Près de 18 espèces d’odontocètes, des cétacés à dents, apprécient les eaux du Pacifique situées autour de l'archipel d’Hawaï. Grâce à une étude menée durant 13 années, ces mammifères marins ont dévoilé de nouveaux détails méconnus de leurs habitudes, comme leur préférence pour des profondeurs bien précises.

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    Les eaux du Pacifique abritant l'archipel d’Hawaï sont appréciées des surfeurs, mais aussi des odontocètes. Pour preuve, 18 espèces de ces cétacés à dents y ont élu domicile à l'année ou à la saison. Mais voilà, elles sont de plus en plus confrontées à diverses activités anthropiques (aquaculture, filière des énergies marines renouvelables, etc.), sans que nous sachions quelles conséquences cela peut avoir sur leurs populations. En effet, ces mammifères marins sont moins connus qu'on ne le pense, mais les choses évoluent.

    De 2000 à 2012, soit durant 13 années, des chercheurs menés par Robin Baird (Cascadia Research Collective, États-Unis) ont parcouru 84.758 km à bord de petites et moyennes embarcations (de 5,5 m à 18 m) dans le but de mieux connaître ces espèces. Les efforts se sont concentrés autour des quatre îles principales de l'archipelarchipel d'Hawaï, dont Oahu, sur laquelle se trouve Honolulu. Près de 2.018 odontocètes ont été aperçus et bien souvent photographiés (une opération nécessaire pour identifier les espèces avec précision), tandis que de multiples heures d'enregistrements audio ont été accumulées sous l'eau.

    Grâce à cette approche unique en son genre, nous savons désormais où vivent et plongent préférentiellement les cétacés en question, ainsi que les profondeurs qu'ils affectionnent. Car chaque espèce a sa préférence, si l'on en croit les résultats publiés dans la revue Aquatic Mammals.

    Au large d'Hawaï, les baleines pilotes (<em>Globicephala macrorhynchus</em>) apprécient plonger entre 500 et 2.500 m de profondeur dans les eaux du Pacifique. Les adultes mesurent cinq à sept mètres de long, pour un poids pouvant atteindre quatre tonnes. © Chris Vees, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Au large d'Hawaï, les baleines pilotes (Globicephala macrorhynchus) apprécient plonger entre 500 et 2.500 m de profondeur dans les eaux du Pacifique. Les adultes mesurent cinq à sept mètres de long, pour un poids pouvant atteindre quatre tonnes. © Chris Vees, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Profondeur de prédilection pour chaque odontocète

    Ainsi, les grands dauphins (Tursiops truncatusTursiops truncatus) et les dauphins à long becbec (Stenella longirostris) plongent à moins de 1.000 m de profondeur. Pour leur part, les cachalots nains (Kogia sima) et les baleines pilotes (Globicephala macrorhynchus) aiment plutôt évoluer entre 500 et 2.500 m sous la surface du Pacifique. Enfin, certaines espèces apprécient les grandes profondeurs, puisqu'elles descendent régulièrement à plus de 3.000 m. Il s'agit notamment du grand cachalot (Physeter macrocephalusPhyseter macrocephalus), du dauphin bleu (Stenella coeruleoalbaStenella coeruleoalba), du dauphin de Risso (Grampus griseus) et du dauphin à bec étroit (Steno bredanensis). À noter : 14 des 18 taxonstaxons ont été observés durant toutes les saisons océanographiques.

    Des distributions géographiques des différents mammifères marins ont également été dressées. Visiblement, certaines espèces apprécient plus certaines îles que d'autres. Par exemple, 25,6 % des cétacés à dents observés autour des îles de Kaua'i et Ni'ihau étaient des dauphins à bec étroit (Steno bredanensis). Par ailleurs, d'après les résultats, les aquaculteursaquaculteurs auront du mal à trouver de nouvelles zones dépourvues de chapardeurs de poissons où s'installer. Oui, les cétacés piscivorespiscivores sont partout et à toutes les profondeurs utilisables !

    De même, les manœuvres navales régulièrement menées par l'US Navy ne peuvent être réalisées sans impacter des odontocètes, notamment les ziphiidés, les dauphins d'Électre (Peponocephala electra) ou les orquesorques pygmées (Feresa attenuata). En effet, ils sont sensibles aux sonars employés par l'armée sur les lieux et aux profondeurs qu'ils affectionnent. Reste maintenant à voir quel accueil sera fait à l'arrivée de ces nouvelles données.