Un projet britannico-helvétique s’attaque une nouvelle fois au mythe du yéti. Des échantillons attribués à cet animal vont être rigoureusement analysés avec le top de la technologie des analyses génétiques. L’objectif ? Prouver son existence bien sûr. Un appel au don a même été lancé pour obtenir une plus grande quantité de matériel cryptozoologique.

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    Une illustration du yéti faite par Philippe Semeria. Il aurait été observé pour la première fois en 1903 par William Hugh Knight, un membre du Royal Society Club. © Philippe Semeria, Wikimedia common, CC by 3.0

    Une illustration du yéti faite par Philippe Semeria. Il aurait été observé pour la première fois en 1903 par William Hugh Knight, un membre du Royal Society Club. © Philippe Semeria, Wikimedia common, CC by 3.0

    Le yéti existe-t-il ? Voilà maintenant près de soixante ans que la question est posée. Tout est parti d'une photographiephotographie prise en 1951 lors de l'expédition d'Éric Shipton sur le mont Everest dans l'Himalaya. Que représente-t-elle ? Une empreinte géante laissée dans la neige, qui n'appartiendrait à aucune espèce animale connue.

    De nombreuses hypothèses plus ou moins scientifiques ont depuis vu le jour afin d'expliquer cette découverte. Pour certains, cette empreinte appartiendrait à des descendants d'anciens Hommes tels que Homo erectus, Homo floresiensis ou encore Homo neanderthalensis. Pour d'autres, elle aurait été laissée par un grand primate théoriquement disparu à ce jour, peut-être un gigantopithèque. Enfin, les plus réticents attribuent ces traces à des animaux tels que des ours bruns ou noirs. Diverses analyses ont bien sûr été réalisées dans le passé sur des échantillons qui auraient appartenu à un représentant de cette espèce inconnue. Les résultats ont bien souvent été décevants, attribuant les os ou les poils trouvés respectivement à des restes humains ou à des chèvres.

    Bernard Heuvelmans, un biologiste suisse, a enquêté durant plus d'un demi-siècle, de 1950 à 2001 (année de sa mort), sur l'existence possible de l'Homme des neiges en Himalaya, mais aussi sur le Bigfoot en Amérique du Nord ou l'Almasty au sein des montagnes de Caucase, en se basant sur des témoignages récoltés un peu partout sur la Planète. Il a aussi accumulé de très nombreux éléments biologiques ayant pu appartenir à ces créatures mystérieuses dans les collections du Musée de zoologie de Lausanne, en Suisse. Une équipe britannico-helvétique va maintenant exploiter ce matériel pour essayer de confirmer ou d'infirmer avec une rigueur absolue l'existence de ces êtres grâce aux toutes dernières technologies en matièrematière d'étude génétique.

    René de Milleville était un spécialiste de l'Himalaya. Il a pris cette photographie en 1976. Son empreinte est à droite, mais à qui appartient donc celle de gauche ? Au yéti ? © Asterix99, Wikimedia common, CC by-sa 3.0

    René de Milleville était un spécialiste de l'Himalaya. Il a pris cette photographie en 1976. Son empreinte est à droite, mais à qui appartient donc celle de gauche ? Au yéti ? © Asterix99, Wikimedia common, CC by-sa 3.0

    Un bel exemple de cryptozoologie

    Bryan Sykes, de l'université d'Oxford, et Michel Sartori, du musée de zoologie de Lausanne, sont les codirecteurs de l'Oxford-Lausanne CollateralCollateral Hominid Project (OLCHP). Ils invitent d'autres institutions, chercheurs ou passionnés, à leur envoyer tout matériel cryptozoologique qui aurait pu appartenir à un yéti ou à l'un de ses camarades. Pour information, la criptozoologie désigne l'étude des animaux dont l'existence n'a pas été prouvée.

    Les techniques d'analyses génétiques qui vont être utilisées n'ont pas été précisées mais l'on sait qu'elles permettent, par exemple, de déterminer avec un très faible pourcentage d'erreur le nom de genre et d'espèce du propriétaire d'un seul cheveux ou poil. Le protocole dprotocole d'étude se veut rigoureux et sans faille. En effet, les résultats ne sont pas destinés à alimenter une liste de travaux farfelus déjà réalisés à ce sujet. Ils seront publiés dans une revue scientifique dotée d'un comité de relecture.

    Que les plus sceptiques se rassurent, le projet OLCHP a également un autre objectif, moins médiatique. Bryan Sikes espère que les échantillons récoltés en divers points du Globe permettront également d'étudier d'éventuelles interactions entre différentes espèces d’Hommes disparus à ce jour, ainsi que leurs migrations au cours de l'histoire de la TerreTerre. Les premiers résultats sont prévus pour la fin de l'année en cours ou pour le début de 2013.