Des chercheurs ont identifié des mécanismes génétiques associés à la domestication du lapin, un phénomène biologique qui est longtemps resté un mystère. Des gènes impliqués dans le développement du cerveau et du système nerveux auraient joué un rôle.

au sommaire


    Le lapin vit avec les humains depuis seulement 1.400 ans et on sait précisément où cette histoire a commencé. Il constitue donc un bon modèle pour comprendre comment la domestication modifie à long terme un animal. © Manel pv, Wikimedia Commons, DP

    Le lapin vit avec les humains depuis seulement 1.400 ans et on sait précisément où cette histoire a commencé. Il constitue donc un bon modèle pour comprendre comment la domestication modifie à long terme un animal. © Manel pv, Wikimedia Commons, DP

    La domestication des plantes et des animaux représente une étape essentielle dans l'histoire de l’agriculture. Elle a commencé il y a 9.000 à 15.000 ans pour les animaux et a d'abord concerné les chiens, vaches, moutons, chèvres et cochons. Le lapin a été domestiqué bien plus tard, il y a environ 1.400 ans dans des monastères du sud de la France. L'église catholique avait décrété que les jeunes lapins ne pouvaient pas être considérés comme de la viande, mais comme du poisson. Conséquence : on pouvait en manger pendant le carême, d'où l'intérêt de faire des élevages... À cette époque, l'ancêtre sauvage, le lapin européen Oryctogalus cuniculus, vivait dans la péninsule ibérique et au sud de la France.

    Dans un article paru dans Science, des chercheurs de plusieurs laboratoires internationaux ont voulu comprendre les modifications génétiquesgénétiques qui ont permis aux lapins sauvages de devenir des lapins domestiques. En effet, cet animal est un modèle particulièrement intéressant pour étudier la génétique de la domestication : elle est plutôt récente, on connaît l'endroit où elle a eu lieu et il s'agit d'une région toujours peuplée de lapins sauvages.

    La domestication des animaux conduit généralement à des changements de comportement, de morphologiemorphologie, de physiologie et de reproduction. Toutes ces modifications ont-elles une origine génétique ? Pour le savoir, les scientifiques ont séquencé les génomesgénomes de lapins représentant 6 races domestiques et des lapins sauvages provenant de 14 lieux différents de la péninsule ibérique et du sud de la France.

    Dans la nature, le lapin doit se méfier des prédateurs. Son cerveau doit être en alerte et bien réagir. © MartheKryvi, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Dans la nature, le lapin doit se méfier des prédateurs. Son cerveau doit être en alerte et bien réagir. © MartheKryvi, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    La génétique explique le changement de comportement du lapin

    En analysant ces génomes, les chercheurs ont constaté qu'il y a très peu d'exemples où un variant génétique courant chez les lapins domestiques a complètement remplacé le variant génétique des lapins sauvages. On observe plutôt des changements dans les fréquences de ces variants. La domestication semble avoir impliqué de petits changements dans de nombreux gènesgènes et non des changements drastiques dans un petit nombre de gènes.

    Les scientifiques ont aussi constaté beaucoup de modifications dans la partie non-codante du génome. C'est pourquoi la différence entre un lapin sauvage et un lapin domestique résiderait notamment dans la façon dont les gènes sont contrôlés, c'est-à-dire comment ils s'expriment dans les différentes cellules : les changements sur des sites de régulation auraient joué un rôle bien plus important que dans les séquences codantes.

    Parmi les gènes ciblés lors de la domestication, les chercheurs ont relevé des gènes impliqués dans le développement du cerveau et du système nerveux. Ceci pourrait expliquer les changements de comportement observés chez le lapin. En effet, contrairement aux lapins domestiques, les lapins sauvages doivent se protéger des aigles, faucons, renards et humains chasseurs. Ils doivent donc être très alertes et réactifsréactifs pour survivre.