Les coraux devraient avoir complètement disparu de la Terre à la fin de ce siècle si l’augmentation de la pollution atmosphérique par le CO2 se poursuit selon les projections actuelles, conclut une équipe internationale de scientifiques.

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    La Grande Barrière de Corail au large de l’Australie, vue depuis la Station Spatiale Internationale. Crédit Nasa

    La Grande Barrière de Corail au large de l’Australie, vue depuis la Station Spatiale Internationale. Crédit Nasa

    Cette étude sur les prévisions les plus optimistes du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), qui postulent une augmentation du taux de CO2 atmosphérique jusqu'à 550 ppmppm entraînant une élévation de la température globale de 2 °C à la fin du siècle.

    Les scientifiques ont basé leur simulation sur la chimiechimie des eaux océaniques, sachant qu'environ un tiers du dioxyde de carbone émis dans l'atmosphère est absorbé par l'océan, réduisant ainsi l'eftt de serre mais acidifiant la mer. Cette acidification empêche les coraux de fixer le carbonate de calcium qui constitue leur squelette et peut aller jusqu'à en fragiliser, voire détruire la structure.

    Les conséquences de l'augmentation de l'acidité et de l'élévation de température associée ont été estimées sur la base de plusieurs hypothèses, centrées sur des taux de CO2 allant de 380 ppm (correspondant au taux actuel), et au-delà.

    Dans un premier scénario, considéré très improbable car il postule que le taux de CO2 se stabilise à son niveau actuel de 380 ppm, la température ne s'élève que de 1°C et les coraux ne sont pas immédiatement en danger. Les récifs coralliens peuvent poursuivre leur développement sur le mode actuel en fixant le carbonate dans la majorité des endroits.

    Un second scénario postule qu'un large consensus international réussit à imposer une limitation des émissionsémissions de CO2 en deçà des limites aujourd'hui recommandées. Le taux atteint alors 450 à 500 ppm et l'atmosphère se réchauffe de 2 °C. Les variétés de coraux les plus résistantes à la chaleurchaleur et à croissance rapide prennent le dessus, les poissons et les invertébrésinvertébrés typiques des récifs coralliens disparaissent en raison de leur spécialisation, ce qui entraîne un changement majeur dans la biodiversitébiodiversité.

    A partir d'un taux de CO2 de 550 ppm, la température globale augmente de 3 °C et tous les coraux disparaissent à l'exception de quelques rares espècesespèces calcairescalcaires (CnidairesCnidaires, Anthozoaires, Hexacoralliaires, ScléractiniairesScléractiniaires). Les récifs s'effondrent, entraînant la disparition de la moitié de la faunefaune environnante

    Si les tendances actuelles se maintiennent, la concentration devrait atteindre 880 ppm d'ici la fin du siècle, ce qui provoquerait la disparition totale de toutes les espèces coraliennes, la destruction des récifs ainsi qu'une cascade de conséquences aussi bien humanitaires qu'économiques.

    Selon le groupe environnemental The Nature Conservancy, les récifs coralliens génèrent un revenu mondial annuel de 375 milliards de dollars. Plusieurs espèces, suspectées de produire naturellement des substances efficaces pour le traitement de certaines maladies, et même du cancercancer font actuellement l'objet d'études scientifiques. Les récifs ainsi que les espèces animales et végétales associées constituent aussi la principale source de nourriture de millions de personnes, et forment une protection contre l'érosion maritime des côtes.

    « Nous avons réellement besoin d'une réduction rapide du taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, déclare Ove Hoegh-Guldberg, professeur en sciences maritimes à l'université du Queensland (Australie) et co-auteur de l'étude en cours de parution dans la revue Science. L'impact du changement climatiquechangement climatique sur les récifs de corailcorail est beaucoup plus direct que ce que nous avions estimé ».

    « A moins que nous n'agissions très bientôt, il y a une vraie possibilité pour que tous les récifs de corail, ainsi que toutes les formes de vie qui en dépendent, ne survivent pas à ce siècle », déclare Ken CaldeiraCaldeira, un chercheur du projet.