Jusqu'à quel point est-il raisonnable de puiser dans les stocks de poissons ? La survie des ces animaux n'est plus l'unique paramètre en jeu : la stabilité des populations d'oiseaux qui s'en nourrissent entre également en compte. Si trop de poissons sont pêchés, il n'en reste pas assez pour eux. Il faut leur laisser le tiers des poissons, disent les scientifiques.

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    © Jackharrybill, Flickr, cc by nc sa 2.0

    © Jackharrybill, Flickr, cc by nc sa 2.0

    On aurait presque tendance à l'oublier, mais les humains ne sont pas les seuls à se nourrir de poisson et dans une optique de durabilitédurabilité et de respect de la biodiversité, il faut savoir partager. Car une étude vient de mettre en évidence un lien fort entre les stocks de poissons et l'évolution des effectifs des oiseaux qui s'en nourrissent.

    Pour arriver à cette conclusion, des scientifiques se sont penchés sur les données démographiques de 14 espèces d'oiseaux pêcheurs sévissant dans les océans Atlantique, Pacifique et Austral, et de leurs proies : des poissons côtiers (de petite taille, type harengs, anchois...), des petits crustacés (le krill par exemple) et quelques céphalopodescéphalopodes.

    Partager les poissons avec les oiseaux

    Le problème réside dans une logique mathématique assez simple. Plusieurs espèces prédatrices se partagent des ressources. Si l'une d'entre elles - l'Homme - puise dans le stock sans se soucier de ce qu'il reste pour les autres, celles-ci ont du mal à accéder aux ressources restantes et leur survie en pâtit.

    Liste des 14 espèces d'oiseaux étudiées et de leurs proies (<em>prey</em>). © Cury <em>et al. </em>2011, <em>Science</em>

    Liste des 14 espèces d'oiseaux étudiées et de leurs proies (prey). © Cury et al. 2011, Science

    Les chercheurs ont mis en avant est qu'il existe un seuil de population pour ces proies, en dessous duquel les effectifs d'oiseaux qui s'en nourrissent commencent à décliner. Et ils ont quantifié ce seuil : le tiers du maximum historique du stock de poissons (et autres proies). Leurs analyses ont été publiées dans Science.

    Autrement dit, les chercheurs, grâce aux données qu'ils possédaient, ont établi le maximum que ces effectifs pouvaient atteindre. Et ils se sont rendu compte que lorsqu'ils chutent en dessous du tiers de ce maximum, le nombre de prédateurs diminue, notamment en raison d'un succès reproducteursuccès reproducteur affaibli. Remarquablement, cette règle du tiers s'applique à l'ensemble des couples poissons-proies étudiés.

    Des populations en déclin : phénomène naturel ?

    Cela veut dire que lorsque les quotas de pêche sont établis, il ne faut pas uniquement prendre en compte l'équilibre des stocks de poissons mais aussi celui de leur prédateur. En outre de récentes études ont montré que les prédateurs qui occupent les hauteurs de la chaîne alimentairechaîne alimentaire sont importants pour l'équilibre des écosystèmesécosystèmes et leurs populations doivent faire l'objet d'une attention particulière.

    D'un point de vue plus philosophique, il est cependant intéressant de se demander si ce problème, qui résulte finalement d'un processus naturel, à savoir la compétition interspécifique, doit être combattu. Bien sûr, il est intolérable que des écosystèmes et les espèces qui y habitent souffrent de pollutions d'origine anthropique, que des espèces disparaissent à cause du braconnage, ou que certaines soient menacées en raison du réchauffement climatique lui aussi d'origine anthropique. Mais doit-on s'indigner si le déclin d’une espèce naît d'une compétition - certes peu équitable - pour des ressources alimentaires ?