Plus de 200 jours : voilà le temps qu’un martinet à ventre blanc peut tenir en l’air sans se poser. Ce chiffre vient d’être publié par des chercheurs de la Station ornithologique suisse. Il est irréfutable, car il s’appuie sur les mesures prises par des enregistreurs de données qu’ont emportés trois oiseaux durant leur migration hivernale en Afrique de l’Ouest.

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    Pendant combien de temps un oiseau peut-il rester en vol, sachant que ce mode de locomotion est particulièrement énergivore ? Une réponse pour le moins surprenante, mais irréfutable, vient d'être publiée dans la revue Nature Communications : au moins 200 jours !

    Cette performance a été accomplie par des martinets à ventre blanc (Tachymarptis melba) qui nichent dans les Alpes suisses en été, mais qui passent l'hiver en Afrique de l'Ouest, à plus de 2.000 km de l'Europe. Pour le savoir, six martinets ont été équipés en 2011, avant leur départ en migration, d'un enregistreur de données par Felix Liechti et ses collaborateurs de la Station ornithologique suisse à Sempach.

    Voici l’un des enregistreurs de données qui ont été posés sur un martinet à ventre blanc en Suisse. L’appareil était prévu pour fonctionner pendant 3,2 secondes toutes les 4 minutes, et ce pendant un an. © Station ornithologique suisse

    Voici l’un des enregistreurs de données qui ont été posés sur un martinet à ventre blanc en Suisse. L’appareil était prévu pour fonctionner pendant 3,2 secondes toutes les 4 minutes, et ce pendant un an. © Station ornithologique suisse

    Des martinets qui se reposent en vol plané

    Ces dispositifs électroniques de moins d'un gramme se composent notamment d'un accéléromètreaccéléromètre, afin d'enregistrer l'activité de l’oiseau, et d'un capteurcapteur mesurant l'intensité lumineuse ambiante. Il a été utilisé pour déterminer, au cours du temps, la position géographique des oiseaux grâce aux heures de lever et de coucher du SoleilSoleil. Trois de ces instruments ont été récupérés en Suisse l'année suivante, lors du retour des martinets.

    Leurs données ont alors étonné les chercheurs : les oiseaux ne se sont pas posés durant leur périple subsaharien, même après avoir réalisé les 2.000 premiers kilomètres d'une traite. Selon des estimations, ils auraient parcouru 10.000 km sans jamais toucher le sol. Pourtant, cela ne les a pas empêchés de se nourrir d’insectes et... de se reposer ! En effet, l'orientation de leur corps n'a que faiblement changé durant les nuits. Leur niveau d'activité suggère également qu'ils planaient, et non qu'ils étaient perchés. Auparavant, de tels déplacements ininterrompus avaient uniquement été observés chez des organismes marins.