Depuis les années 1960, le chant des baleines bleues (Balaenoptera musculus) devient plus grave. Chez la population la mieux étudiée, cette baisse de fréquence a atteint 31%. Nul ne sait pourquoi...

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    Le chant des baleines bleues est encore incompris. © NOAA, domaine public

    Le chant des baleines bleues est encore incompris. © NOAA, domaine public

    Mark A. McDonald de WhaleAcoustics (société spécialisée dans l'enregistrement des baleines de la côte californienne) et John A. Hildebrand, de l'Institution d'Océanographie Scripps, Université de Californie San Diego, ont tenté de comprendre l'évolution mystérieuse du chant des baleines bleues, toujours plus grave. Peut-être est-ce dû à une conjonctionconjonction de facteurs divers depuis la fin de la pêche baleinière.

    Le phénomène est global, relativement linéaire (régulier) et constant sur le long terme (depuis les années 1960). Malgré la mise en place de plus en plus dense de systèmes d'enregistrement acoustique automatiques et continus depuis plusieurs années, les raisons du chant des baleines bleues sont encore très largement incomprises. Une très grande quantité de données reste à interpréter pour tirer des connaissances sur les schémas de migration de ces baleines, la structuration de leur population, leur abondance et leur comportement.

    Seules choses sûres, il n'y a que les mâles qui chantent, même si les femelles utilisent d'autres signaux sonores, et seule la fréquence de ces chants a évolué. Le phrasé, les unités de base qui compose le chant, et les caractéristiques de celles-ci sont inchangés.

    Conséquence de la fin de la pêche baleinière ou question de mode ?

    Aucune des hypothèses avancées ne s'est révélée suffisante :

    • Le conformisme culturelle, qui pousse les individus à adopter la forme de comportement la plus commune, impliquerait un lien culturel mondial puisque le phénomène affecte toutes les populations des océans ;
    • L'augmentation du bruit des activités humaines, mais celui-ci n'est pas linéaire, contrairement à la variation du chant, et cette variation apporte un gain de communication des plus minimes ;
    • L’augmentation de la densité des baleines depuis la fin de la chasse, qui pourrait modifier la sélection sexuellesélection sexuelle entre individus, mais dans les deux sens : plus de mâles, donc plus de compétition (un chant grave est synonyme de corps imposant donc attractif pour les femelles), mais aussi plus de femelles, donc moins de compétition ;
    • Le changement climatiquechangement climatique qui augmente la concentration en CO2 et l’acidité des océans, ce qui permet aux sons de se propager plus vite. Mais les variations sont de l'ordre du dixième de pourcent alors que la fréquence du chant a baissé jusqu'à 31%.

    Les chercheurs en sont réduits à supposer la conjonction de plusieurs de ces facteurs, à savoir un fort conformisme culturel conjugué à l'augmentation du bruit océanique et à l'accroissement des densités de baleines bleues depuis la fin de la chasse à la baleine.

    Seule conclusion certaine, les baleines ne pourront continuellement baisser la fréquence de leur chant. Leur chant devrait donc cesser de descendre dans les basses avec la stabilisation de leurs populations. En attendant, elles chantent d'une voix toujours plus grave...