Pêches et aquaculture sont vitales pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Dans cet entretien, un expert de la FAO, Ichiro Nomura, Sous-Directeur général (Pêches), parle de la pêche et de l'aquaculture qui aident des millions de personnes dans le monde en leur fournissant de quoi se nourrir, en soutenant le développement et en atténuant la pauvreté.

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    La pêche et l'aquaculture fournissent emplois et revenus tout en renforçant la sécurité alimentaire.

    La pêche et l'aquaculture fournissent emplois et revenus tout en renforçant la sécurité alimentaire.

    En quoi la pêche et l'aquaculture sont-elles importantes pour le développement, la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté?

    Plus de 852 millions de personnes de par le monde n'ont pas assez à manger. Cette situation est insoutenable et entrave le développement. Des millions de petits pêcheurs et de pisciculteurs, souvent très pauvres, dépendent de la pêche et de l'aquaculture. Pour la FAOFAO, la pêche et l'aquaculture, qui offrent gagne-pain et nourriture à ces populations, sont primordiales. Nous estimons qu'elles peuvent être pratiquées dans une optique durable.

    La pêche et la pisciculture contribuent à la sécurité alimentaire essentiellement de trois manières: elles augmentent directement les disponibilités vivrières, fournissant des protéinesprotéines animales hautement nutritives et d'importants oligo-élémentsoligo-éléments; le poisson sert également de complément alimentaire en cas de pénurie d'autres vivres; elles offrent des emplois et des revenus que les gens utilisent pour acheter d'autres produits alimentaires.

    De quelles quantités de nourriture peut-on parler?

    Un peu plus de 100 millions de tonnes de poisson sont consommées dans le monde chaque année, assurant à 2,5 millions d'êtres humains au moins 20 pour cent de leurs apports moyens par habitant en protéines animales.

    Cette contribution est encore plus importante dans les pays en développement, en particulier les petits pays insulaires et les régions côtières, où les populations tirent fréquemment plus de 50 % de leurs protéines animales du poisson. Dans certaines des zones les plus touchées par l'insécurité alimentaire - en Asie et en Afrique, par exemple - les protéines du poisson sont indispensables car elles garantissent bonne partie du niveau déjà bas d'apport en protéines animales.

    Vous avez également évoqué les revenus...

    En effet. En fournissant des emplois, les pêches et l'aquaculture atténuent la pauvreté et aident les gens à renforcer leur sécurité alimentaire. Il ne faut pas oublier qu'environ 97 pour cent des pêcheurs vivent dans les pays en développement, où la pêche est extrêmement importante. Par ailleurs, en l'absence de sécurité sociale ou d'allocations chômage, la pêche peut être une activité de dernier ressort, un "filet de protection" qu'offre la nature.

    Paradoxalement, cette caractéristique des pêches, qui leur confère une valeur particulière, peut aussi, malheureusement, donner lieu à une pêche excessive et à l'appauvrissement des ressources.

    Et puis, il y a aussi l'activité économique liée indirectement aux pêches et à l'aquaculture, et qui fait vivre 200 millions de personnes, selon nos estimations. Le commerce international du poisson crée beaucoup d'emplois dans des secteurs comme la transformation ou le conditionnement.

    Le commerce du poisson?

    Oui, il est très développé. Le carpaccio de poulpe que vous dégustez à un barbar à tapas à Barcelone pourrait avoir été pêché par un navire de l'Union européenne avec un équipage ukrainien pêchant au large de la Mauritanie, puis congelé en bloc sur place et vendu sur un marché à Vigo, sur la côte Atlantique de l'Espagne, avant d'arriver sur votre table «fraîchement pêché».

    En tout, environ 38 pour cent de tout le poisson capturé fait l'objet d'échanges internationaux. La valeur totale des exportations mondiales de poisson et de produits halieutiques avoisine les 60 milliards de dollars E-U! Et la part en volumevolume des pays en développement des exportations de produits de la pêche représente un peu plus de la moitié, soit 55 pour cent.

    C'est une source fondamentale de recettes en devises pour les pays pauvres. Les recettes nettes en devises des pays en développement tirées du commerce de poisson s'élèvent actuellement à quelque 17 milliards de dollars par an, soit plus que toutes leurs exportations de thé, de riz et de café réunies.

    Mais là encore, il se pourrait que les plus hauts revenus tirés de l'exportation du poisson réduisent les disponibilités ichtyques locales et incitent à la surpêchesurpêche. Ceci comporte à la fois une opportunité et un risque, d'où l'importance de la pêche responsable.