Comme les humains, les macaques rhésus adoptent un langage simplifié pour se faire comprendre des tout-petits et attirer leur attention. Mais seulement avec ceux des autres…

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    Des femelles rhésus, en compagnie de petits, qu’elles adorent regarder et dont elles attirent l’attention par des cris spéciaux. © Dario Maestripieri, University of Chicago

    Des femelles rhésus, en compagnie de petits, qu’elles adorent regarder et dont elles attirent l’attention par des cris spéciaux. © Dario Maestripieri, University of Chicago

    Lorsqu'ils veulent communiquer avec des bébés, les primates émettent des vocalises particulières, plus aigues, qui ressemblent étrangement aux « arrheu arrheu » et autres « guiliguili » que les humains affectionnent dans les mêmes occasions. Cette manière d'établir une relation vocale avec un très jeune enfant est-elle ancestrale ?

    Pour en avoir le cœur net, une équipe américaine, menée par le primatologue Dario Maestripieri, de l'université de Chicago, a étudié une population de macaques rhésus vivant sur une petite île située à environ un kilomètre de Puerto Rico. Ils se sont plus particulièrement intéressés à ces vocalises spéciales, appelées girneys en anglais, pour vérifier dans quelles circonstances elles sont utilisées.

    Le résultat semble clair : les femelles s'en servent systématiquement et uniquement pour attirer l'attention des très jeunes macaques. En même temps que des grognements particuliers, ces cris aigus sont accompagnés d'un intense mouvementmouvement de la queue tandis que la femelle regarde le petit avec insistance.

    Passionnées par les enfants des autres

    Ce mode de communication s'inscrit également dans un comportement collectif. Les femelles, par groupes, portent une attention soutenue non seulement à leur propre progéniture mais aussi aux petits des autres. Dès que l'un d'eux s'éloigne du groupe, par exemple, une ou plusieurs femelles le suivent des yeuxyeux et finissent par émettre ces vocalises particulières,  manifestement destinées au fuyard. D'une manière générale, explique Jessica Whitha, une jeune chercheuse ayant participé à l'étude, « les femelles sont passionnées par l'observation des enfants des autres groupes ».

    Ces comportements spécifiques ont aussi un effet apaisant sur les relations entre les femelles elles-mêmes en améliorant la tolérance entre les individus. Quand une femelle émet ce genre de son, les autres les interprètent comme un jeu avec les petits et non comme une forme de communication, éventuellement agressive, dirigée vers les autres adultes.

    Mais contrairement au cas humain, ces vocalises destinées aux jeunes ne sont jamais utilisées par une femelle pour communiquer avec sa propre progéniture. « C'est peut-être parce que la femelle est habituée à la présence de son petit mais se trouve excitée par la vue des autres » avance Dario Maestripieri.