Le tigre vit principalement dans les régions forestières de l’Inde. Bien que sa chasse soit désormais interdite, l’espèce est toujours autant menacée d’extinction. L’Homme, par ses activités, entraîne la réduction de l’habitat naturel de ce félin, ce qui fait chuter drastiquement sa diversité génétique.

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    Le tigre doré, ou golden tiger, a un pelage blanc avec des traces rousses formant des sortes de rayures. Ce pelage bien spécifique est dû à un allèle récessif. © Dave Pape, DP

    Le tigre doré, ou golden tiger, a un pelage blanc avec des traces rousses formant des sortes de rayures. Ce pelage bien spécifique est dû à un allèle récessif. © Dave Pape, DP

    L'Inde est le refuge de plus de 60 % des tigres sauvages. Au XXe siècle, leur population est passée de 40.000 individus à 1.800. La chasse aux trophées au début du siècle passé est en partie responsable de cette véritable hécatombe, mais le commerce des peaux et la destruction de l'habitat de cet animal sont aussi d'importants facteurs aggravants. Aujourd'hui, la chasse au tigre est interdite, puisqu'il est classé comme espèce en danger par l'UICNUICN. La déforestation et l'extension des zones cultivées, quant à elles, se sont largement étendues en Inde.

    Même s'il est protégé, ce félin sauvage est toujours menacé d'extinction en raison de l'effondrementeffondrement de sa diversité génétiquegénétique. La variété génétique de l'espèce s'est perdue de façon spectaculaire depuis une centaine d'années. Ainsi, la surface de son habitat naturel se réduit tellement qu'il se forme des groupes d'individus qui n'ont de cesse de décroître. En conséquence, les populations ne se croisent plus entre elles et le tigre ne se reproduit plus que sur 7 % de son territoire originel.

    Il existe neuf sous-espèces de <em>Panthera tigris</em>. Trois d'entre elles se sont éteintes ces dernières décennies : le tigre de la Caspienne (<em>Panthera tigris virgata</em>), le tigre de Java (<em>Panthera tigris sondaica</em>) et le tigre de Bali (<em>Panthera tigris balica</em>). © PL Tendon, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Il existe neuf sous-espèces de Panthera tigris. Trois d'entre elles se sont éteintes ces dernières décennies : le tigre de la Caspienne (Panthera tigris virgata), le tigre de Java (Panthera tigris sondaica) et le tigre de Bali (Panthera tigris balica). © PL Tendon, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Pour évaluer l’influence anthropique sur la variété génétique de ces félins, une équipe scientifique a comparé des données génétiques de tigres modernes à celles d'individus de l'époque du Raj britannique (1858-1947). Ils ont pour cela utilisé des marqueurs génétiques de l'ADN mitochondrialADN mitochondrial et nucléaire. Les échantillons d'ADN des tigres du début du XXe siècle ont été fournis par le Muséum d'histoire naturelle de Londres. Jamais une telle étude comparée n'avait été réalisé jusqu'à présent.

    Protéger les tigres mais aussi leur habitat naturel

    Les chercheurs, dont les résultats sont publiés dans les Pnas, ont identifié une grande diversité de gènesgènes chez les tigres de la période du Raj britannique. Mais 93 % de ces variétés génétiques n'ont pas été retrouvées chez le félidéfélidé moderne. Ainsi, la séparationséparation des populations d'espèces engendrée par les activités de l'Homme interagit avec le processus démographique de l'espèce, et modifie sa diversité génétique sur des échelles de temps extrêmement rapides.

    Un tigre, comme toute autre espèce animale, a besoin d'une grande variabilité génétique pour survivre. Sans cela, il ne sera pas capable de s'adapter et dans le contexte de changement climatique actuel, on peut s'attendre à ce qu'il s'éteigne rapidement. Interdire la chasse est évidemment essentiel pour la préservation de ce félin. Mais, même si le nombre d'individus est stable en Inde, l'homogénéité génétique de l'espèce la rend hautement vulnérable.

    « Les écologistes et le gouvernement indien doivent comprendre que le nombre de tigres, à lui seul, n'est pas un facteur suffisant pour assurer la survie de l'espèce, commentait le chercheur Michael BrufordIl faudrait protéger l'ensemble des réserves forestières, car nombre d'entre elles ont maintenant des populations qui ont leurs propres combinaisons de gènes uniques, qui pourraient être utiles pour les programmes de sélection futurs. »