40.000 espèces d’araignées carnivores, et moi, et moi, et moi ?!? pourrait s’exclamer cette singulière araignée végétarienne d’Amérique centrale.

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    Une Bagheera kiplingi femelle en train de manger un corps beltien volé sur un acacia. © R. L. Curry

    Une Bagheera kiplingi femelle en train de manger un corps beltien volé sur un acacia. © R. L. Curry

    Bagheera kiplingi, puisque c'est son nom (en l'honneur de l'auteur du Livre de la Jungle, de Rudyard Kipling), est une petite araignée sauteuse d'Amérique centrale dont l'écologie et le comportement viennent d'être mis au grand jour par les chercheurs Christopher Meehan, de l'Université de Villanova et Eric Olson, de l'Université de Brandeis.

    Cette araignée vit dans des arbustes d'acacias impliqués dans une relation symbiotique avec des fourmis. Les fourmis défendent férocement l'arbuste, qui leur fournit le gîte et le couvert, grâce à ses épines creuses, son nectar et ses corps beltiens (sécrétionssécrétions protéiques et lipidiques). Un échange de bons procédés, en d'autres termes... que Bagheera kiplingi exploite, sans faire sa quote-part du travail. Elle triche : elle vole le nectar et les corps beltiens sans protéger l'acacia. L'exploit est d'arriver à éviter les patrouilles de fourmis, ce qu'elle fait grâce à son excellent champ de vision, son agilité et des capacités cognitives évoluées.

    <em>Bagheera kiplingi</em> sur le tronc d'un acacia, un corps beltien entre ses chélicères. © R. L. Curry

    Bagheera kiplingi sur le tronc d'un acacia, un corps beltien entre ses chélicères. © R. L. Curry

    La symbiose et son passager clandestin

    Olson a découvert cette espèce au Costa Rica en 2001 et Meehan a observé son comportement en 2007. Ils se sont donc associés pour observer, de manière directe et par enregistrement vidéo, le comportement de cette araignée. Les analyses isotopiques de l'azoteazote et du carbonecarbone du système Fourmis-Acacia, de Bagheera kiplingi et d'autres araignées révèlent que l'araignée végétariennevégétarienne est plus similaire au système symbiotique qu'à toute autre araignée et qu'elle se nourrit principalement des corps beltiens.

    Cette découverte a beaucoup d'implications. Elle montre que la co-évolution entre une fourmi et une plante peut développer des structures potentiellement vulnérables à une tierce partie, même si ce sont des araignées, traditionnellement orientées vers la prédation. En outre, ces araignées vivent en nids très denses et des indices suggèrent que les mâles adultes s'occupent des œufs et des petits, comportement jusque-là inconnu chez les autres espèces d'araignées. La transition vers un régime herbivoreherbivore pourrait avoir fortement influencé l'évolution sociale de cette espèce.