au sommaire


    L'étude qui vient de paraître dans Nature fait ressortir que les efforts de protection visant d'autres animaux « à poils ou à plumes » bénéficient aussi aux reptiles et ces derniers « méritent la même attention », souligne Bruce Young, zoologistezoologiste en chef pour l'ONG NatureServe et co-auteur de l'article.

    « Ce sont des créatures fascinantes qui jouent un rôle indispensable dans les écosystèmes de la planète », prédateurs d'espèces nuisibles ou proies pour des oiseaux et autres animaux, insiste son collègue Sean O'Brien, président de NatureServe, cité dans le communiqué.

    Les tortues sont parmi les espèces les plus menacées avec les crocodiles. © EtienneOutram, Adobe Stock
    Les tortues sont parmi les espèces les plus menacées avec les crocodiles. © EtienneOutram, Adobe Stock

    Les reptiles sont plus menacés que les oiseaux

    L'étude publiée est une évaluation globale du risque d'extinction des reptiles, réalisée sur « plus de 15 ans » et co-signée par une cinquantaine d'auteurs, épaulés dans la collecte d'informations par des centaines de scientifiques répartis sur six continents, ont expliqué trois des rédacteurs lors d'une conférence de presse.

    Les espèces « menacées » sont classées dans trois catégories : « vulnérable », « en danger » ou « en danger critique », selon la classification de la liste rouge de l'UICNUICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature, l'une des principales ONG dans ce domaine.

    Lyriocephalus scutatus est une espèce de reptiles endémique au Sri Lanka. Elle est actuellement classée en préoccupation mineure par l'UICN, mais cela pourrait bien changer rapidement. © Ruchira Somaweera
    Lyriocephalus scutatus est une espèce de reptiles endémique au Sri Lanka. Elle est actuellement classée en préoccupation mineure par l'UICN, mais cela pourrait bien changer rapidement. © Ruchira Somaweera

    L'étude montre que les reptiles sont proportionnellement moins menacés au niveau mondial que les mammifères ou les amphibiens, mais davantage que les oiseaux.

    Certaines régions sont plus exposées : le sud-est de l'Asie, l'Afrique de l'Ouest, le nord de Madagascar, le nord des Andes, les Caraïbes. Et les reptiles vivant dans les forêts sont les plus menacés : 30 % d'entre eux, contre 14 % de ceux qui vivent en milieu aride.

    Voir aussi

    Biodiversité : une espèce sur trois pourrait disparaître d’ici 2070

    « La perte de l'habitat (...) continue d'être la principale menace », souligne Neil Cox, de l'UICN. Parmi toutes les espèces étudiées, les tortues et les crocodilescrocodiles sont encore plus particulièrement concernés, victimes de surexploitation et de persécution. Source de nourriture et victimes des croyances liées à leurs vertus médicinales, elles sont aussi capturées pour devenir des animaux domestiques pour les premières. Mais aussi chassés pour leur dangerosité pour les seconds.

    Autre exemple : le cobra royal, animal iconique, qui était répandu en Inde et dans le sud-est de l'Asie. « On soupçonnait qu'il était en déclin, il est maintenant classé comme vulnérable », note Neil Cox. Il est pénalisé par la disparition de la forêt dans laquelle il vit, à cause de l'exploitation des forêts ou de leur conversion en terresterres agricoles.

    Créature fascinante, le cobra royal est une espèce très menacée, désormais classée comme « vulnérable » en raison de la perte généralisée de son habitat. © stalk, Adobe Stock
    Créature fascinante, le cobra royal est une espèce très menacée, désormais classée comme « vulnérable » en raison de la perte généralisée de son habitat. © stalk, Adobe Stock

    Des milliards d’années cumulées d’évolution

    Quant au changement climatiquechangement climatique, il pourrait directement menacer « 10 ou 11 % des reptiles », estime Bruce Young, même si le chiffre est probablement sous-estimé par l'étude, notamment parce que l'impact négatif sera observé à plus long terme, alors que les critères de la liste rouge de l'UICN sont liés à des effets plus immédiats, sur une période couvrant les trois prochaines générations de l'espèce, ou une décennie, selon celle de ces périodes qui est la plus longue.

    De son côté, le Pr Blair Hedges, spécialiste de la biodiversitébiodiversité à Temple University (États-Unis), met en garde contre la perte de la mémoire génétiquegénétique de ces animaux. « Seize milliards d'années d'évolution seront perdues si toutes les espèces menacées s'éteignent », prévient-il. Parmi elles se trouve l'iguane marin des Galapagos, « le seul lézard au monde à s'être adapté à la vie aquatique », rappelle-t-il.

    Des mesures « urgentes et ciblées » sont nécessaires pour protéger les espèces les plus menacées, plaident les auteurs de l'étude, « particulièrement les lézards endémiquesendémiques à des îles menacés par l'introduction de prédateurs et ceux qui sont plus directement affectés par les humains ».


    Près de 19 % des reptiles sont menacés d’extinction

    Article de Delphine BossyDelphine Bossy publié le 20 février 2013

    Les reptiles seraient-ils en voie de disparition ? Une grande étude internationale évalue que 19 % des espèces mondiales sont menacés d'extinction, selon les statuts de conservationstatuts de conservation de l'UICN.

    L'évolution des reptiles est une longue histoire. Apparus sur Terre voilà 300 millions d'années, ils sont devenus au fil du temps des éléments clés des écosystèmes terrestres. Certains reptiles sont des proies, d'autres des prédateurs. Ils sont communément associés à des conditions de vie extrêmes ou des habitats hostiles.

    Pourtant, la plupart des espèces de reptiles sont adaptées spécifiquement à leur environnement. Elles nécessitent des conditions climatiques particulières, et leur bonne santé au quotidien dépend de l'utilisation de leur habitat. Les reptiles sont donc très sensibles aux changements environnementaux. La déforestationdéforestation ou la conversion des habitats en zones de culture menacent pleinement ces espèces.

    <em>Atheris ceratophora</em> est un serpent de la famille des vipéridés. C'est une espèce endémique de la Tanzanie. © Michele Menegon
    Atheris ceratophora est un serpent de la famille des vipéridés. C'est une espèce endémique de la Tanzanie. © Michele Menegon

    Plus de 200 spécialistes coordonnés par la Zoological Society of London et l'UICN ont évalué l'état de conservation de tous les reptiles à l'échelle mondiale. C'est la première fois qu'un tel travail de synthèse est réalisé. Parue dans la revue Biological Conversation, l'étude statue que 19 % des reptiles sont menacés d'extinction. L'étude comprend l'analyse de 1.500 espèces du monde entier. Parmi les espèces menacées, 12 % sont considérées en danger critique, 41 % en danger et 47 % vulnérables.

    Les tortues d’eau douce gravement en péril

    Les régions tropicales sont celles qui détiennent le plus haut niveau de menace. Dans les tropiquestropiques, les forêts sont de plus en plus transformées pour l'agricultureagriculture ou l'exploitation forestière. L'habitat du lézard est pratiquement détruit, si bien que la recherche de l'espèce s'est révélée infructueuse dans certaines zones. En outre, trois espèces classées en danger critique sont possiblement éteintes. L'une des trois est le lézard Ameiva vittata, qui n'a été vu qu'une fois dans une partie de la Bolivie.

    Mais le risque d'extinction n'est pas uniformément réparti sur le grand groupe des reptiles. Les tortuestortues d'eau douceeau douce sont les plus menacées. D'après l'étude, 30 % des reptiles d’eau douce sont proches de l'extinction. Le taux passe à 50 % si l'on ne considère que les tortues. En plus de la destruction de leur habitat, elles sont braconnées pour le commerce de leur carapace.

    L’Homme toujours en cause

    Les reptiles terrestres sont moins menacés. Toutefois, leurs exigences biologiques et environnementales ainsi qu'une faible mobilité les rendent particulièrement vulnérables aux pressionspressions humaines. En Haïti, six des neuf espèces de lézards Anolis incluses dans cette étude présentent un risque élevé d'extinction, en raison de la déforestation massive qui frappe le pays.

    Les conclusions de cette étude sont alarmantes, parce qu'elles sont à l'échelle globale. L'étude est un bon indicateur pour évaluer le succès de conservation, le suivi des tendances des risques d'extinction au fil du temps et de la capacité de l'humanité à appliquer des plans de conservation de la biodiversité.