Dans les villes, les moineaux se raréfient, comme chacun peut le constater et comme les études l’ont démontré. En comparant des populations citadines et rurales, des biologistes ont trouvé une explication, mais qui n’est pas la seule : les oiseaux des villes mangent trop gras…

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    Plusieurs études récentes ont rapporté un déclin du moineau domestique dans les métropoles européennes, alors que cet oiseau est une espèce urbaine par excellence en Europe occidentale. Une équipe du Centre d'études biologiques de Chizé (CNRS, université de La Rochelle) a tenté de comprendre les causes de ce phénomène. Pour cette étude, dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue Plos One, les biologistes ont mené leurs travaux sur 110 moineaux (68 adultes et 42 jeunes âgés de quelques semaines), capturés sur deux sites urbains et deux sites ruraux de la région Poitou-Charentes.

    Leur but était de déterminer si vivre en ville avait des répercussions sur l'état nutritionnel et la physiologie des volatiles, pouvant expliquer leur déclin en milieu urbain. Pour ce faire, les chercheurs ont réalisé des mesures morphologiques et physiologiques sur chaque oiseau. Ils ont par exemple évalué la taille de leur bec, de leurs pattes et de leurs ailes, leur massemasse corporelle et la quantité de graisse au niveau du cou.

    Le moineau domestique (<em>Passer domesticus</em>) s’est bien adapté aux villes car, omnivore et opportuniste, il s’est bien adapté à la nourriture disponible... à tel point que, comme beaucoup d’humains, il consomme trop de graisses. © Paul Tixier

    Le moineau domestique (Passer domesticus) s’est bien adapté aux villes car, omnivore et opportuniste, il s’est bien adapté à la nourriture disponible... à tel point que, comme beaucoup d’humains, il consomme trop de graisses. © Paul Tixier

    Les oisillons citadins sont gavés de gras plutôt que de protéines

    Les résultats montrent notamment que, comparés aux populations rurales, les volatiles urbains adultes étaient sensiblement plus petits de 5 à 10 % et moins gros (26 g contre 28 en moyenne). Paradoxalement, les jeunes urbains se sont révélés significativement plus gras que les ruraux, avec un score de gras moyen de 2,5 contre 1,9. « Ces données suggèrent que les moineaux urbains ont une nourriture trop grasse. En effet, pour une bonne croissance, les oisillons doivent surtout incorporer des protéinesprotéines, via l'ingestioningestion d'insectesinsectes ; or en ville, ils ont davantage accès à des aliments gras issus des activités anthropiques », explique le biologiste Frédéric Angelier.

    Cette nourriture inadaptée pourrait contribuer au déclin des moineaux en ville en nuisant non pas à la survie des oiseaux adultes, mais à leur reproduction - avec moins d'œufs produits -, ainsi qu'à la croissance et à la survie de leurs petits. « Cependant, souligne Frédéric Angelier, cette nourriture trop grasse ne doit pas être le seul facteur responsable. D'autres paramètres pourraient aussi jouer de façon conjuguée, comme les pollutions sonore ou atmosphérique. »