Un caméléon qui tient sur une tête d'allumette ! C'est Brookesia micra, qui vient d'être découvert à Madagascar. Trois autres espèces, également minuscules, ont été trouvées à l'extrême nord de l'île. Une taille que l'on doit au phénomène de nanisme insulaire.

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    Brookesia micra est la plus petite brookésie connue et les juvéniles mesurent environ 1 centimètre. © Glaw et al. 2012, Plos One

    Brookesia micra est la plus petite brookésie connue et les juvéniles mesurent environ 1 centimètre. © Glaw et al. 2012, Plos One

    Après les grenouilles miniatures, voici les minuscules caméléons. Quatre espèces de caméléons, appartenant au genre des brookésies (Brookesia), ont été découvertes à l'extrême nord de l'île de Madagascar. Chacune d'entre elles ne mesure que quelques dizaines de millimètres, se classant parmi les plus petits reptiles jamais découverts.

    Les brookésies sont toutes endémiquesendémiques de Madagascar et dépassent rarement 10 cm, queue comprise. Outre leur taille, le camouflage rend leur observation particulièrement délicate. Pourtant, l'équipe de chercheurs germano-américaine a débusqué quatre nouvelles espèces : Brookesia micra, B. confidens, B. tristis et B. desperata. Au cours de la nuit, ces caméléons grimpent dans les arbres pour dormir, c'est à ce moment qu'ils ont été capturés.

    Brookesia micra : 20 mm sans la queue !

    Ces êtres vivants détrônent donc B. minima au classement de la plus petite brookésie. Ils mesurent tous entre 20 et 30 mm et la palme revient à B. micra qui ne mesure que 20 mm queue exclue. Des analyses génétiquesgénétiques ont permis de séparer ces individus en quatre espèces différentes, toutes très proches mais distinctes de B. minima et des autres êtres vivants du cladeclade qu'elles forment. Des observations anatomiques, notamment des organes sexuels masculins (les hémipénis), permettent de conforter cette thèse. Les résultats de l'analyse sont publiés dans Plos One.

    <em>Brookesia micra </em>adulte. À noter la coloration orange de la queue. © Glaw <em>et al. </em>2012, <em>Plos One</em>

    Brookesia micra adulte. À noter la coloration orange de la queue. © Glaw et al. 2012, Plos One

    Le cas de B. micra est exceptionnel. Chez les animaux à sang froid (poïkilothermes), le nanisme est limité par le rapport volumevolume/surface de peau qui doit être assez grand afin de maintenir le corps à une température constante. Pourtant, cette espèce n'est pas le plus petit reptile connu. Le gecko Sphaerodactylus ariasae détient en effet ce titre - il mesure environ 18 mm sans la queue.

    Un nanisme insulaire extrême

    Si B. micra a évolué vers un nanismenanisme si poussé (d'où son nom, d'origine grecque, qui signifie petit), c'est probablement à cause de son habitat. Ce caméléon occupe en effet une petite île au nord de Madagascar et représente un cas extrême de nanisme insulaire qui s'est sans doute produit en deux temps. Une première étape sur l'île de Madagascar et une seconde sur Nosy Hara, l'île occupée par B. micra.

    <em>Brookesia micra </em>juvénile. © Glaw <em>et al. </em>2012, <em>Plos One</em>

    Brookesia micra juvénile. © Glaw et al. 2012, Plos One

    Ces quatre nouvelles espèces occupent des territoires particulièrement étroits, parfois restreints à de minuscules portions de forêts ou de localités. On parle de microendémisme. Il n'y a pas grand-chose à craindre si ces habitats font partie de zones protégées, comme c'est le cas pour B. confidens et c'est d'ailleurs pour cela que les chercheurs lui ont attribué ce nom (il signifie confiance en latin).

    Pour les deux dernières espèces découvertes, qui occupent des zones non protégées proches des villes, les chercheurs sont nettement moins rassurés. Les noms qu'ils ont choisis - B. tristis et B. desperata - témoignent de cette inquiétude.