La redoutable et mystérieuse tumeur dite TVTC, ou sarcome de Sticker, touchant les chiens et sexuellement transmissible, a été séquencée. Se propageant par échange de cellules, à la manière d’un parasite et vieille de 11.000 ans, elle se serait répandue bien plus récemment, il y a moins de 500 ans.

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    La tumeurtumeur vénérienne transmissible canine, ou TVTC, ou encore sarcomesarcome de StickerSticker, est une terrible maladie pour les chiens. Elle apparaît au niveau des parties génitales des mâles et des femelles et se propage d'un individu à l'autre lors de l'accouplement, voire par morsure ou léchage. Un tel cancercancer contagieuxcontagieux est une rareté dans la nature. Le seul autre cas connu est celui des tumeurs de la face chez le diable de Tasmanie, un marsupialmarsupial (ressemblant d'ailleurs un peu au chien).

    Il est avéré que ce sont bien des cellules tumorales qui passent d'un individu à l'autre avant de s'y multiplier, comme le ferait un parasite. Cette propriété, connue depuis plusieurs années, fait de ces tumeurs la plus vieille lignée cellulaire connue. L'analyse génétiquegénétique avait en effet montré que ces cellules tumorales ne sont jamais celles du chien qui les portent, mais celles d'un autre... Cet ADNADN varie peu d'une tumeur à l'autre, si bien que les chercheurs soupçonnaient depuis longtemps que ce cancer est apparu une seule fois chez un chien, puis s'est répandu comme une épidémieépidémie.

    Puisqu'il y a transmission de génomesgénomes de chien à chien, il est possible de remonter l'histoire de cette contagion. C'est ce qu'a fait une équipe internationale (Brésil, Italie, Royaume-Uni), qui vient de publier ses résultats dans Science. Les chercheurs ont séquencé deux tumeurs prélevées sur deux chiens différents et, surtout, géographiquement éloignés, l'un issu d'un groupe d'aborigènes australiens et l'autre étant un cocker du Brésil.

    Deux jeunes diables de Tasmanie mâles. L'espèce, endémique à l'île du même nom, près de l'île principale de l'Australie, est en voie de disparition à cause d'une épidémie de cancer de la face qui ravage les populations de ces marsupiaux. © Devil Ark

    Deux jeunes diables de Tasmanie mâles. L'espèce, endémique à l'île du même nom, près de l'île principale de l'Australie, est en voie de disparition à cause d'une épidémie de cancer de la face qui ravage les populations de ces marsupiaux. © Devil Ark

    Un cancer qui recèle des secrets

    Selon l'équipe, ces deux lignées de tumeurs, très semblables, ont dû diverger voilà 460 ans pour se répandre à travers plusieurs continents. Les généticiensgénéticiens ont pu remonter bien plus loin encore et, s'appuyant sur les variants de 10.000 gènesgènes, ils concluent que la première des tumeurs TVTC est apparue il y a 11.000 ans. Cette analyse a donc permis, dans une certaine mesure, de dresser le portrait-robotrobot de ce premier chien chez qui est apparue cette étrange tumeur. Il aurait ressemblé à un husky actuel, avec le poil court de couleurcouleur brune ou noire.

    Les chercheurs se sont intéressés de plus près à cette tumeur hors normes. Ils y ont notamment comptabilisé 1,9 million de mutations, de petites différences entre cellules. Un nombre énorme, bien plus élevé que celui que l'on observe dans les tumeurs de cancers humains. Selon eux, elles seraient provoquées par l'exposition des tumeurs des parties génitales aux ultraviolets solaires.

    L'étude de ce cancer étonnant, avec ses lignées cellulaires plurimillénaires, pourra sans doute apporter de précieuses informations sur les tumeurs et même sur l'évolution. Cette TVTC nous montre aussi qu'un cancer contagieux n'est pas une impossibilité, même si, heureusement, aucun cas n'a jamais été rapporté chez les humains.