Les fourmis Lepisiota canescens font partie désormais du club très fermé des fourmis formant des supercolonies. C’est ce qu’ont découvert des scientifiques qui étudient les petites forêts résiduelles qui entourent des églises orthodoxes en Éthiopie. Selon eux, elles ont les qualités d’une espèce invasive prête à conquérir le monde.

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    Au cours de leurs investigations sur la biodiversité au sein des petits îlots de forêts qui s'étendent sur un à 400 hectares tout autour des églises orthodoxes, en Éthiopie (certains de ces édifices datent de 15 siècles), un groupe de chercheurs a découvert que les fourmis Lepisiota canescens établissent des supercolonies, dont la plus grande s'étend sur 38 km. Pour mesurer l'ampleur de cette extension, Magdalena Sorger, du Musée de sciences naturelles de Caroline du Nord, et son équipe, ont réalisé la plus grande étude sur des supercolonies de fourmis indigènesindigènes.

    L'observation n'a rien d'anodin car il n'existe que vingt espèces de fourmis connues dans le monde qui adoptent ce comportement, consistant en une extension au-delà d'un seul nid et sur de grandes superficies. Les individus observés sont tous originaires de la même région et présentent une grande diversité génétiquegénétique qui indique qu'ils ne sont pas tous en lien étroit.

    Cette fourmi risque fort de devenir invasive

    À ce fait remarquable s'ajoute qu'elles ont le potentiel d'être une espèce invasiveespèce invasive, à l'instar de leurs cousines du genre Lepisiota en Afrique du Sud, dans le parc national Kruger, ou en Australie où le port de DarwinDarwin a été contraint de fermer plusieurs jours afin d'éviter leur propagation. En Éthiopie, elles poursuivent leur expansion à travers les forêts éclaircies, et les quittent même pour investir les champs environnants. Elles profitent aussi de plus en plus des routes en constructionconstruction afin d'élargir leurs horizons...

    Pour l'auteure principale de l'étude publiée dans la revue internationale Insectes Sociaux, « ce ne serait que le début. Les espèces que nous avons trouvées en Éthiopie ont un fort potentiel de devenir une espèce invasive à l'échelle mondiale. Elles voyagent souvent avec les humains, rappelle-t-elle, et comme le tourisme et le commerce mondial continuent d'augmenter dans cette région, il en est de même de la probabilité que les fourmis puissent partir faire un tour, peut-être dans du matériel végétal ou même dans les bagages des touristes. Il suffit d'une reine enceinte. C'est comme ça que les fourmis de feu ont commencé ! » Rappelons que ces dernières ont conquis le monde en quelques décennies.