Immédiatement après une marée noire, le fioul a un impact néfaste sur la biodiversité. Plus tard, les résidus de pétrole issus du raffinage frappent à leur tour. En interaction avec le soleil, ces produits ont un effet létal sur les organismes qui vivent en eaux peu profondes.

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    Chez les harengs du Pacifique, les femelles peuvent pondre 20.000 œufs à la fois. © Steve Wyshy, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Chez les harengs du Pacifique, les femelles peuvent pondre 20.000 œufs à la fois. © Steve Wyshy, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Même les petites marées noires peuvent avoir des effets néfastes à long terme sur la biodiversité et pas toujours de la façon attendue. Ainsi, en analysant les stocks de harengs du Pacifique vivant à l'intérieur et autour de la baie de San Francisco, zone qui a connu une marée noire en novembre 2007, les scientifiques se sont rendu compte que l'interaction entre le soleilsoleil et des substances chimiques pouvait avoir des effets létaux inattendus.

    C'est au cours d'une journée bien brumeuse - un temps typique de la baie de San Francisco - que le Cosco Busan, un porteporte-conteneur coréen, a heurté un des piliers du Bay BridgeBridge, qui relie San Francisco à Oakland. S'en est suivie une petite marée noire : environ 200.000 litres de mazout ont été déversés à l'intérieur de la baie.

    Toxicité cardiaque chez les harengs après une marée noire

    Une équipe de chercheurs américains a évalué l'impact à court et à long terme de cet accidentaccident sur les harengs du Pacifique (Clupea pallasii), dont une des plus importantes populations colonise la zone. Ils ont découvert que les traitements réservés aux harengs en liberté et à ceux de fermes d'élevage ne sont pas identiques.

    Le <em>Cosco Busan</em>, à Oakland, dans la baie de San Francisco, après avoir heurté un des piliers du Bay Bridge. © Scary Cow, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Le Cosco Busan, à Oakland, dans la baie de San Francisco, après avoir heurté un des piliers du Bay Bridge. © Scary Cow, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Trois mois après la marée noire, les scientifiques ont observé la santé des embryonsembryons de ces deux catégories de poissons. Les poissons d'élevage, qui sont enfermés dans des cages à plusieurs mètres sous l'eau, ont donné naissance à des embryons présentant une forte toxicité cardiaque, néanmoins non létale, typique d'une intoxication au fioul. Ces symptômessymptômes étaient toujours visibles deux ans après.

    Les poissons d'élevage moins exposés

    Les poissons en liberté viennent quant à eux déposer leurs œufs au niveau de l'estran ou dans les zones de faible profondeur. Pour ces embryons, les chercheurs ont constaté des nécroses importantes et létales des différents tissus, indiquant qu'ils n'avaient pas souffert des mêmes maux que leurs congénères d'élevage.

    C'est le soleil qui est responsable du sort des harengs en liberté. Ou plutôt l'interaction entre les produits chimiques contenus dans le mazoutmazout - et plus particulièrement les résidus de pétrolepétrole - et le soleil.


    Embryons de harengs en liberté provenant de la baie de San Francisco après la marée noire du Cosco Busan en 2007. Les deux premières séquences montrent des embryons prélevés en 2008. On note une absence de mobilité lorsqu'ils sont stimulés. Les embryons de 2010 (séquence 3) ont retrouvé une mobilité normale. © Incardona et al. 2011, Pnas

    Comme indiqué dans un article de Pnas, les chercheurs ont ainsi montré que la marée noire avait non seulement eu un impact direct, mais également indirect, à cause du soleil, qui a frappé les embryons des eaux peu profondes. Cet impact est d'autant plus important que les embryons de harengs sont translucidestranslucides.

    En outre, l'étude montre que les composants du fuel ne sont pas les seuls produits chimiques dont l'impact doit être analysé après une marée noire. Les résidus de pétrole, issus du raffinageraffinage, doivent aussi être pris en compte car leur nocivité est importante.