Probable ancêtre de nos chevaux actuels et longtemps menacé d’extinction, le cheval de Przewalski a fait l’objet de nombreux programmes de réintroduction en Mongolie. Hélas, l’hiver 2009-2010, particulièrement rigoureux, a décimé les populations, montrant les limites de ces méthodes.

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    Le cheval de Przewalski est considéré comme étant un ancêtre des chevaux actuels. Il fait l'objet de programmes de réintroduction en Mongolie. © Henryhartley, Wikipedia commons

    Le cheval de Przewalski est considéré comme étant un ancêtre des chevaux actuels. Il fait l'objet de programmes de réintroduction en Mongolie. © Henryhartley, Wikipedia commons

    Le cheval de Przewalski (Equus ferus przewalskii) serait un ancêtre des chevaux actuels. Il a été découvert en Mongolie en 1879. Dans les années qui suivirent, ces chevaux ont quasiment disparu à l'état sauvage car ils ont été chassés ou capturés pour être envoyés dans des zoos. Des programmes de réintroduction ont été lancés à partir de 1992. En 2009, 138 individus ont été recensés sur le site de Gobi. L'UICN a dès lors changé le statut de l'espèce, le faisant passer de « en voie d'extinction » à « en danger d'extinction ».

    Ce changement de statut ne doit pas masquer le fait que la population de chevaux de Przewalski sauvage reste relativement petite. Or, les petites populations sont sensibles aux risques d'extinction. C'est d'autant plus vrai lorsque les espèces animales sont réintroduites dans des milieux durs et imprévisibles tels que les plaines mongoles. 

    L'hiver 2009-2010, le plus rude depuis ces cinquante dernières années avec une température moyenne de -18 °C, a été particulièrement meurtrier pour les populations réintroduites : plus de 60 % des chevaux sont morts durant cette saison. Petra Kaczensky, de l'université de médecine vétérinairevétérinaire de Vienne, et son équipe ont analysé le problème afin de comprendre la raison d'un tel taux de mortalité. Ses résultats sont publiés dans la revue Plos One.

    Photographie prise durant l'hiver 2009-2010 dans la réserve de Gobi en Mongolie. Les conditions climatiques ont été rudes. Elles ont causé la mort de 60 % de la population des chevaux de Przewalski. © O. Ganbaatar, N. Altansukh et G. Nisekhuu, <em>Plos One</em>

    Photographie prise durant l'hiver 2009-2010 dans la réserve de Gobi en Mongolie. Les conditions climatiques ont été rudes. Elles ont causé la mort de 60 % de la population des chevaux de Przewalski. © O. Ganbaatar, N. Altansukh et G. Nisekhuu, Plos One

    Chevaux de Przewalski : un instinct de survie plus faible 

    Les chevaux originaires de zoos n'ont pas le même instinct de survie que ceux nés sur place, même après plusieurs années de vie en Mongolie. Cette conclusion s'est imposée lorsqu'il a été montré que seul le comportement des chevaux a causé leur perte et non une maladie quelconque. Néanmoins, la naissance d'un nombre croissant de poulains permettrait à la population d'équidés d'acquérir une meilleure résistancerésistance face aux conditions environnementales changeantes.

    Par ailleurs, l'instinct de migration aurait aussi disparu mais il n'est pas possible d'en justifier la raison à l'heure actuelle. Au sein du site de Gobi, les chevaux se répartissent en trois groupes dont un vit à l'ouest (19 chevaux) et deux à l'est (total de 119 individus). Bien que le site protégé s'étende sur 9.000 km², les troupeaux demeurent sur des territoires couvrant 152 à 826 km². Alors qu'un autre équidé, l'hémionehémione (Equus hemionus), a migré vers l'ouest lorsque les conditions climatiques se sont dégradées, les chevaux de Przewalski sont restés sur leurs territoires habituels malgré les conditions climatiques, la mort de leurs congénères et l'absence de nourriture. Malheureusement, ce sont les deux zones situées à l'est qui ont été les plus durement touchées par les chutes de neige ; d'où le nombre de décès particulièrement important.

    L'exemple des chevaux de Przewalski illustre bien la faiblesse de la méthode visant à faire grandir des petites populations d'animaux quand elles sont introduites dans des milieux rudes. Les résultats de l'étude suggèrent donc de prendre en compte des risques de catastrophes naturellescatastrophes naturelles (même s'ils sont difficiles à déterminer), de multiplier les sites de réintroduction et de les éparpiller dans l'espace.

    Heureusement, le parc national mongol de Hustai a moins souffert des mauvaises conditions hivernales et les chevaux qu'il abrite ont mieux survécu.