Comment empêcher le sable des dunes de s’envoler et de faire reculer le littoral ? En enfouissant un réseau de fibres dont l’entretien est assuré par énergie solaire, à l’aide de capteurs protégés des intempéries et qui, en prime, ralentissent le vent au niveau du sol. C’est la solution proposée par Dame Nature, sous le nom d'oyat. Les dunes du Nord, près desquelles passeront des cyclistes demain, leur doivent beaucoup, comme le rappelle le Muséum national d’histoire naturelle.

au sommaire


    Ce mercredi, les coureurs du Tour, partis d'Ypres, en Belgique, passeront la frontière française et atteindront Arenberg, près de Valenciennes, dans le département du Nord, célèbre pour les dunes qui bordent son littoral. Un 25 juillet 1909, près du hameau des Baraques, Louis Blériot sur son modèle numéro onze, y a décollé vers l'ouest pour tenter et réussir la première traversée de la Manche.

    Elles bougent, ces dunes, au gré des vents qui emportent les grains de sable. Mais pas trop. Rebaptisée Blériot-Plage, la côte près des Baraques a toujours à peu près la même allure. C'est probablement grâce à l'oyat, comme le rappelle le Muséum national d'histoire naturelle dans son Tour de France de la biodiversité. Cette haute graminéegraminée, qui dépasse le mètre, est solidement plantée dans le sol sableux. C'est là où elle aime vivre et les botanistesbotanistes ont d'ailleurs doublement reconnu cette inclination en la baptisant Ammophila arenaria : ammophila, en grec, signifie qui aime le sable et le mot latin arena désigne le sable ou le gravier.

    Le secret de son enracinement solidesolide réside dans ses rhizomes... qui ne sont pas des racines. Ces tiges souterraines se ramifient et courent sous les dunes. Elles jouent le rôle de réserves, utiles dans ces endroits secs et pauvres. Les rhizomes peuvent aussi bourgeonner et donner un nouveau pied. Ainsi charpentée, la dune résiste bien mieux aux vents de la mer.

    Ammophila arenaria a plus d'un tour dans son sac pour vivre dans ce milieu difficile et, par exemple, enroule ses feuilles pour réduire l'évaporation. Les stomates, petits orifices permettant la respiration, sont peu nombreux. Alors qu'ils sont majoritairement situés sur la face inférieure chez les plantes vertes, ceux de l'oyat sont installés sur la face supérieure des feuilles enroulées, là où ils sont mieux protégés de l'airair sec. De plus, la circulation d'air est à cet endroit ralentie par... des poils.

    Les Hommes ont depuis longtemps repéré cette haute technologie et l'oyat, cette plante commune des lagunes, a été utilisée pour stabiliser les dunes dans les Landes et dans le Nord. Elle assure depuis cette tâche bénévolement et se permet même d'abriter quelques animaux.