ornithorynque est le seul mammifère venimeux. © Christine Ferdinand, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Ornithorynque (Shaw 1799) – Ornithorhynchus anatinus

    • Ordre : Monotrema
    • Famille : Ornithorhynchidae
    • Genre : Ornithorhynchus
    • Taille : 0,40 à 0,55 m (longueur de la queue moyenne 12 cm, longueur du bec moyenne 15 cm)
    • Poids : 0,7 à 2,4 kgkg
    • Longévité : 15 à 17 ans

    Statut de conservation UICNUICN : LC, Préoccupation mineure

    L'ornithorynque possède bien des particularités. L'une d'elle est d'identifier ses proies grâce au signal électrique que produisent leurs corps. Plongez dans la vie fascinante de cet animal avec cet épisode de Bêtes de Science. © Futura

    Description de l’ornithorynque

    L'ornithorynque est un animal qui défie les lois de la biologie. Une véritable chimèrechimère toute droite issue des anciennes légendes. Il a adopté l'apparence d'une loutre dont il possède le pelage souple et doux, même si les scientifiques l'assimilent davantage à un castor du fait de sa queue plate, qui lui sert autant de gouvernail que de réserve de graisse. Il affiche la taille d'un chat domestique. Son poil dense de teinte brunâtre sur la partie supérieure et les flancs, et grisâtre sur le dessous, permet d'emprisonner l'airair afin de l'isoler du froid. Il possède de courtes pattes dont les palmes sont plus développées aux postérieures. Elles ont la faculté de se rétracter lorsqu'il sort de l'eau afin de pouvoir mieux se déplacer à terre. Les pattes arrière des juvéniles et des mâles sont équipées d'un ergot venimeuxvenimeux qui s'atrophieatrophie chez la femelle. Les antérieures sont destinées au fouissage. La tête se prolonge par un appendice corné qui ressemble à un bec de canard. Les yeuxyeux et les oreilles presque indiscernables sont placés dans une rainure à l'arrière du bec, de part et d'autre du crânecrâne. Les narinesnarines, quant à elles, sont placées à l'extrémité supérieure du bec. Lorsque l'animal plonge, une membrane vient fermer ces organes pour les protéger, ce qui le rend sourd et aveugle en plongée. Comme ses pattes sont disposées de part et d'autre du corps, et non en dessous comme les autres mammifères, les déplacements au sol de l'ornithorynque lui confèrent la démarche d'un grand lézard. Le monotrème possède d'ailleurs anatomiquement une particularité qui le rapproche des reptilesreptiles, à savoir une ceinture scapulaire présentant un os surnuméraire : une interclavicule.

    Ornithorynque à l'aquarium de Sydney. © Stefan Kraft, Wikipédia, GNU 1.2
    Ornithorynque à l'aquarium de Sydney. © Stefan Kraft, Wikipédia, GNU 1.2

    Habitat de l’ornithorynque

    L'ornithorynque est un animal semi-aquatique que l'on trouve essentiellement dans les rivières froides, les billabongs (bras morts d'un cours d'eau qui a changé de cours), les étangs et les lacs de faible profondeur aux rives escarpées de l'est du continent australien et de Tasmanie. Il a une prédilection pour les berges plantées d'arbresarbres aux racines profondes entre lesquelles il creuse son terrier. Il lui faut également de la végétation en surplomb ou des roseaux afin qu'il puisse s'y sentir en sécurité. Certains groupes peuvent évoluer jusqu'à plus de 1.000 mètres d'altitude. Le monotrème craint la sécheressesécheresse et ne vit que le long de plans d'eau permanents.

    Comportement de l’ornithorynque

    L'ornithorynque est un animal solitaire dont le territoire varie selon qu'il se trouve sur un lac ou le long d'une rivière. Ce dernier sera plus vaste et pourra atteindre sept kilomètres de long. Il est surtout actif au lever et au coucher du soleilsoleil et passe le plus clair de son temps dans l'eau à la recherche de nourriture. Sous l'eau, il repère ses proies grâce à des électrorécepteurs situés sous la mâchoire, dans la partie caudale de la peau du bec, et des mécanorécepteurs assurant le sens du toucher sur l'ensemble de la surface de l'appendice corné. La duréedurée moyenne de plongée est d'une trentaine de secondes à une moyenne d'un mètre, bien qu'un record de huit mètres ait déjà été constaté. Il émet quelques sons discrets, mais leur rôle dans une éventuelle communication avec ses semblables n'a pas encore été mis en évidence. Lorsqu'il se déplace dans l'eau, il utilise uniquement ses pattes antérieures en un mouvementmouvement alterné pour avancer. Il se sert des pattes arrière et de sa queue pour se diriger. Bien qu'il évolue dans une eau dont la température moyenne est de 5 °C, l'ornithorynque est un animal homéotherme qui parvient à maintenir sa température corporelletempérature corporelle interne à 31 °C. Actif toute l'année, il a besoin de se nourrir quotidiennement.

    Dans certaines contrées telles que l'État de Victoria, l'eau atteint parfois la température de gelgel, et les proies se font alors plus rares. Elles s'enfoncent plus profondément dans la vase ou les graviers. L'ornithorynque peut alors jeûner quelques jours en puisant dans les réserves de graisse accumulées dans sa queue. Ses principaux prédateurs sont les dingosdingos, les varans goannas, les rakalis qui sont des rats d'eau australiens et quelques rapacesrapaces. Il est parfaitement capable de se défendre : ses pattes postérieures sont équipées d'un ergot relié à une glandeglande à venin. Ce venin n'est pas mortel pour l'Homme, mais est capable d'infliger d'insoutenables douleursdouleurs pendant quelques jours. Lorsqu'il n'est pas dans l'eau, il se repose dans son terrier dont la longueur varie entre 5 et 10 m de long. Les galeries de mise basmise bas sont encore plus longues et peuvent s'élever de plusieurs mètres pour se mettre à l'abri des crues. Mais cela ne suffit pas toujours, car il arrive fréquemment que les berges soient emportées par le courant.

    Reproduction de l’ornithorynque

    Après l'accouplementaccouplement qui se déroule dans l'eau, la femelle amasse des feuilles dans la loge où elle mettra bas, après avoir refermé le tunnel de l'intérieur. Après deux à quatre semaines de gestationgestation, elle pond de deux à trois œufs. Pour les couver, la mère se roule en boule et les maintient au chaud contre son ventre à l'aide de sa queue. Au terme d'une incubation d'une douzaine de jours, les bébés ornithorynques, dont la taille n'excède pas 16 mm, éclosent nus et aveugles. Ils sont allaités pendant trois à quatre mois. La femelle ne possède pas de mamelons mais des fentes dans la peau. Le lait dont se nourrissent les jeunes suinte le long des poils de son ventre. Les juvéniles quittent le terrier pour la première fois avec leur mère vers trois mois et demi. Ils sont alors sevrés et mesurent une petite quarantaine de centimètres, soit 80 % de leur taille adulte. Ils atteignent leur maturité sexuelle vers deux ans, mais semblent n'être aptes à la reproduction que vers la quatrième année.

    Régime alimentaire de l’ornithorynque

    L'ornithorynque se nourrit essentiellement de larveslarves d'insectesinsectes, mais aussi d'autres invertébrésinvertébrés tels que crustacéscrustacés, œufs de poissonspoissons ou d'amphibiensamphibiens, mais aussi d'alevinsalevins, de têtardstêtards et de mollusquesmollusques qu'il débusque sous les pierres en sondant le fond. Il doit ingurgiter 20 % de son propre poids journellement, ce qui lui impose de passer une douzaine d'heures dans l'eau. Il stocke ses prises dans ses poches jugales et les ingère après être remonté à la surface. Il se met alors sur le dosdos et broie ses proies en s'aidant de sa langue et des plaques cornées de son bec.

    Menaces sur l’ornithorynque

    Les populations d'ornithorynques ne sont pas menacées dans leur ensemble, mais certaines ont disparu du fait de la fragmentation de leur habitat due aux activités humaines. Les scientifiques ne peuvent réellement estimer les effectifs actuels du fait de la difficulté d'accès de leur habitat. Mais il est à craindre que la pollution, l'irrigationirrigation, la pêchepêche illégale au filet, la circulation automobileautomobile et le piégeage pour la chasse fragilisent l'espèceespèce dans les années à venir.

    Le saviez-vous ?

    Il y a une quinzaine de millions d'années évoluait en Australie un ornithorynque géant (Obdurodon tharalkooschild) qui aimait apparemment se nourrir de tortuestortues. Alors que l'espèce actuelle n'en possède pas, les mâchoires du monotrème du miocènemiocène étaient équipées de dents, dont une incisive vient d'être découverte dans la zone fossilifère de Riversleigh par Rebecca Pian.