L’Homme est de plus en plus présent sur les océans. Or, sonars et prospections pétrolières génèrent tant de bruit, que les cétacés s’en trouvent perturbés. Et ce n’est pas tout, à l’autre bout de la chaîne trophique, aussi petites soient-elles, les larves de mollusques subissent également d’importants dommages.

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    L'océan n'est pas tout à fait un havre de paix. Le milieu est bruyant, la faune baigne dans le vacarme des icebergs, de l'activité sismique sous-marine, des différents cris d'animaux, des vagues, du vent... Tous ces sons sont le signe d'un océan dynamique, et la faune s'en est accommodée au fil du temps. Mais depuis quelques décennies, le trafic maritime s'est intensifié, les sonarssonars sont omniprésents et les forages du plancherplancher océanique gagnent du terrain. Aujourd'hui, le bruit produit par les activités humaines l'emporte sur le brouhaha naturel.

    Les sonars affectent l’écholocalisation des cétacés, et provoquent régulièrement des échouages massifs. La prospection pétrolière s'ajoute à cette pollution sonore quand elle recourt à la « sismique », une méthode qui visualise les structures géologiques. Les navires utilisent des canons à airair comprimé qui génèrent des ondes sismiques. Cette méthode est si intrusive que la présence d'observateurs à bord est obligatoire pour s'assurer qu'il n'y ait pas de mammifères marins aux alentours du navire.

    Le pétoncle de Nouvelle-Zélande (<em>Pecten novaezealandiae)</em> est endémique à l'île. Ce coquillage est mobile et même migrateur. © GrahamBould, Wikipédia, DP

    Le pétoncle de Nouvelle-Zélande (Pecten novaezealandiae) est endémique à l'île. Ce coquillage est mobile et même migrateur. © GrahamBould, Wikipédia, DP

    Pourtant, il n'y a pas que les cétacés qui sont mis à mal durant les prospections sismiques. Une équipe de recherche néo-zélandaise a montré que les ondes sismiques générées lors des explorations du plancher océanique provoquaient des déformations physiologiques dans les coquillages. L'équipe a mené une expérience en particulier sur les larveslarves de pétoncles, et leurs résultats sont publiés dans les Scientific Reports. Elle révèle que les larves de ce bivalvebivalve exposées au bruit sismique subissent des retards de développement importants : selon leur expérience, 46 % d'entre elles présentaient des anomalies morphologiques.

    Même les sonars pourraient endommager le développement des larves

    Quelque 4.881 larves de pétoncles de Nouvelle-Zélande ont été réparties en quatre échantillons exposés au bruit, et quatre non-exposés. Les chercheurs ont soumis les quatre premiers à un enregistrement de sons sismiques provoqués par des canons à air comprimé, toutes les trois secondes. L'ensemble des échantillons a été analysé à 7 intervalles différents, entre 24 et 90 h après la fertilisation.

    L'étude suggère par ailleurs que compte tenu de l'important retard de développement des larves en réponse à la violence du bruit, il se pourrait que même des sons moins intrusifs, du type de ceux produits par les sous-marins classiques, soient aussi en mesure de les affecter. Natacha Aguilar de Soto, principale auteure de l'article, rapporte dans un communiqué de l'université de St Andrews (Écosse) que personne ne s'attendait à ce que les larves soient autant affectées.

    Actuellement, personne n'est en mesure d'expliquer les mécanismes cellulaires qui engendrent ces malformationsmalformations mais clairement, le bruit perturbe les processus de développement naturels. Déjà, par le passé, les pêcheurs du monde entier se plaignaient des mauvaises récoltes de fruits de mer lorsqu'ils passaient après les navires de prospection pétrolière. Les résultats de l'équipe de Natacha Aguilar de Soto mettent en lumièrelumière que le bruit anthropique est probablement le facteur dominant expliquant les mauvaises pêchespêches survenues après les exercices de prospection.