Pour mieux protéger les espèces marines, il faut adapter les limites des aires de protection à leurs déplacements. D'où l'idée de réserves naturelles mobiles...

au sommaire


    Les baleines bleues effectuent des migrations de près de 4.000 km. © Mike Baird, Flickr, cc by 2.0

    Les baleines bleues effectuent des migrations de près de 4.000 km. © Mike Baird, Flickr, cc by 2.0

    Il est nécessaire de protéger les espèces marines en fonction de leurs déplacements. C'est ce que pense Larry Crowder, chercheur à l'université Stanford. À la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS) qui se tenait la semaine dernière à Vancouver, il a proposé la mise en place de réserves naturelles mobilesmobiles dans le but d'améliorer la protection de ces animaux.

    Cette idée vient d'un constat évident : les espèces marines se déplacent. Les aires marines protégées (AMP) fixes ne sont donc pas adaptées au mode de vie des organismes qu'elles sont censées protéger. Pour l'instant, elles suivent principalement des zones délimitées par certains éléments géographiques comme une barrière de corail, ou bien les lignes imaginaires de frontière des océans. Des délimitations inventées par l'Homme et que les espèces marines ignorent. En sortir leur vaut d'être capturées accidentellement.

    Les réserves naturelles marines mobiles permettraient de suivre le déplacement de l'aire de répartition de certaines espèces, comme les thons rouges. © IRD

    Les réserves naturelles marines mobiles permettraient de suivre le déplacement de l'aire de répartition de certaines espèces, comme les thons rouges. © IRD

    L'aire de répartition des espèces se déplace

    Certaines espèces effectuent des migrations annuelles et afin que la conservation de ces populations soit efficace, ce paramètre doit être pris en compte. Par exemple, au nord du Pacifique se trouve une zone de confluence de courants importants qui amènent une biodiversité riche et abondante que les prédateurs suivent. Mais cette zone se déplace d'environ 2.000 km vers le sud, en hiver. Ce genre de situations doit être considéré.

    Outre la variabilité des saisonssaisons, le changement climatique est un facteur qui a une influence importante sur les aires de répartitionaires de répartition des différents animaux. Ils sont souvent poussés à adapter leurs circuits de migration ou même leurs habitats en fonction de la température de l'eau, qui a tendance à augmenter. Ils sont parfois à la recherche de milieux plus frais et leur aire de répartition migre alors vers les pôles.

    Bénéfice pour les espèces marines et les pêcheurs

    Dans le passé, faute de moyens, l'idée des réserves naturelles mobiles était utopique. Aujourd'hui, grâce aux progrès technologiques notamment satellitaires, il est possible de définir puis de respecter de telles zones.

    Des mesures qui pourraient d'ailleurs être bénéfiques pour les pêcheurs également puisque les zones normalement protégées en permanence seraient périodiquement ouvertes à la pêchepêche.

    Encore faudrait-il que les pêcheurs acceptent de jouer le jeu et, quoi qu'il en soit, cette mesure n'empêcherait pas la pêche illégale qui affaiblit drastiquement les stocks des espèces marines chaque année.