La Lucilie cuivrée… Un bien joli nom pour cette mouche dévoreuse de chair, qui décime les troupeaux de moutons australiens. Pour s’attaquer à ces parasites, fléau des éleveurs du Nouveau monde, des chercheurs ont rendu, par manipulation génétique, les larves dépendantes à un antibiotique. De quoi faire machine arrière si l'éradication de l'espèce va trop loin.

au sommaire


    Ne vous fiez pas à l'allure inoffensive de la Lucilie cuivrée. Cette mouche à viande de couleurcouleur bronzebronze, de 9 mm de long, fait des ravages dans les troupeaux d'ovins en Australie et en Nouvelle Zélande. Comme le rappelle l'Inra, elle pond ses asticots dans les replis malodorants du mouton, autour de son périnéepérinée. Les larves creusent alors la chair et dévorent sur pied le mammifère, qui meurt si l'affection n'est pas prise en charge

    Mais le seul traitement actuel, le mulesing, peut sembler pour le moins barbare. Cette technique consiste en l'ablationablation des replis de peau autour du périnée de l'agneau âgé de 2 à 6 semaines. La cicatrisationcicatrisation laisse un épidermeépiderme lisse et glabreglabre qui n'intéresse plus la Lucilia cuprina. Cette opération peu coûteuse, loin d'être idéale, est un moyen efficace de prévention contre la myiase provoquée par l'agression des asticots.

    Les scientifiques cherchent des solutions alternatives. Ils ont tenté la méthode de l'insecte mâle stérilisé par modification génétique. Cette technique a fait ses preuves pour éradiquer des Amériques Centrale et du Nord, un proche parent, la Lucilie bouchère, qui, elle, était capable de s'attaquer à l'Homme, ou encore la mouche des fruits en Argentine. Les femelles, qui ne s'accouplent qu'une fois au cours de leur vie, ont de grandes chances de le faire avec un des milliers de mâles OGM libérés dans la nature. La reproduction est alors beaucoup plus réduite et le risque de myiase limité. Ce plan de stérilisation des « mouches mangeuses d'hommes » a été extrêmement onéreux. Pour la Lucilie cuivrée, cette approche a été abandonnée en raison des coûts et des difficultés d'élevage en massemasse des mâles stérilisés.

    Les myiases touchent principalement les moutons élevés de plein air. La Lucilie cuivrée est responsable de 90 % des myiases ovines en Australie et Nouvelle-Zélande. © Tim Gould, Flickr/licence Creative Commons

    Les myiases touchent principalement les moutons élevés de plein air. La Lucilie cuivrée est responsable de 90 % des myiases ovines en Australie et Nouvelle-Zélande. © Tim Gould, Flickr/licence Creative Commons

    S’attaquer à la mouche pondeuse par leur mâle

    Les chercheurs de la North Carolina State University ont choisi une autre approche, moins dépensière donc peut-être plus réaliste. Pour contrôler les populations de mouches à viande du mouton australien, Max Scott et son équipe ont modifié génétiquement les femelles de façon à ce qu'elles deviennent dépendantes d'un antibiotiqueantibiotique classique. Sans tétracyclinetétracycline, elles meurent. Et ce au stade larvaire.

    Les larves mâles, quant à elles, survivent. En s'accouplant, ils transmettent à leur descendance femelle, cette dépendance létale à l'antibiotique. Ainsi la population de ces nuisibles est contrôlée. Et non pas complètement éradiquée. S'il s'avérait que la disparition de ces mouches modifiait dangereusement l'écosystèmeécosystème, il suffirait de fournir de la tétracycline pour ranimer cette espèceespèce.

    Cette modification génétiquegénétique a un effet imprévu qui peut s'avérer bien pratique. Les larves femelles génétiquement modifiées ont pris une couleur pourpre. Cette teinte est la conséquence de la surexpression de la protéineprotéine marqueur du gènegène qui rend l'insecte tributaire de l'antibiotique. Il est plus facile de séparer les larves mâles des larves femelles ! Cette étude, publiée dans Insect Biochemistry and Molecular Biology, indique que ce système mis au point pour la Lucilie cuivrée, pourrait être facilement transférable à d'autres mouches ravageuses de troupeaux.