Les nanoparticules représentent un formidable progrès technologique mais les effets sanitaires et environnementaux sont encore mal connus et découverts petit à petit. Deux études récentes montrent la nocivité des nanoparticules de polystyrène chez le poisson mais aussi chez le poulet. Et les humains ?

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    Les nanoparticules circulent le long de la chaîne alimentaire, des algues jusqu'au poisson, en passant par le zooplancton, comme les daphnies. © Cedervall et al. 2012, Plos One

    Les nanoparticules circulent le long de la chaîne alimentaire, des algues jusqu'au poisson, en passant par le zooplancton, comme les daphnies. © Cedervall et al. 2012, Plos One

    Les nanoparticules font désormais partie de notre quotidien. Les industriels en incorporent dans de nombreux produits comme les détergents, elles sont aussi présentes dans les médicaments ou l'alimentation. Elles sont si petites qu'elles traversent toutes les barrières et qu'on les retrouve donc au sein de tous les milieux, ce qui a inévitablement un impact sur la faune, par exemple les poissons.

    Des chercheurs de l'université de Lund, en Suède, ont étudié l'effet des nanoparticulesnanoparticules de polystyrènepolystyrène sur la chaîne alimentairechaîne alimentaire marine et particulièrement sur le consommateur final : le poisson (qui se nourrit de zooplancton, qui mange lui-même des algues). Les résultats des recherches, accessibles sur le site de Plos One, montrent que ces nanoparticules se transmettent des algues au zooplancton et finissent par infecter les poissons.

    L'effet néfaste des nanoparticules sur le métabolisme des lipides

    Plusieurs symptômessymptômes ont été relevés : perte de poids, perturbation du rapport triglycéride-cholestérolcholestérol dans le sang et changement de la distribution du cholestérol entre le foiefoie et les muscles. Autant de signes qui indiquent une perturbation du métabolisme des lipides. En outre, des troubles du comportement ont été observés. Les poissons élevés avec un régime alimentaire de zooplancton contaminé mettent deux fois plus de temps à terminer un repas : ils sont moins habiles à la chasse et se déplacent plus lentement.

    Schéma des expériences. Les algues absorbent les nanoparticules de polystyrène et les transmettent au zooplancton. Le zooplancton est donné en repas aux poissons dans un milieu ne contenant pas de nanoparticules. © Cedervall <em>et al.</em> 2012 <em>Plos One</em>

    Schéma des expériences. Les algues absorbent les nanoparticules de polystyrène et les transmettent au zooplancton. Le zooplancton est donné en repas aux poissons dans un milieu ne contenant pas de nanoparticules. © Cedervall et al. 2012 Plos One

    Pourquoi les nanoparticules de polystyrène perturbent-elles le métabolismemétabolisme des lipideslipides ? Car certaines protéinesprotéines viennent s'agglutiner autour d'elles, en formant une sorte de couronne protéique. Parmi celles-ci, l'apolipoprotéine A1, qui est fortement impliquée dans la formation des lipides aussi bien chez les poissons... que chez les humains.

    Poissons, poulets et... humains

    Il y a deux semaines, une étude dans Nature Nanotechnology faisait également état des méfaits de ces nanoparticules de polystyrène, sur les poulets cette fois-ci. Des chercheurs new-yorkais montraient qu'à des doses auxquelles un humain pourrait raisonnablement être exposé, elles perturbent l'absorptionabsorption du ferfer et de quelques vitaminesvitamines au niveau des intestins.

    Les nanoparticules représentent une piste prometteuse pour la recherche et l'industrie, mais il semblerait que les effets ne soient pas encore tous compris. À cette taille, la matièrematière ne réagit pas de la même façon qu'à grande échelle. De plus en plus d'études montrent leur toxicitétoxicité sur l'environnement ou sur la santé. Une fois encore, le progrès technologique est allé plus vite que l'analyse de son impact...

    Afin de mieux informer les consommateurs, deux décrets, issus de la loi Grenelle 2 et parus au Journal officiel le 19 février, obligeront à partir du 1er janvier 2013, les producteurs, distributeurs et vendeurs à mentionner la présence et le cas échéant la quantité de nanoparticules dans leurs produits. Le consommateur saura donc ce qu'il achète. Néanmoins, rien ne sera dit sur les risques qu'il encourt.